Photos: Canadiens de Montréal / X – Quand tout sourit au CH…
Ah! Les célèbres fantômes du Forum! C’était l’explication qu’avait trouvée Harry Sinden, directeur général des Bruins, pour expliquer la chance qui semblait toujours favoriser le Canadien quand il affrontait ses Bruins au Forum. C’était les fantômes de Howie Morentz, de Georges Vézina et de tous les anciens Glorieux qui intervenaient pour sauver le CH.
L’expression était tellement forte que lors de la fermeture du Forum, le président Ronald Corey avait demandé qu’on intègre le déménagement des fantômes dans la cérémonie. J’avais réussi à le convaincre que ce serait plus noble et plus émouvant de transmettre le flambeau porté à bout de bras par les joueurs depuis la fondation du club. Et puis de voir Serge Savard avec un drap blanc sur la tête me rendait mal à l’aise. Disons-le de même.
Avant Harry Sinden, on avait eu droit à «la main invisible» de Dick Irvin. L’ancien coach du Canadien tentait d’expliquer comment la chance avait aidé son équipe lors d’un match. Pendant une vingtaine d’années, on a parlé de la main invisible.
Avant, dans le Québec très catholique, c’était l’huile de St-Joseph du frère André qui faisait gagner le Canadien contre les méchants protestants. Y avait toujours quelque chose.
Ouais. Mais depuis juin 1993, les fantômes, la main invisible, l’huile du frère André et même Ginette Reno n’ont pas réussi à faire gagner nos anciens Glorieux.
Jusqu’à tout récemment.
J’en parlais avec Sylvain Le Plan hier matin. Il est d’accord. Ils sont beaux, ils sont fins, ils sont bons… mais tout, absolument tout, tourne en leur faveur. On ne sait pas quoi exactement mais y se passe quelque chose…
Prenez le but de Nick Suzuki contre les Panthers. Reste 12 secondes. Sont pris dans leur zone. Montembeault ne peut pas sortir. Barkov est formidable. Petite hésitation, Lane Hutson reçoit la rondelle à la ligne bleue, il patine. Il lance faiblement.
Normalement, 99 fois sur 100, le gardien arrête la rondelle et le match est fini.
Y a fallu que Reinhart, un attaquant, se mêle de vouloir jouer au goaler, le puck rebondit, Suzuki est là et bingo, le CH en sauve une autre. Les chances étaient à 1% d’être nulles. Mais la main invisible… sans doute. Ou le fantôme de Ti-Guy… allez savoir.
Contre Detroit, 23 tirs au but en première période. Montembeault joue sur la tête. Le Canadien sauve le match. C’est 1-0 après ce déluge de lancers. Faut que ce soit le frère André, la Flanelle gagne…
Avant, c’était contre Philadelphie. Avant, contre Nashville. Il arrive toujours quelque chose pour faire gagner les p’tits gars.
Si c’est pas les fantômes du Forum, si c’est pas la main invisible, si c’est pas le frère André…
Photo: NHL.com – Ivan Demidov
IVAN DEMIDOV… ET LA LIMITE DES MÉDIAS TRADITIONNELS
C’est le site «Dans les coulisses» qui aura fait le meilleur travail dans l’affaire Ivan Demidov. Suivi par BPM Sports qui a offert une entrevue avec le coach du Ska de St-Pétersbourg à ses auditeurs au retour à la maison.
Mais Dans les coulisses a fait ce que les médias comme La Presse, le Journal de Montréal ou Montréal-Matin à une époque, faisaient dans leurs grandes années. Les gars de Dans les coulisses ont été allumés, curieux et vaillants. Ils ont épluché les informations disponibles dans les médias russes et européens et ont annoncé avant tous les autres qu’Ivan Demidov pourrait sans doute venir terminer la saison avec le Canadien.
Certains ont levé le nez sur cette nouvelle. En tournant en ridicule les artisans de ces nouveaux médias. Ce sont les mêmes qu’on a vus à la télévision ou à la radio le lendemain tenter de rattraper l’histoire à grands coups d’explications tarabustées.
La vérité, et je l’ai compris il y a plusieurs années, on ne peut regarder de haut ceux et celles œuvrant en parallèle aux médias traditionnels. Il n’y a pas de structures, il n’y a pas de syndicat en place, les codes déontologiques ne pèsent pas toujours lourd mais la passion se retrouve dans leurs histoires.
Photo: Stanley25 – Max Truman
Max Truman, le patron de Dans les coulisses, a réussi à construire un média qui se retrouve à mi-chemin entre les médias traditionnels et les blogs de fans. Quand Dans les coulisses a sorti l’histoire de Demidov, il y a eu jusqu’à 10 000 personnes en train de lire le texte en même temps. Un record absolu pour le site.
Boxingtown de Laurent Poulin est un site de boxe crédible et bien fait. Seul un passionné comme Poulin peut arriver à produire un média boxe couvrant ce sport avec autant de feu. Ce ne peut pas être l’équivalent de ce que réussissait Mathieu Boulay au Journal quand il se rendait sur place à New York, Vegas, Verona ou ailleurs en travaillant avec une détermination teigneuse mais c’est dix fois mieux que certaines couvertures paresseuses qu’on peut trouver ces temps-ci au Québec.
On fait quoi? On méprise Laurent Poulin ou Manny Montréal? On regarde de haut Noé Cloutier de Punching Grace parce qu’il n’est pas membre de la CSN?
Photo: Vincent Ethier – Laurent Poulin et Samuel Décarie-Drolet
Aux États-Unis, les Tucker Carlson et Joe Rogan de ce monde font des fortunes avec leurs blogs rejoignant des dizaines de millions de personnes. Faut-il les disqualifier parce qu’ils ne sont pas syndiqués? Ou qu’ils ne s’inscrivent pas dans la pensée socialo bien pensante du New York Times?
Je sais qu’il y a de nombreux garde-fous qui tombent dans l’information. Je suis le premier à en être conscient. Une chronique écrite pour La Presse était envoyée à un reviseur puis au chef de pupitre. Le texte était lu, analysé, souvent corrigé et s’il y avait un problème, on me rappelait. Ou un patron au pupitre général me contactait pour discuter de certains points.
À Punching Grace, j’écris la chronique et je l’envoie à Noé Cloutier qui se charge de tout le reste. Les garde-fous sont absents. Disons que je suis encore plus attentif à me relire que je ne l’étais à l’époque. Une erreur est si vite arrivée.
Et ce modeste exemple est le même pour les «journalistes» œuvrant dans les différents sites gravitant autour du Canadien ou de la vie politique.
Pourtant, l’amateur et le citoyen auraient plus besoin que jamais de médias traditionnels, puissants, structurés et libres. C’est cet amateur qui verse 200 millions en revenus au CH dans une année.
Qui va l’informer des vraies affaires? Des liens avec la société québécoise? De la relation avec l’économie locale et canadienne?
De l’influence du Groupe CH sur la vie culturelle?
Une organisation comme le Canadien contrôle son univers télé et radio par des ententes de partenariat. Chantale Machabée dirige une équipe de relationnistes efficaces. Et la Ligue nationale elle-même se paye un vétéran comme Jean-François Chaumont pour raconter ses meilleures histoires.
Vous allez les trouver où, les autres nouvelles, les autres histoires qui n’enrichissent pas l’Organisation et qu’on préfère vous cacher?