Photo: IG / Max Verstappen – Champion en titre du Grand Prix du Canada
Le Grand Prix du Canada est en danger. Personne ne le dit publiquement mais ceux qui savent lire entre les lignes réalisent que «notre» Grand Prix est à un faux pas sérieux de prendre le bord d’une ville mieux nantie.
François-David Rouleau a publié plusieurs articles depuis quelques jours sur la situation du Grand Prix et sur la gouvernance du Parc Jean-Drapeau, la société paramunicipale responsable du circuit Gilles-Villeneuve.
Quand on lit ses textes, c’est déjà intéressant. Quand on connaît les coulisses et l’histoire de la F1 à Montréal, les dépenses de Véronique Doucet, la big boss du Parc et de ses acolytes deviennent encore plus scandaleuses.
Mme Doucet, qui n’est pas capable de faire «patcher» les trous des rues du parc, s’est offert des voyages à Melbourne, à Monza et à Mexico où sont disputées des courses dans des parcs plus ou moins urbains.
Je ne comprends pas trop ce que Mme Doucet a pu apprendre à Monza et à Mexico dans des emplacements qui n’ont rien à voir avec Montréal.

Photo: Véronique Doucet / X
Mettons que Melbourne, je pourrais trouver une excuse. Le Albert Park est situé dans une partie de Melbourne facilement accessible par les résidents. Le tramway qu’on prend à la gare Victoria s’y rend directement.
Mais au lieu de dépenser 15 000$ pour se rendre à Melbourne, Mme Doucet aurait pu consulter ses archives.
Il y a une trentaine d’années, 1993, 1994, quand Melbourne a voulu obtenir la présentation du Grand Prix d’Australie et qu’on a pensé au Albert Park, le maire de Melbourne a appelé Jean Doré à l’hôtel de ville pour lui poser toutes les questions. Transport, sécurité, services. Par téléphone. À l’époque, Normand Legault qui allait devenir deux ou trois ans plus tard promoteur du Grand Prix de Montréal, était dans le bureau du maire Doré.
Voilà qu’en 2024-25, on se tape 30 heures d’avion pour aller s’informer auprès des gens qu’on a soi-même informés à l’origine. Allo Houston, on a un problème.
ET OCTANE-BELL!!!
Si ce n’était que des folies de la société du Parc Jean-Drapeau, j’arriverais à me rassurer. Mais ce qui s’est passé avec la Ville de Montréal en juin 2024 est encore plus inquiétant. Et absolument rien ne dit que la Ville est capable de corriger les gaffeurs qui ont fait honte au Québec à la grandeur de la planète F1.
On va avoir les mêmes trous dans les rues, les mêmes cônes orange, les mêmes KGB qui vont faire la chasse aux terrasses mal ajustées et faire pleurer les filles des propriétaires, et on va avoir la même laideur du centre-ville à offrir aux visiteurs.
Pas besoin d’aller à Melbourne!!!
Cela dit, je discutais avec un leader du monde des affaires ces derniers jours. La conclusion, si le parti de Valérie Plante réussit à s’accaparer de la mairie pour un autre mandat, le Grand Prix va juste dire non merci, on va voir ailleurs.

Photo: Lance Stroll / IG
D’ailleurs, c’est déjà commencé. On a dit «adios» au mois de juin, le mois du début de l’été et des célébrations au Québec pour se faire devancer au mois de mai après le Grand prix de Miami. Le mois des fins humides du printemps pas toujours fleuri.
L’an prochain, le Grand Prix sera présenté le 24 mai, jour des Patriotes au Québec. Pas si pire. Sauf que le 24 mai, ce sera la course des 500 Milles d’Indianapolis. Bonjour la police aux États-Unis.
Et en 27, si je me fie aux informations émanant de Miami, Montréal devra patiner pour se rendre au circuit Gilles-Villeneuve le 11 et 12 mai. Pensez-vous que Montréal va être envahie par les touristes au moment où les lacs calent au Québec?
Et vous voulez savoir ce qui m’inquiète encore plus? La compétence et les dépenses des dirigeants d’Octane, la compagnie de promotion de Bell.
Dans ses plus grosses années. Normand Legault et sa compagnie employaient au plus quinze ou seize personnes. Et ça marchait au quart de tour.
François Dumontier tenait serrée sa bureaucratie.

Photo: Grand Prix du Canada / IG – François Dumontier
Au dernier décompte, Octane employait et payait plus de 40 «spécialistes» à l’année longue. On peut parler de 45 personnes sur la liste de paye.
Et les curieux ont noté la présence d’une quinzaine d’employés d’Octane au Grand Prix de Miami. Pour « s’informer » et sans doute apprendre à organiser un Grand Prix supérieur à celui catastrophique de 2024.
Avez-vous une idée des coûts et des frais? Que vos impôts payent en partie via les subventions des gouvernements fédéral, provincial et paramunicipal.
J’aime passionnément la formule Un. J’ai couvert le grand cirque tout autour de la boule pendant sept ou huit ans. Melbourne, Sao Paulo, Buenos Aires, Kuala Lumpur, Monaco, nommez-les, j’y étais. Et Montréal était toujours mieux que n’importe lequel de ces Grands Prix.
J’aime encore… mais je n’aime pas ce que j’apprends.
GROUPE TVA: L’ACTION À 45 CENNES!
Ne vous demandez pas si j’aime la télévision francophone au pays. Encore plus que la F1. J’y ai contribué Lance et Compte, Scoop, Casino, Miséricorde, le Masque, les Jeunes Loups et d’autres séries.
On avait de l’argent, d’excellents producteurs et réalisateurs et des diffuseurs audacieux. On aurait pu en remontrer à de nombreux pays dans le monde. On savait produire qualité et quantité à des coûts raisonnables.
Ce n’est plus le cas. Ou du moins, les artisans doivent faire des miracles pour raconter leurs histoires et se battre contre Casa del Papel, Yellowstone, Tulsa King et autres séries géantes de Netflix, Amazon ou Disney et compagnie.
Et tous les jeunes de moins de 30 ans sont de plus en plus difficiles à convaincre qu’il suffit d’une couple de prises de vue d’un drone pour faire de la grande télé.

Photo: Noé Cloutier – Erik Bazinyan, Jean-Charles Lajoie et Steven Butler dans les nouveaux studios de TVA sur rue Frontenac…
Ça va empirer. Québecor a payé 115 millions pour les studios Mels. Les studios ont été fourgués dans Groupe TVA avec TVA, LCN, TVA Sports, tous les canaux spécialisés, Sept-Jours et les magazines. Et une partie de l’immobilier.
Savez-vous à quel prix se transigeait l’action de Groupe TVA hier matin? 45 cents.
Vous avez bien lu, 45 cents. Toutes les actions offertes au public de Groupe TVA réunies donnent une valeur d’environ 20 millions. Il faut évidemment ajouter à cette somme les actions détenues par Québecor qui contrôle Groupe TVA.
En fait, la valeur comptable de l’entreprise vaut beaucoup plus que la valeur boursière. Le signal est extrêmement fort. Les investisseurs n’ont absolument plus confiance dans ces médias traditionnels.
La conclusion? Les grandes entreprises internationales de streaming, les DAZN, Netflix, Amazon, Disney, Apple TV, Paramount, Peacock et les autres passent la gratte. Ne reste plus que des grenailles pour les médias traditionnels.
Tant que vos impôts vont engraisser Radio-Canada, on va survivre culturellement.
Mais pour le reste, je suis très inquiet.
