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Les Blue Jays et les Expos: Le jour de la marmotte

Réjean Tremblay - Punching Grace

Le jour de la marmotte a échappé à mon excellent confrère Alexandre Pratt, le meilleur chroniqueur de baseball au Québec.

Je lisais sa chronique hier et je me disais qu’il avait passé la gratte pour reprendre une expression du métier.

C’était jusqu’au texto qu’Alain Gravel m’a fait parvenir dans la journée. Alain Gravel est vice-président chez Piscines Trevi, immense amateur de boxe et de sport et un comédien bénévole capable de prendre tous les accents latins.

Alain Gravel avait 17 ans quand les Expos ont vécu le martyre du Blue Monday. Sa peine qu’il a vécue à l’époque lui a permis de partager l’immense peine que les fans des Blue Jays à travers le pays ont pu ressentir. Il est allé plus loin dans l’exercice:

À Montréal:

Les Expos : le 19 octobre 1981. Au Stade olympique.

Match décisif contre les Dodgers de Los Angeles.

Première moitié de la 9e manche.

Score 1-1

Retraits: 2 retraits.

Photo: CBHOF – Steve Rogers

Le lanceur: Steve Rogers, lanceur partant. Moustachu. Amené en relève.

Résultat: circuit en solo de Rick Monday. Numéro 16. L’équipe canadienne éliminée. Tous les cœurs des fans brisés.

Photos: Sportspaper – Les Dodgers de 1981

Et à Toronto:

Les Blue Jays: 2 novembre 2025 au Centre Rogers.

Match décisif contre les Dodgers de Los Angeles.

Première moitié de la 11e manche.

Score 4-4

Retraits: deux retraits.

Lanceur : Shane Bieber, un lanceur partant. Moustachu. Amené en relève.

Photo: MLB – Shane Bieber

Résultat: circuit en solo de Will Smith. Le numéro 16. L’équipe canadienne est encore éliminée. Tous les cœurs des fans sont encore brisés.

C’est fou comment l’histoire peut se répéter. Et surtout, c’est fou comment la peine d’un jeune Québécois de 17 ans peut être semblable à la peine d’un jeune Ontarien de 17 ans. C’est la plus belle folie du sport. La joie quand on gagne et cette grosse peine quand on perd.

Allez en Russie, au Japon, aux Indes, aux États-Unis, en Argentine, au Brésil ou à Toronto et Falardeau, ce sont des émotions universelles.

Photo: Yahoo Sports – Les Blues Jays de 2025

LE JAPON AU SECOURS DES DODGERS

Le sport permet des rédemptions. Ici à Montréal, nos gouvernements font de grandes déclarations à propos de la Russie et tentent de transformer ces Russes qu’on adore battre au hockey en des ennemis.

Samedi, 21,000 personnes ont applaudi follement Ivan Demidov quand il a marqué un super but préparé par le Canadien Matheson et l’Américain Hutson.

Et vous voulez savoir, ce sont les 21 000 spectateurs qui ont raison.

À Los Angeles, je suis allé lire le LA Times, c’est la folie Dodgers. Et vous savez qui sont les deux grands héros? Shohei Ohtani et Yoshinobu Yamamoto. C’est sur la tête de leurs ancêtres que les Américains ont fait tomber les deux seules bombes atomiques larguées sur une population depuis la création de l’humanité.

Photo: Yahoo Sports – Yoshinobu Yamamoto et Shohei Ohtani

En vous voulez encore savoir? Ce sont les fans des Dodgers qui ont raison de les applaudir.

J’étais au cours classique, probablement en syntaxe, quand j’ai vu Lew Burdette gagner trois matchs contre les Yankees de New York dans la série mondiale de 1957. Curieusement, j’avais attrapé un vilain rhume qui avait duré toute la série mondiale qui était jouée en après-midi à l’époque.

Puis, j’ai revu le bouillant Bob Gibson gagner trois fois contre les Red Sox de Boston. J’ai manqué les trois victoires de Mickey Lolich parce que je devais être sur la route quelque part.

Mais dans le baseball hyperspécialisé d’aujourd’hui avec l’Intelligence artificielle qui dirige les équipes avec les statistiques avancées, c’est presque un miracle d’avoir vu Yamamoto gagner trois matchs. J’y reviendrai l’an prochain pendant la prochaine série mondiale.

Photo: Geoff Molson et Cole Caufield

LE CH: FAUT-IL S’INQUIÉTER POUR LES SÉRIES?

Les lecteurs de Punching Grace savent depuis la veille du premier match que le Canadien va être mortel en prolongation à 3 contre 3. Et que l’espace créé lors d’un avantage numérique va servir le grand talent et la vitesse des p’tits gars de chez-nous. D’ailleurs, depuis le 25 octobre, entrée de Demidov sur la première unité d’attaque, l’avantage numérique du Canadien atteint un incroyable 64, 5% d’efficacité.

Sylvain Le Plan a sans doute prophétisé sous hypnose ce qui se passerait puisque les P’tits Gars ont gagné cinq fois en prolongation. Du jamais vu. Même que Le Plan avait dit que le CH n’était pas obligé de gagner en temps régulier, qu’il finirait le travail en prolongation tellement ils seraient dominants.

Le corollaire des propos de La Plan peut cependant susciter des inquiétudes. Même si je sais que le CH n’est pas encore confirmé en séries éliminatoires, il va se passer quoi pendant les séries? Il n’y a plus de 3 contre 3. Vont-ils savoir gagner à armes égales puisque les pénalités sont beaucoup plus rares en séries?

Photo: Archives Punching Grace – Le Plan

Cette fois, c’est le porte-parole qui a pris position: «C’est vrai, le Canadien gagne en prolongation. Mais le succès est beaucoup lié au momentum de l’équipe qui ne lâche jamais et qui souvent revient de l’arrière pour atteindre la prolongation. Oui, il y a le talent et la vitesse mais il y a aussi cette combativité qui permet à l’équipe de revenir. Et dans les séries, même si les arbitres rangent leur sifflet, la vitesse et la vivacité du Canadien va lui procurer plus d’avantages numériques dans un match. Les jeunes vont savoir en profiter», de dire le porte-parole.

C’est un bon point. Mais en attendant, Le Plan domine ses rivaux spécialistes en hockey. Il a vu la plus-value de la vitesse et du talent brut en prolongation. Il s’est prononcé. Personne d’autre ne l’a fait.

Vae victis!

PIERRE DUFAULT VA POUVOIR DIRIGER LE PARADIS

Mon confrère Pierre Dufault est décédé. Il avait 90 ans. C’était un homme intense et énergique. Pas toujours facile à vivre. Comme c’était un travailleur acharné et un homme de grande culture, il donnait parfois l’impression d’étaler beaucoup sa confiture. Et d’avoir de la difficulté à endurer ceux qui travaillaient moins que lui.

Autrement dit, à Radio-Canada, à peu près tout le monde.

Il a été la tête de Turc des Flashes à La Presse où on le trouvait insupportable.

Mais c’était sans doute le professionnel par excellence dans le métier. Et personne ne peut lui enlever son mérite.

Photo: BANQ – Pierre Dufault

En plus, grâce à son école des médias Pierre Dufault, une grande proportion des annonceurs et commentateurs du Québec ont été des diplômés de son école. Disons qu’ils avaient appris à travailler dur.

À Luce, sa nièce et à ses proches, mes sympathies. Perso, je l’aimais beaucoup. Surtout que je n’ai jamais eu à travailler pour ou contre lui. Ça aide dans la vie.