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132 millions au CH pour une minute d’entrevue!

Réjean Tremblay - Punching Grace

Photo: Canadiens de Montréal / IG

On s’amuse beaucoup avec les experts et les passionnés du CH et de la Ligue nationale. La semaine précédant la date limite des transactions est fertile en folies écrites sérieusement et en niaiseries écrites pompeusement.

Alors qu’on ne sait rien.

Deux exemples frappants vont vous faire mieux comprendre.

Hier, je me suis tapé un exercice fastidieux. J’ai lu le clavardage de Mathias Brunet qui répondait à des fans… et fefans. Des dizaines de questions. Toutes portant sur d’imaginaires transactions et toutes fondées sur les années de contrat et le salaire.

J’adore Mathias et il le sait. Si je dis que c’était fastidieux c’est que Mathias est le premier à savoir que les questions n’avaient rien à voir avec la réalité. La réalité, c’est qui sont ces hommes dont on parle comme s’ils étaient des bazous le marché d’Albi le Géant et dont on ne connaît rien?

Toujours hier, j’ai relu une réponse de Dany Dubé rapportée par Hockey 30. Kent Hughes a offert un contrat de quatre ans à Jake Evans pour apaiser son vestiaire. Tellement que les joueurs se sont offerts du champagne pendant le vol vers Edmonton pour célébrer cette signature.

C’est ce que j’ai lu de plus intéressant et de plus concret sur cette transaction.

Photo: Canadiens de Montréal / IG

VOUS NE CONNAISSEZ PAS LES JOUEURS DU CH

Vous ne savez rien du Canadien. Vous ne savez rien parce que les journalistes ne savent rien eux non plus.

Il y a peut-être trois ou quatre membres des médias qui savent un peu. Ceux qui voyagent avec l’équipe, qui fréquentent les joueurs dans les aéroports et qui passent des heures en leur compagnie dans les avions même si la vieille tradition d’aller s’asseoir avec un Guy Lafleur ou un Patrice Brisebois pendant un vol est périmée depuis longtemps.

Autrement dit, Dany Dubé, Martin McGuire, Pierre Houde et Marc Danis. Malheureusement, la structure de leurs contrats en fait en quelque sorte des employés soumis à des règles de discrétion imposées par l’Organisation.

J’ignorais que Jake Evans était aussi populaire dans le vestiaire. Qu’il avait plusieurs amis dans le groupe. Je l’ignorais parce que personne ne me l’apprend. Dany Dubé s’est échappé et en a parlé. Il va sans doute se faire taper sur les doigts.

Photo: Jake Evans / IG

Il se fait beaucoup de flaflas autour du CH. Mais l’Organisation contrôle tout. Même les détenteurs de droits doivent obéir au doigt et à l’œil à Chantale Maccabée et aux patrons du Canadien.

RDS paye 60 millions $ par année et TVA Sports 72 millions pour se faire dicter leur conduite. RDS et TVS Sports, même avec un dollar canadien qui plante, payent à eux deux la masse salariale du Canadien. Relisez à voix haute. Ça veut dire que la vente des billets, des commandites, de la guenille, des souvenirs et des autres droits à la radio, font rouler le reste et se retrouvent dans les succulents profits qui font tant plaisir à Oncle Geoff.

Tout ça pour que Renaud Lavoie pose une question à un joueur pendant un entracte. En plus, les deux, Renaud et le joueur, ont l’air totons. Et ce n’est pas de leur faute. Y a personne, absolument personne, qui peut poser une question intelligente dans semblable situation.

Photo: Renaud Lavoie / IG

CONNAÎTRE LE CŒUR ET L’ÂME

Pour comprendre une transaction, il faut connaître les hommes qui sont échangés. Sinon, on analyse des années de contrat…

Quelques exemples me viennent en tête. À cause de mes années derrière la cravate que je ne porte plus, j’ai vécu des transactions qui ont ébranlé le hockey.

Je n’ai rien oublié du passage de Phil Esposito et de Carol Vadnais des Bruins de Boston aux Rangers de New York pour Brad Park et Jean Ratelle. Esposito était un vrai Bruins. Jean Ratelle était un Rangers. Les deux n’ont jamais vraiment été les mêmes par la suite. On le savait parce qu’on les connaissait. Qu’on se parlait.

Et trente ans plus tard, quand je mangeais un spagatt avec Vadnais à La Cantina avant que la mafia ne fasse brûler le resto avec un cocktail Molotov, il ne me parlait jamais des Rangers. Sa vie, c’était Bobby Orr, Wayne Cashman et Don Cherry.

Quand Mario Tremblay et Réjean Houle ont envoyé Patrick Roy et Mike Keane au Colorado pour Jocelyn Thibault et Martin Rucinsky, j’ai suivi heure par heure cette histoire plus grosse que le sport. J’ai vu Daniel Lamarre, président de National, et Paul Wilson manœuvrer dans les coulisses pour amortir le choc.

Mais Jocelyn Thibault aurait eu 12 blanchissages dans le reste de la saison qu’il n’aurait pas eu l’influence incroyable de Casseau dans le vestiaire. C’est ce que les vrais journalistes savaient à l’époque. Ce n’était pas un gardien pour un gardien. C’était un tueur à gages contre un bon gars. Et pour gagner une Coupe Stanley, ça te prend une couple de gars avec des mentalités de tueur à gages.

LES ORGANIGRAMMES DU PSYCHIATRE YVES QUENNEVILLE

La couverture journalistique était tellement profonde que mon ami le psychiatre Yves Quenneville, le frère de Claude Quenneville, le célèbre commentateur de Radio-Canada, avait préparé un socio-organigramme de l’équipe du Canadien.

On était au Lion d’Or, rue Ontario. Il avait sorti sa grande feuille et l’avait posée sur la table. Le doc Quenneville avait enregistré plusieurs matchs du Canadien en plus de lire religieusement les journaux.

C’était incroyable. Avec des cercles et des flèches à deux sens ou à sens unique, il avait décortiqué les relations interpersonnelles entre les joueurs.

Je me rappelle que la flèche entre Doug Risebrough et Mario Tremblay était à sens unique. J’avais passé la remarque à Quenneville.

«Tu observeras attentivement. Dans une échauffourée, Mario se porte toujours à la défense de Risebrough. Jamais le contraire.»

Il avait raison. Risebrough a fini directeur général du Wild du Minnesota et très riche dans la Ligue nationale. Même que Mario est allé travailler pour lui comme assistant de Jacques Lemaire au Minnesota.

Mais la flèche allait bel et bien dans un sens.

Si vous connaissez un bon psychiatre, faites-vous donc faire le socio-organigramme de vos Chouchous…

Et retournez lire vos journalistes favoris.

Vous ne serez pas capable de tracer une flèche à double-sens…

Photo: Fox Sports

DANA WHITE TENTE DE METTRE LA MAIN SUR LA BOXE

Si vous n’aimez plus Wayne Gretzky, alors vous n’aimez plus Dana White. Le big boss de l’UFC est un ami proche de Donald Trump.

Dans un autre univers, Dana White a conclu une entente incroyable hier avec Turki Alalshikh, Sela and TKO Group Holdings, Inc.

Turki, c’est le promoteur de l’Arabie Saoudite qui a organisé les plus grands combats du siècle comme celui de Beterbiev-Bivol, Sela, c’est le groupe financier arabe qui crache les milliards pour faire arriver les combats et TKO, c’est l’UFC et la WWE dirigés par Dana White.

Ça fait des années que Dana White rêve d’organiser la boxe sur le modèle de l’UFC. Autrement dit de mettre les boxeurs talentueux à sa botte et de les sous-payer.

Avant lui, Al Haymon a tenté le même coup en fondant PBC dont Yvon Michel était un bénéficiaire. Avec les résultats qu’on connaît.

Les milliards arabes et l’incroyable expertise en marketing de la WWE et de l’UFC vont avoir le même effet sur l’industrie de la boxe que la prise de possession de la Maison-Blanche par Trump. Rien ne va tenir, tous seront menacés.

À commencer par les quatre grandes fédérations de boxe qui gèrent «politiquement» la boxe professionnelle. WBC, WBA, WBO et IBF.

Déjà, White a été clair: «Pas besoin de trois initiales sur une ceinture pour savoir qu’on a un champion du monde. Un vrai», a-t-il déclaré hier.

Le fin fond de l’histoire est facile à deviner et à comprendre.

Protégés par le Muhammad Ali Act aux États-Unis et par la concurrence féroce que se livrent les grands promoteurs, les boxeurs se partagent 70% des revenus des grands combats.

Les champions de l’UFC, dont Georges St-Pierre à son époque, se divisent à peine plu de 10% de la cagnotte.

On va suivre la suite… mais ça va brasser.

Photo: Georges St-Pierre / X