J’ai pris un peu de temps avant de regarder F1, le grand succès de l’été avec Brad Pitt. C’est une mauvaise critique de Philippe Lagüe, mon vieux camarade de chars, qui m’a refroidi.
En même temps, je me disais que si Lagüe n’avait pas aimé, lui le puriste absolu en F1, le film devait être très agréable à regarder pour le grand public. Et puis des recettes maison de 400 millions $ en quelques semaines, ça ne peut pas toujours mentir.
Pendant que j’allais au Nascar, Zach a regardé F1. Il connaît le surnom du quatrième boulon sur l’aileron de la Mercedes, c’est vous dire. Il a eu beaucoup de plaisir.
Donc vendredi avec Lady Ju, on s’est offert F1. Lagüe a raison. Mais il a aussi tort. Il a raison parce que le scénario racontant un conflit de génération, la vieille garde contre la nouvelle garde numérique, le vieux pilote et ses valeurs traditionnelles de liberté, en fait tout ce que joue Brad Pitt, on l’a déjà vu. Et la fin dans un dune bogey sur les plages de la Californie, je l’aurais écrite avant de commencer la première scène du film.
Photo: SportsPro – Brad Pitt
Mais j’ai aimé F1 parce que Joseph Kosinski, le réalisateur, a le savoir-faire. Il a tourné Maverick, la suite de Tom Gun, et il a l’expertise de nous coller au fauteuil avec sa caméra. Dans F1, les prises de vue sont époustouflantes. Et moi qui ai couvert la Formule 1 des années Schumacher, j’ai adoré les images montrant le travail fou accompli par les ordinateurs en soufflerie ou en ingénierie. C’était complètement nouveau pour moi.
F1 est donc un film de sports à ajouter à ma longue liste de favoris.
Les films de sports laissent souvent des souvenirs impérissables dans les mémoires collectives. Le « Adrian » que hurle Rocky à la fin du premier Rocky demeure bouleversant cinquante ans plus tard.
Photo: IMDb – Sylvester Stallone
Il y a toujours des moments qui nous font partager la quête du héros dans les films de sports. Ce sont les camps d’entraînement. C’est un passage initiatique dans ces films. C’est là que le héros souffre avant d’avoir une chance de gagner. Stallone dans les rues de Philadelphie ou revenant à la souffrance avant d’affronter Mister T. Les douleurs de Mickey Ward dans The Fighter, ce film touchant racontant la vie de Mickey Ward…celui qui s’est battu trois fois contre Arturo Gatti.
Ou Ali s’entrainant avant de monter dans le ring au Zaïre contre le monstre qu’était à l’époque George Foreman.
Le porte-parole et recherchiste de Punching Grace racontait hier qu’il a vu 20 fois, peut-être, the Champ et qu’il a pleuré les vingt fois. Jon Voight, le père d’Angelina Jolie, joue le rôle d’un ancien boxeur alcoolique. Son fils de 8 ans l’appelle toujours Champ, comme pour montrer l’homme qu’il était et non celui qu’il est devenu. La mère, Faye Dunaway, veut revoir son fils. Voight reprend l’entrainement…et évidemment que ça ne finit pas très bien. Mais c’est très émouvant. Le petit Ricky est un acteur formidable.
Photo: IMDb – Ricky Schroder et Jon Voight
Encore là, le sport sert de rédemption.
J’ai capoté sur Moneyball avec Brad Pitt. Réalisez-vous que le plus excitant du film, c’est de voir Brad Pitt assis dans un petit bureau et jonglant avec des statistiques. Mais les fans et fefans du Canadien font ça à longueur d’année de nos jours. Ils jonglent avec les espoirs et les recrues et la masse salariale du CH. Ils sont les acteurs d’un Moneyball CH.
Cet été, j’ai revu Coach Carter. Avec Samuel L. Jackson. C’est tellement bon de le regarder envoyer suer l’élite de la petite ville pour imposer une discipline formatrice à sa bande de petits bums…
Photo: Netflix – Samuel L. Jackson
Et vous vous rappelez de Kurt Russel jouant Herb Brooks dans Miracle on Ice, le film racontant la victoire de Team USA contre la toute puissante équipe de l’Union Soviétique. Avec Tretiak, Fetisov, Larionov, Krutov…
Autre point commun des films de sports, le coach. Dans la vraie vie, on est souvent dirigé par des môrons carabinés. Faut faire avec. Dans les films de sports, il y a toujours un coach capable d’inspirer et de transformer des perdants chroniques en gagneurs. Rappelez-vous de Al Pacino dans Any Given Sunday. Guillaume Latendresse faisait jouer son speech dans ses écouteurs avant de sauter sur la patinoire à ses débuts avec le Canadien.
Les films de boxe trônent souvent dans la liste des favoris, parce que la boxe ne permet pas la tricherie. Si tu prends un coup la veille d’un combat, t’as pas d’ailier gaucher ou de plaqueur de droite pour te sauver le cul. Tu manges la volée.
Photo: Boxing Scene – Marc Ramsay
N’importe lequel film de boxe tourné au Québec devrait avoir un Marc Ramsay dans les personnages principaux. Ou un Mike Moffa, torturé et trop sensible. Le coach est le personnage qui montre le calvaire à gravir.
Le producteur Jean-Marc St-Pierre qui fut dans une autre vie d’avant How It’s Made, l’agent de Myriam Bédard et de Jean-Luc Brassard entre autres, adore Jerry Maguire avec Tom Cruise. Il raconte:
«J’étais dans un avion en direction de Tokyo au Japon avec Jean-Luc Brassard pour négocier une grosse commandite, quand j’ai vu Jerry Maguire la toute première fois. À la fin du film, Jean-Luc m’a lancé: «Jerry Maguire, c’est toi».
Photo: Tristar Pictures – Cuba Gooding Jr et Tom Cruise
Jean-Luc se trompait une autre fois. Jean-Marc St-Pierre est bien plus beau que Tom Cruise!
Le sport permet également une écriture complexe capable de supporter 13 ou 20 épisodes d’une série dramatique. Il y a le héros, ses difficultés, son calvaire à l’entraînement, le coach capable d’inspirer, les games d’argent et de pouvoir, l’attraction des athlètes sur les femmes ou vice-versa…
Il y a une dizaine de jours, la course de Nascar était terminée et je retournais à l’auto pour quitter la piste de Mirabel. Ils sont arrivés une douzaine de gars et de filles, de 20 à 50 ans. Ils m’ont entouré et se sont mis à déclamer à pleins poumons des répliques de Lance et Compte…
Photo: Archives Punching Grace – ICAR Mirabel
«Comme ça, y a qui pensent que je suis un trou de cul, un plein de marde…que je connais pas ça le hockey…»
C’était surréaliste. Dans le paddock d’une track de Nascar, le samedi soir en train de clamer des extraits du speech de Jacques Mercier…
Et Lance et Compte, ça fera 40 ans le 2 septembre 2026. Dans un an et un jour !
Pas besoin de médaille, juste le monde ordinaire… Et vous, c’est quoi vos trois films de sports ?