Photo: Canadien de Montréal – Geoff Molson
On vient de vivre deux mois passionnants. Tout a basculé avec la Coupe des 4 Nations qui a propulsé le hockey dans la vie politique du Canada et des États-Unis et déclenché une guerre des hymnes nationaux.
Rappelez-vous comment vous vous sentiez forts et braves en huant le Star-Splangled Banner dans les patinoires canadiennes.
Puis une fois les Américains battus, on est revenu à la normale. Y avait plus que le CH qui comptait.
Vous vous rappelez comment on a fait les séries par la peau des fesses? En volant entre autres un point avec douze secondes à jouer contre les Panthers alors que la rondelle était coincée dans la zone du Canadien?
Mais, ils l’ont fait. Et ils n’ont pas fait honte à personne dans la série contre les Capitals de Washington. Même que de les voir se faire ramasser et démolir pendant cinq matchs et de les voir se relever pour prendre de nouveaux coups les a rendus encore plus sympathiques et admirables.
PAS DE GARANTIE DE SUCCÈS
Cela dit, rien ne garantit que le Canadien va participer aux séries la saison prochaine. Parce que les matchs contre Washington et même ceux des deux dernières semaines de la saison régulière ont montré les lacunes de l’équipe.
C’est aussi dans les vrais matchs que les erreurs d’un passé récent ont fait mal.
Lane Hutson est une trouvaille miraculeuse. Il a une vision géniale du jeu en attaque. C’est un vrai quart-arrière. Mais le Canadien ne peut se permettre d’avoir un défenseur qui laisse systématiquement passer son attaquant dans le coin de son territoire. Et en fait, le défenseur qui a cruellement manqué au CH n’a que 25 ans.
C’est Alexander Romanov, devenu un pilier des Islanders de New York. Il joue dur, il est juste ce qu’il faut arrogant et il aurait apporté au Canadien ce piment de robustesse et de chien qui manque à cette défense.
Photo: Islanders de New York / IG – Alexander Romanov
Romanov est troisième dans la ligue pour les tirs bloqués, devant David Savard et 13ème pour les mises en échec…trois rangs derrière Arber Xhekaj.
Kent Hughes et Jeff Gorton étaient convaincus que Kirby Dach serait ce solide et talentueux joueur de centre grand et gros dont tout le monde rêve dans la Ligue nationale. Tout indique qu’ils se sont trompés.
DES OBSTACLES ÉNORMES POUR HUGHES ET GORTON
Le Canadien va avoir les choix 16 et 17 de la première ronde au prochain repêchage. Les chances d’obtenir deux bons prospects sont réelles. Mais c’est vrai aussi que les chances de mettre la main sur le dernier grand talent dont le CH va avoir tant besoin s’est évaporée en participant aux séries.
Des miracles comme Lane Hutson, ça n’arrive pas à tous les ans.
On l’a vu, l’équipe actuelle du Canadien n’a pas ce qu’il faut pour atteindre le statut d’une puissance de la ligue. Les moyens pour y arriver sont compliqués.
Toute transaction, à moins de répéter le hold-up de Nick Suzuki, entraine la perte d’un actif pour en acquérir un autre. Et on le sait, la seule chance de convaincre un vrai bon joueur autonome de venir à Montréal, c’est qu’il soit célibataire. Toutes les conjointes vont préférer la Floride, le Taxas, l’Oklahoma ou la Californie à Planteville et ses rues défoncées. Et tant qu’à venir au Canada, c’est Toronto et Vancouver qui vont passer en premier.
Photo: NHL.com – Sidney Crosby et Mario Lemieux
Certains rêvent à Sidney Crosby. On a travaillé fort pour permettre à Suzuki de se développer et de devenir un capitaine digne de ce nom. Avec Crosby dans l’avion ou l’autobus, où donc va s’assoir le légendaire Sid? Qui sera de facto le capitaine de cette «jeune» équipe? Et on va faire quoi avec la structure de salaire disciplinée imposée par Kent Hughes et Jeff Gorton?
Crosby et Suzuki sont des gentlemen. Ils laisseront la place à l’autre. Mais en dedans, comment ça va se vivre?
L’été va être difficile pour les dirigeants du CH. Les défis sont énormes. Bien plus grands que les fans et Jamieson ne l’imaginent.
Geoff Molson est obligé de dire au tournoi de golf de septembre que le Canadien vise les séries. Mais dans le fond, il va penser… «mix» en disant «séries».
UN GROS MERCI À MARC BERGEVIN
Le Canadien est en vacances. Tout le monde a félicité tout le monde. Il faudrait également avoir une bonne pensée pour Marc Bergevin.
Bergevin a été congédié après avoir atteint la finale pour la Coupe Stanley pour des raisons autant personnelles que professionnelles.
Il a laissé un bon noyau à ses successeurs.
À l’avant, Cole Caufield, Nick Suzuki, Kirby Dach (obtenu pour Alexander Romanov repêché par Bergevin), Jake Evans, Brandon Gallagher, Joël Armia, Josh Anderson, Christian Dvorak et j’en oublie peut-être sont des hommes de l’ère Bergevin.
Photo: TSN – Marc Bergevin et Geoff Molson
À la défense, Kaiden Guhle, David Savard et Arber Xhekaj sont des joueurs de Bergevin. Dans le but, Samuel Montembeault est un cadeau du fougueux Marc.
Vous remarquerez d’ailleurs, que les joueurs plus élégants, raffinés et peut-être plus beaux à voir jouer, sont des hommes de Hughes et Gorton. Hutson, Demidov, Matheson, Slafkovsky. Les rugueux viennent de l’ère Bergevin.
Patrick Laine, lui, est un don des extraterrestres.
JOE LOUIS CHEZ DUPUIS ET FRÈRES
C’est Laurent Poulin qui a déniché cette histoire magnifique. En 1952, les travailleurs du grand magasin Dupuis et Frères, rue St-Hubert, déclenchèrent une grève le 1er mai.
Les propriétaires ont voulu remplir leurs poches en vendant comme d’habitude à leur clientèle canadienne-française.
Ils firent venir Joe Louis rencontrer les clients au magasin.
Quand Joe Louis est arrivé et qu’il a vu les pancartes des travailleurs, il a refusé d’entrer et de traverser les lignes de piquetage. Même qu’il est resté avec les humbles. Ça contribué à la création du jour des travailleurs le 1 er mai.
Mais Laurent qui est bien jeune m’a demandé comment un champion du monde aussi légendaire que Joe Louis pouvait accepter de rencontrer des clients chez Dupuis et Frères.
La réponse est simple. Parce qu’il était fauché. Parce que ses promoteurs l’avaient honteusement exploité comme ça se passait dans le temps et que ce sont les syndicats qui ont permis aux athlètes professionnels de s’enrichir en pratiquant leur sport.
Pourquoi tu penses que Muhammad Ali est allé prononcer une conférence à Rouyn-Noranda en 1984?
Photo: Gracieuseté – Muhammad Ali et Roland Mailhot de CKAC à la Baie James (1984)