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Jean Pascal s’incline, mais sa légende demeure intacte

Laurent Poulin - Boxingtown Québec

Photos: Vincent Ethier – Jean Pascal

Samedi soir, dans un combat qui était perdu d’avance contre le Polonais Michal Cieslak, qui était plus fort, plus rapide, plus grand, plus jeune, Jean Pascal s’est incliné au 4e alors que son coin a eu la bonne idée d’abandonner avant que le courage de Jean Pascal le mette en danger.

Même dans son combat de trop, il nous aura permis de connaître la relève en Facson Perrine, John Mahoro et Brandon Poulard, qu’on doit maintenant suivre attentivement.

Son discours d’après-match ressemblait à ses adieux, ce texte ne portera pas sur la défaite, mais l’ensemble de son œuvre.

Championnat du monde

Le 6 décembre 2008, il a participé à un des meilleurs combats sur la scène internationale face à Carl Froch, une bagarre de tous les moyens : le courage, les explosions et quel menton.

Jean Pascal a vaincu à deux reprises Adrian Diaconnu. Le deuxième combat fait partie de l’histoire de la boxe québécoise. Trois fois (vous avez bien lu), son entraîneur lui a remis l’épaule dans son « socket », comme on dit en bon québécois. Des scores de 117-111, 117–111 et 118-110 contre le Requin Diaconu, et ce, avec une seule épaule. On confirmait la légende.

Sa plus grande performance

C’est Jean Pascal qui a rédigé la méthode «Comment battre un gaucher styliste». Jean a explosé dès le début du combat, gardant Chad Dawson sur la défensive. Il l’a brassé, frappé et géré son combat de manière parfaite pour l’emporter aux juges.

Je rappelle que Chad Dawson était considéré comme le 6e meilleur boxeur au monde avant le combat.

Le vendeur de billets

Jean Pascal a rempli les arénas lors de ses deux combats face à Bernard Hopkins avec des chiffres qu’on ne peut que rêver d’atteindre de nos jours. Il a même choisi d’affronter Lucian Bute pour passer à l’histoire au lieu d’offrir une revanche à Chad Dawson. Ce sacrifice finira par ouvrir la porte à Adonis Stevenson. Encore un beau geste pour la boxe québécoise.

Jean Pascal n’a jamais refusé un défi, et c’est ce qu’on se souviendra de lui au final : ça et son menton. À une époque de contrats de télé, d’egos entre promoteurs, il a fait face à Carl Froch, Adrian Diaconnu x2, Chad Dawson, Bernard Hopkins x2, Lucian Bute, Sergey Kovalev x2, Eleider Alvarez, Dimitri Bivol, Badou Jack et Michal Cieslak. On ne reverra jamais ça.

Les conférences de presse

– La dent de requin face à Adrian Diaconnu

– Le spaghetti au sang face à Sylvio Branco

– Le costume une pièce et le X sur la bouche contre Lucian Bute

– «Take the test Bernard» face à Hopkins

– Lancer des bananes sur John David Jackson avant de faire face à Sergey Kovalev

Des voleurs ont même déjà pris pour 100 000$ de stock chez lui alors qu’il était dans le ring face à Michael Eifert. C’était aussi ça, Jean Pascal : il savait faire parler de lui. Il a souvent été accusé à tort par la justice québécoise.

Jean Pascal n’a jamais été un boxeur parfait. Il a été mieux que ça. Il a été humain, spectaculaire, imprévisible, vibrant. Il est arrivé dans notre paysage comme un coup de tonnerre, et il repart sur la pointe des gants, sans jamais avoir été dompté.

Il aura tout fait : remplir des arénas, voler des soirées, défier les meilleurs, tomber, se relever, briller à nouveau, puis chuter avec panache. Il n’a jamais été l’enfant modèle, mais il a toujours été le combattant qu’on voulait voir.

Jean Pascal, c’est un chapitre entier de la boxe québécoise. Une époque. Un nom qui résonnera encore dans dix, vingt, trente ans, quand on parlera des vrais.

Merci, Jean Pascal

Dans le podcast

La soirée de samedi soir ne passera pas à l’histoire pour New Era Promotion, mais elle avait son utilité. On a découvert John Mahoro, Facson Perrine et Brandon Poulard, tout en permettant à Patrice Volny de demeurer actif. Maintenant, reste à Yan Pellerin de se trouver un boxeur pour ses grandes finales et devenir promoteur à temps plein.

Photo: Noé Cloutier – Jacob Blais

Le meilleur ami de Wilkens Mathieu, Jacob Blais, s’est incliné par décision majoritaire à ses débuts professionnels face à Stephane Barthelemy. Le boxeur de La Plaine peut quand même garder la tête haute. Il a pris le risque de passer pro comme boxeur indépendant, face à un gars plus gros et plus âgé que lui. Ceci n’est pas une comparaison, seulement un fait historique, mais Bernard Hopkins, a jadis aussi perdu ses débuts pros par décision majoritaire, face à un boxeur plus gros et plus âgé que lui… la suite est au Temple de la Renomée.

J’ai croisé bon nombre de boxeurs à cette soirée de Laval: Jordan Balmir, Jean-Michel Bolivar et même Francis Lafrenière étaient tous à un camp d’entraînement de remonter dans le ring. Message à Yan Pellerin: ils ne seront pas difficiles à convaincre.

Marie-Pier Houle était présente, observant ses amis boxer. Même loin des projecteurs, elle rayonne toujours autant. MPH est une présence marquante dans toutes les soirées de boxe québécoise.

Photo: Ta boxeuse préférée et ton artist du podcast préféré réunis.

Un proverbe africain dit que ça prend tout un village pour élever un enfant. La même chose s’applique pour trouver un remplaçant à Réjean Tremblay. C’est pourquoi j’ai accepté de le remplacer, mais comme mon devoir fédéral m’appelle également, mon protégé Noé Cloutier a accepté de ressortir sa plume pour une rare fois afin de me remplacer demain matin… Seeeelon mes sources, il va parler de boxe.