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Khataev vs. Morrell: La solution est simple

Morgan Campbell - CBC

Photo: The Ring Magazine – Imam Khataev et David Morrell

À mi-chemin du 5e round de leur duel de choc chez les mi-lourds, Imam Khataev faisait face au favori, David Morrell, qui semblait enfin avoir trouvé son rythme.

Alors que Khataev, médaillé de bronze aux Jeux olympiques de 2020, avançait, Morrell — un Cubain basé à Houston ayant commencé sa carrière chez les super-moyens — plaçait son direct du gauche, cette arme qui a fait de lui l’un des cogneurs les plus redoutés de sa catégorie. Il envoyait aussi de puissants crochets du droit dans les côtes de Khataev, des coups au corps lourds qui laissaient présager une usure progressive.

Si les quatre premiers rounds avaient été disputés et équilibrés, le cinquième semblait marquer un tournant, avec Morrell montrant au public du Louis Armstrong Stadium à Queens (New York) qu’il s’apprêtait à passer à la vitesse supérieure et distancer son adversaire.

Mais c’est à ce moment que Khataev, un Tchétchène de 30 ans qui s’est préparé pour ce combat à Montréal, a placé un puissant overhand du droit directement sur le menton de Morrell, l’envoyant au tapis pour la première fois de sa carrière.

C’était donc bien un tournant… mais pas celui qu’on attendait.

Plutôt que de voir Morrell dominer les cinq derniers rounds, on a assisté à Khataev répondant parfaitement aux ajustements de Morrell, plaçant le coup le plus lourd du combat, et renversant un round qu’il était en train de perdre. En «mathématiques de boxe», cela représente une différence de trois points – le genre de moment qui peut transformer une courte défaite en victoire serrée.

Photo: DAZN – Les statistiques finales…

Mais d’après les cartes des juges, ce knockdown n’a pas changé grand-chose. John McKaie a donné le combat à Morrell à 96-93, Alan Nace à 95-94, contre Tony Lundy, qui lui l’avait donné à Khataev 95-94.

Les juges disent que Morrell a gagné, que Khataev a perdu… mais ce qu’on a vu raconte une autre histoire.

On a vu Khataev, qui partage sa préparation entre l’Australie et Montréal, exécuter un plan de combat efficace. Morrell, lui, a montré des éclairs de brillance, mais a globalement eu du mal à imposer son rythme. Et si l’un des deux boxeurs repart cette semaine avec des regrets, ce n’est pas celui qui a perdu.

Si on est vraiment à l’aube d’une nouvelle ère dans ce sport — où les fiches parfaites comptent moins que les compétences et le cœur démontrés dans le ring — alors l’industrie ne devrait pas punir Khataev pour cette défaite en le reléguant dans les profondeurs du classement. Et pas besoin non plus de blâmer Morrell pour une décision douteuse. Il n’était pas juge, il avait assez à faire avec Khataev. Si vous pensez que Khataev a été lésé, la meilleure solution, c’est une revanche dès que possible.

Photo: The Ring Magazine – Imam Khataev et David Morrell

Avec cette victoire, Morrell passe à 12-1, tandis que Khataev chute à 10-1 avec neuf KO. Le combat a bien eu lieu malgré la révélation par l’Agence Internationale de Contrôle (ITA) qu’un test antidopage effectué en 2024 avait détecté la substance interdite Clomiphène dans un échantillon de Khataev. Ce dernier a nié toute faute, a passé tous les tests ultérieurs, et a été autorisé à combattre par la commission des sports de New York.

La marge de victoire de Morrell a surpris parieurs et bookmakers, qui en avaient fait un grand favori. Ce n’était pas injustifié: Morrell a terrorisé la catégorie des super-moyens avec son mélange de technique, de puissance et d’agressivité. Sa seule défaite vient de David Benavidez, un autre super-moyen devenu élite chez les mi-lourds. Benavidez, qui n’a pratiquement jamais été ébranlé en carrière… Morrell l’a envoyé au sol.

Khataev, de son côté, avait encaissé pas mal de coups avant de battre Ezequiel Maderna à Montréal en septembre dernier. Et lors de son dernier combat, il avait largement dominé Durval Elias Palacio, tout en fléchissant dans les derniers rounds.

Donc oui, ceux qui s’attendaient à voir Morrell imposer son allonge et son palmarès face à Khataev avaient leurs raisons.

Photo: Cris Esqueda / Golden Boy Promotions – Imam Khataev et David Morrell

Mais une fois la cloche sonnée, ce que vous attendiez importe moins que ce qui se passe réellement. Que vous ayez prévu que Khataev allait chronométrer le jab droit de Morrell et le contrer avec des crochets du gauche en boucle n’est pas pertinent. Il l’a fait, et il a perturbé l’offensive de Morrell. Et si vous pensiez que Morrell serait plus actif et exploiterait mieux ses moments forts? Peut-être. Mais il a réservé son effort le plus intense aux 30 dernières secondes du dernier round.

Statistiquement, le combat était à égalité. Selon CompuBox, les deux boxeurs ont touché 171 fois chacun. Mais si on départage par les coups puissants, Khataev a l’avantage: 129 coups puissants contre 97 pour Morrell. Et puis il y a ce knockdown… que même Benavidez n’a jamais réussi à infliger à Morrell.

Je n’ai pas noté le combat round par round, mais Khataev, qui a notamment sparré avec le poids mi-lourd Albert Ramirez en préparation, m’a semblé offrir la meilleure performance. Quant aux juges… même en acceptant une certaine subjectivité, un match nul aurait été le maximum du raisonnable. Ce n’était peut-être pas un vol manifeste, mais ce n’était pas une bonne décision.

La solution? Elle est simple:

Oubliez les cartes. On a assisté à un combat intense et de haut niveau entre deux boxeurs d’élite. Je regarderais la revanche sans hésiter — et vous aussi.

Et si on remet les juges dans l’équation? On a encore mieux : une sous-intrigue captivante. Khataev veut sa revanche après une décision douteuse. Morrell veut prouver qu’il peut s’imposer sans «cadeau» des juges. Deux guerriers prêts à tout donner, sur 10 rounds.

Une formule idéale pour un combat de finale, et je suis déjà conquis.

Donnez-leur une augmentation… et organisez la revanche.