Photo: Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF)
«Ces femmes qui jouent devant 18 000 personnes sont les mêmes qui jouaient devant 500 amateurs il y a deux ans à peine. C’est magique», s’exclame Danielle Sauvageau au téléphone.
Danielle et moi, pas besoin de longues introductions quand on se parle. Je la connais depuis trente ans. J’étais à Nagano, aux Jeux olympiques de 1998. Les premiers Jeux auxquels le hockey féminin est devenu un sport officiel. Toutes les filles pleuraient sur la glace après la défaite contre les Américaines. Et dans la galerie de presse, au moins deux ou trois chroniqueurs avaient le moton devant le spectacle. Derrière le banc, Danielle Sauvageau était la coach adjointe. Quatre ans plus tard, elle était la patronne dans une victoire époustouflante contre l’équipe et l’arbitre américaines.
«Parle-moi pas de Nagano, c’est un trop mauvais souvenir…»
Mais elle le dit avec un sourire dans la voix.
On s’est suivis pendant toutes ces années. Que ce soit à Sotchi ou à Pyeongchang, on se retrouvait dans les autobus entre deux matchs qu’elle analysait. En Corée, elle partageait le travail avec Enrico Ciccone. Elle a bien tourné, Chico est député libéral.
Photo: Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF)
LE HOCKEY… COMME LA BOXE FÉMININE
Le hockey, un peu comme la boxe féminine, a dû se développer. Construire son bassin d’athlètes. Lutter contre les préjugés malgré l’excellent spectacle offert.
En fait, cinquante ans après le hockey des hommes, les femmes ont ouvert leur sport à la planète.
En 1972, on a eu la Série du Siècle. Canada contre Union Soviétique. Puis, la Coupe Canada a permis à la Suède, la Tchécoslovaquie, la Finlande et les États-Unis de se disputer un vrai titre mondial.
Aujourd’hui, le Canadien repêche un Slovaque en première ronde, Alex Ovechkin va battre le record de Wayne Gretzky et un Allemand complète la magie de Connor McDavid.
C’est en train d’arriver chez les femmes.
Et les amateurs de Québec le savent. Ce n’est pas par charité qu’ils auront acheté 18 300 billets pour le match de dimanche. C’est qu’ils ont découvert au fil des années que les filles pouvaient offrir un très bon spectacle. Rappelez-vous les buts de Marie-Philip Poulin à Sotchi. Ce fut, selon moi, le moment le plus dramatique et le plus spectaculaire des Jeux pour le Canada.
Photo: Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF)
Le tennis a eu besoin de plusieurs décennies pour arracher une crédibilité semblable à celui des hommes. Le golf est en train d’y parvenir. La boxe féminine a paqueté le Madison Square Garden et le 02 Arena à Londres.
Une fois que les amateurs de sports ont accepté que le tennis, la boxe, le golf et le hockey féminins sont des sports différents mais de plein droit, ils savent apprécier le spectacle pour ce qu’il offre. Courage, détermination, élégance dans la force, vitesse, cohésion, engagement.
Mary Spencer ne cognera jamais comme Artur Beterbiev. Et Jhon Orobio pulvériserait Kim Clavel en deux minutes. Mais ça n’a rien à voir. C’est l’équilibre en présence qui garantit souvent la valeur du spectacle.
Photo: Vincent Ethier / EOTTM
MARTIN TREMBLAY: UNE ÉQUIPE À QUÉBEC?
Pendant la conversation, Danielle Sauvageau a abordé la question d’une équipe à Québec: «C’est un marché naturel. Les gens de la compagnie Groupe Mark Walter sont très au courant de ce qui se passe. Les gens de Québec ont déjà proposé un plan d’affaires. Cependant, 25 autres villes ont déposé des plans pour obtenir une équipe. Mais on comprendra qu’on ne peut pas parler d’un plan d’expansion puisque Walter Group est propriétaire de toutes les équipes. Il n’y a pas de vente d’une franchise comme ce l’est dans la Ligue nationale», explique Danielle Sauvageau.
Martin Tremblay, président de Gestev et du Centre Vidéotron, ne cache pas son intérêt. Il ne veut rien confirmer mais le milieu des affaires sait que Gestev, donc Québecor, est intéressée par l’opération d’une équipe féminine. D’abord parce que Gestev gère le Centre Vidéotron et que ça ferait un locataire de plus: «Mais c’est une situation complexe. Le Goupe Walter, c’est un énorme fonds de placements. Ils investissent dans le hockey féminin. Mais quand ils vont décider de vendre les équipes à des propriétaires locaux, mieux leur produit se sera développé, plus cher faudra le payer. Faut réfléchir avant de s’emballer», de dire M. Tremblay.
Photo: Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF)
SALUT À MAXIM ROY
Je termine avec l’autre vie de Danielle Sauvageau. Celle de pionnière dans des carrières dans la police et dans le hockey.
Comme dirait Maranda, je lunchais dernièrement avec Maxim Roy, la talentueuse comédienne qui fait carrière tant à Toronto qu’à Montréal.
Et Maxim me parlait de Danielle Sauvageau qui l’avait accueillie et aidée à préparer son rôle de Michelle Béliveau dans Lance et Compte. (vous avez noté la similarité dans les sons… elle… Sauvageau… Béliveau). Elle racontait comment elle avait été généreuse et une grande professionnelle.
Photo: George Pimentel
«Ce que tu ignores ou ce que Maxim ne t’a pas dit, c’est qu’elle est venue me rencontrer pour que je l’aide pour les tournages en anglais de la série policière 19-2. Cette fois, c’est mon passé dans la police qui lui était utile. Mes expériences de vie peuvent toujours servir faut croire», de dire Mme Sauvageau en riant.
Danielle Sauvageau pourra se vanter d’avoir labouré le champ, de l’avoir ensemencé et d’être là pour la première récolte.
C’est le sens d’une vie…
DANS LE CALEPIN
Le Canadien continue de confondre les sceptiques. Mais les progrès en terme de points comparés à la saison dernière sont tout à fait minimes. C’est aussi ça la réalité.
Quoique Sylvain ne le dit pas. Des fois, c’est pas le combien qui est important, c’est le comment…