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Olivier Primeau renonce à acheter BPM Sports!

Réjean Tremblay - Punching Grace

Photo: Olivier Primeau / FB

Ça vient d’une source qui le tient directement de la bouche du cheval. Olivier Primeau, le père du Beach Club et grand investisseur dans les sources d’eau québécoises renonce à acheter le réseau BPM Sports.

Selon ma source, Primeau estime que le prix demandé par RNC Média pour son réseau des sports relève du monde des calinours et des lapins. Grossièrement exagéré compte tenu des pertes enregistrées ces dernières années.

C’est la firme KPMG qui a reçu le mandat il y a quelques semaines de tâter le marché et d’approcher des acheteurs s’il y a lieu. Les négociations entre M. Primeau et Robert Ranger, président de RNC, étaient encore limitées aux échanges avc KPMG. D’ailleurs, Olivier Primeau n’a jamais déposé une offre en bonne et due forme.

D’autres groupes, au moins deux, ont fait part de leur intérêt. Au moins un de ces groupes a signé les déclarations de confidentialité pour avoir accès aux livres de l’entreprise. Dans les deux cas, ce sont des gens connus dans les médias.

Photo: Olivier Primeau / FB

LES SÉNATEURS D’OTTAWA?

BPM Sports, c’est la station de Montréal 91,9 qui est la tête du réseau et les stations de Québec et de Gatineau qui servent de relais dans leur marché.

Mais tant Québec que Gatineau n’offrent pas de programmation locale et retransmettent les émissions de Montréal.

Le réseau en arrache depuis la pandémie et le départ de Jean-Charles Lajoie pour TVA. JiC pilotait une émission du retour très forte. Le dernier automne a montré une belle éclaircie sous les nuages mais dernièrement les cotes d’écoute préliminaires ont inquiété certains observateurs.

Certains rêvent à Michael Andlauer, le propriétaire des Sénateurs d’Ottawa, comme acquéreur du réseau. Effectivement, un réseau de sports dans des villes comme Québec et Montréal, sans parler de Gatineau, une cible directe des Sénateurs, pourrait devenir un instrument de marketing et de communications intéressant et avantageux.

À une certaine époque, Radio Mutuel avait acquis les droits de radiodiffusion des matchs des Nordiques dans tout le Québec, incluant Montréal. Mais les vétérans du métier se rappellent que Marcel Aubut, président des Nordiques et Ronald Corey, président du Canadien, s’étaient rencontrés à Trois-Rivières pour négocier les droits à Radio Mutuel d’arroser le marché de Montréal.

Il serait difficile d’imaginer Geoff Molson se rendre à Ripon pour rencontrer Michael Andlauer… quoique les deux hommes sont des amis et que M. Andlauer était un des propriétaires du CH.

Le problème vient également de l’absence d’intérêt pour les Sénateurs dans le grand Montréal. La rivalité entre les Nordiques et le Canadien était viscérale. Les gens de Montréal n’en ont rien à cirer des Sénateurs.

Et de ce qu’on sait, les Sénateurs et M. Andlauer en ont déjà plein les baskets à tenter de régler les problèmes énormes des Sénateurs dans leur propre marché.

Pour les Sénateurs, sortir de Kanata, le Saint-Hyacinthe d’Ottawa, est plus préoccupant que BPM Sports.

Photo: NHL.com – Thomas Chabot

SAUVER BPM SPORTS

Pour les artisans de BPM, l’intérêt de Michael Andlauer serait une bénédiction. Mais les sources consultées hier considèrent que les obstacles à surmonter dépassent et de loin les avantages.

De toute façon, comment savoir si M. Andlauer est seulement intéressé à un réseau québécois pour ses Sénateurs?

Il est difficile pour un réseau indépendant de sports de survivre et de prospérer au Québec.

Fut un temps où le Canadien et Radio-Canada faisaient leurs choux gras. Télémédia et les Expos faisaient la fête et Radiomutuel avait de belles soirées avec les Alouettes.

Aujourd’hui, il n’y a pas de batailles à livrer pour des droits quelconques. Seuls les droits du Canadien valent de l’or. Les droits du Rocket, du CF Montréal et même de la boxe ne sont plus obligatoires pour une radio sportive.

Au Québec, le CH est devenu une religion et devrait même être protégé par la charte des valeurs.

Le paysage de l’écoute a également changé. Comment se passionner pour des commentaires et des opinions répétés à satiété quand de nombreux podcasts mettent en vedette tous ces passionnés qui se vantent d’être des experts.

Des fois, c’est plus intéressant d’écouter Louis Morissette, un tantinet baveux, qu’un grand expert qui régurgite le biberon fourni par le Canadien.

Photo: Entre la Poire et le Fromage / YT – Louis Morissette

BPM Sports a sa valeur. J’espère que des artisans doublés d’hommes d’affaires vont y voir une belle opportunité. Ou que la direction actuelle va avoir le courage de continuer l’aventure. Mais ce réseau devra se résigner à miser sur la nouvelle, le ton indépendant et une audace qui manque cruellement dans les autres médias liés au Canadien par des droits exclusifs.

Et si 60% des sportifs ne jurent que par le CH, il faudrait quand même servir un minimum de contenu aux amateurs du CF Montréal, des Alouettes, de la boxe, du tennis et des sports du jour.
Le tissu culturel québécois se rétrécit au fur et à mesure que l’argent disponible se fait rare. Pourtant, partout sur la planète, le sport fait partie de la culture et de l’ADN d’une société.

BPM Sports fait partie du tissu du Québec. Faut que ça continue.