Photo: Esther Lin – MVP – Katie Taylor et Amanda Serrano
Ce n’est pas Katie Taylor qui a battu Amanda Serrano samedi soir. C’est Amanda Serrano qui s’est battue contre sa propre stratégie… et l’a perdue.
Ne vous méprenez pas: Katie Taylor est une légende vivante. Son bagage en boxe olympique, sa compréhension du ring, sa capacité à gérer le rythme d’un combat et son sens du timing font d’elle l’une des boxeuses les plus techniques de l’histoire moderne. Mais Amanda Serrano est tout sauf une boxeuse «normale». C’est une force brute de la nature. Une machine de guerre. Une tornade portoricaine capable de maintenir un volume de coups insoutenable pour la majorité de ses adversaires, tout en frappant avec une puissance que l’on retrouve rarement dans la boxe féminine.
Photo: Esther Lin / MVP – Amanda Serrano et Katie Taylor
Mais hier soir, Amanda a tenté de jouer le jeu de Katie. De boxer propre, posé, technique. À mes yeux: une erreur stratégique. Parce que dans ce domaine, contre une Katie Taylor en pleine forme, tu termines forcément deuxième. J’aurais aimé voir une Amanda plus agressive, qui coupe le ring, qui rentre à l’intérieur, qui multiplie les coups au corps, qui bouscule Katie physiquement , tout en ajoutant du mouvement défensif entre ses attaques (ce qui aurait été une belle amélioration par rapport aux deux combats précédents).
Malgré tout, quel spectacle. Quel moment de boxe. Ces deux femmes viennent de compléter 30 rounds inoubliables à elles seules, dans le cadre d’une rivalité historique qui aura redéfini la place de la boxe féminine dans l’élite mondiale. Elles ont rempli à nouveau le Madison Square Garden, un exploit que peu de boxeurs, hommes ou femmes, peuvent se vanter d’avoir accompli.
Photo: Esther Lin / MVP – Katie Taylor et Amanda Serrano
Et ce gala? Une vitrine exceptionnelle pour le noble art au féminin. 14 autres femmes ont eu la chance de se battre sur cette plateforme incroyable, sous les projecteurs, avec le monde entier qui regarde. Une première. Une révolution. Et soyons justes : malgré toutes les critiques qu’il reçoit, Jake Paul, aux côtés de Nakisa Bidarian, est l’un des artisans majeurs de ce mouvement. Leur travail de promotion est tout simplement remarquable.
Quelques moments marquants de cette soirée mémorable:
Tammara Thibault, olympienne canadienne, a remporté par KO son 3e combat professionnel contre une adversaire classée #2 sur BoxRec. Une performance qui pourrait bien la propulser en combat de championnat mondial dès son 4e combat… du jamais-vu! Merci Tamm de m’avoir permis de vivre cela à tes côtés!
Photo: Katia Banel – Le calme avant la tempête…
Cherneka “Sugar Neekz” Johnson devient la première Australienne de l’histoire à être sacrée championne incontestée. Et devinez quoi? Son manager, le Montréalais Mathieu Casavan, devient par le fait même le premier Canadien à produire une championne incontestée. Fun fact : Neekz s’est préparée à Montréal, où elle a mis les gants avec Caroline Veyre, Leïla Beaudoin et Jade Masson-Wong. Rien de moins!
Photo: Esther Lin / MVP – « Sugar Neekz »
Coup de cœur de la soirée: Ellie Scotney. Pendant son combat, mon téléphone n’arrêtait pas de vibrer. Tout le monde voulait savoir qui était cette perle rare. Athlétique, fluide, brillante, avec un sens du rythme et une intelligence de ring qui sort de l’ordinaire… un vrai joyau.
Photo: Esther Lin / MVP – Chantelle Cameron et Jessica Camara
Enfin, le Québec était omniprésent à New York hier soir: en plus des boxeuses Tamm Thibault et Jessica Camara, on retrouvait l’entraîneur Ian Mckillop, les managers Katia Banel et Mathieu Casavant, l’incomparable Russ Anber, moi-même, et Nicolas Esnault, choisi comme juge pour le combat principal Katie Taylor vs Amanda Serrano. Hier soir le Québec était de la partie lors de cet événement historique de boxe féminine, chapeau!
