Photo: Matthew Tkachuk / IG
Qu’est ce qui fait une grande équipe de hockey? La réponse facile, c’est d’avoir des bons joueurs.
Mais il n’y a que de bons joueurs dans la Ligue nationale de hockey. Les chaudrons comme on les appelait à une certaine époque, jouent dans des circuits mineurs ou dans les ligues européennes. Et même là, il faut être prudent dans le choix des mots. Il y a de fort bons joueurs en Suède, en Suisse et évidemment dans la KHL en Russie.
Donc, ça prend plus que de bons joueurs. Mais alors, ça prend un bon coach? C’est sans doute vrai. Mais il n’y a que 32 postes à combler dans la Ligue nationale. La logique veut que ce soit les 32 meilleurs au monde qui s’y retrouvent.
Photo: Lane Hutson / IG – Avec Martin St-Louis…
Avez-vous une idée du calibre des 32 meilleurs avocats au monde? Des 32 meilleurs comptables? 32 meilleurs médecins? Des 32 meilleurs caquistes?
Donc, tous les coachs de la ligue sont bons.
Mais alors, faut que ce soit les directeurs généraux? Sans doute qu’on se rapproche. Mais les directeurs généraux ne préparent pas une équipe pour l’immédiat. Ils pensent pour trois ou cinq ans. Et les 32 directeurs généraux ont les mêmes budgets bruts. Leur gros avantage, c’est la ville. La plage. Les taxes.
Mais alors, qu’est ce qui fait que les Panthers de la Floride sont encore en finale de la Coupe Stanley?
Photo: NHL.com – Sergei Bobrovsky
Scotty Bowman répondrait que ça commence toujours devant le but. Sergei Bobrovsky est solide. Il est rassurant pour ses coéquipiers. Sa concentration est exceptionnelle et sa préparation l’est tout autant.
À l’époque des Flyers de Philadelphie, la planète hockey s’extasiait sur le fameux système de Fred Shero. On était dans un bus entre Lake Tahoe et Oakland quand Scotty avait levé le nez de son journal pour persifler: «Encore des articles sur le système de Shero. Son système, il porte un nom: Bernard Parent.»
Bernard Parent était tellement bon qu’à Philadelphie, une banque se payait des énormes panneaux publicitaires avec la photo de Parent et la phrase choc: «Only God saves more than Bernie!»
Photo: Bernard Parent
En traduction libre: «Seul Dieu peut sauver plus que Bernie». Le mot sauver devait se lire de trois façons. Sauver des buts, sauver des âmes et sauver de l’argent grâce à la banque.
Un gardien peut donner de la respectabilité à une équipe. Mais ça prend plus. Beaucoup plus. Sinon Carey Price aurait transformé le Canadien en une grande équipe gagnante. Comme Patrick Roy en a été capable.
Ça prend de grands joueurs. Parfois, quand ils sont bien encadrés et supportés, les grands joueurs y arrivent. Mario Lemieux et Jaromir Jagr étaient appuyés par Ron Francis. Sidney Crosby avait Evgeni Malkin et Kristopher Letang. Jonathan Toews et Patrick Kane comptaient sur une défense de premier niveau. Nikita Kucherov et Steven Stamkos faisaient partie de toute une solide équipe.
Photo: NHL.com – Patrick ‘Showtime’ Kane
Connor McDavid et Leon Draisaitl sont les deux meilleurs joueurs au monde. On va savoir ce soir et le reste de la série si le support du casting est suffisamment bon pour donner un grand film.
Une grande équipe, une fois que t’as les bons joueurs, un excellent coach, une grande organisation, c’est dans la tête que ça prend forme. Ça prend un leader. Bobby Clarke, Serge Savard, Guy Carbonneau, Mario Lemieux, Sidney Crosby ou Sacha Barkov sont des leaders.
Photo: NHL.com – Sidney Crosby
Un groupe soudé et fort doit se former autour de ce leader. Sans questionner, sans douter. Dans une équipe de bon niveau, il y a six leaders, il y a six flancs mous et six indécis qui seront entraînés par le groupe le plus puissant.
Pour devenir une bonne équipe, il faut que ton groupe de leaders entraine les autres avec lui. Comme c’est le cas avec les Panthers de la Floride. Comme c’était le cas à Tampa, à Vegas ou avant à Pittsburgh.
Photo: NHL.com – Steven Stamkos
Il faut aussi et surtout que les joueurs soient à la recherche de ce plaisir fulgurant que représente la conquête. Le but vainqueur. Comment pensez-vous s’est senti Brad Marchand en fin de deuxième période supplémentaire quand il a marqué le but gagnant devant sa mère et son père. Imaginez la vague de plaisir. De joie. D’orgueil satisfait. Ça doit être inoubliable. Et on doit être prêt à endurer coups et blessures pour revivre pareil moment.
La dernière Coupe du Canadien a été gagnée par le groupe de Carbo, de Casseau, de Desjardins, de Mike Keane, de Vincent Damphousse. Ces gars-là ont entrainé à leur suite des joueurs qui n’étaient pas des super vedettes. Allez vérifier l’alignement qui a gagné la Coupe Stanley, vous allez dire WTF…
Photo: MVP – Patrick Roy
Mais ils cherchaient cet insondable plaisir. Ils en parlaient à tous les jours.
Le CH est rendu là. Votre adoration facile et les applaudissements non mérités ne doivent plus suffire à leur plaisir. Ils doivent vouloir le grand frisson. L’extase.
Sinon…
ENRICO CICCONE… ENFIN PÉQUISTE!!!
J’adore Enrico Ciccone. En fait, c’est mon ami depuis des décennies. J’ai failli acheter sa maison à Ste-Adèle et je l’ai appuyé dans ses luttes contre le dopage et la violence chez les jeunes dans le hockey. Il travaillait alors avec le grand Gilles Lupien.
Il a mal tourné sur le plan politique mais je suis très heureux de ne pas vivre dans son comté, j’aurais voté pour lui.
Chico avait parié avec Paul St-Pierre-Plamondon que le CH ne participerait pas aux séries. Le perdant devrait enfiler le chandail de l’autre parti.
Photo: Paul St-Pierre-Plamondon / X – Avec Enrico Ciccone
Donc, beau joueur, Ciccone a accepté d’honorer sa gageure et a porté le chandail bleu, tellement beau bleu, du Parti Québécois.
Il l’a fait avec humour et respect et ça rappelait que même si les deux hommes vont s’étriper lors de la prochaine campagne électorale, la politique est également un sport qui ultimement permet de régler des différents profonds sans avoir à faire la guerre.
Un beau moment et j’espère qu’un jour Chico va voir la lumière.
Est-il prêt à parier que les Glorieux vont rater les séries la saison prochaine? Le bleu lui va si bien…