Christian Mbilli se retrouve aujourd’hui à une victoire d’un rêve: devenir champion du monde WBC. Pourtant, ironie de la situation: il était déjà champion… intérimaire. Alors pourquoi doit-il encore disputer un combat pour obtenir la ceinture «régulière»?
Pour plusieurs fans, ça ne fait aucun sens. Et honnêtement, on les comprend. Alors mettons de l’ordre dans tout ça.
Quand « intérimaire » ne veut pas dire ce qu’on croit
Dans l’esprit du public, un champion intérimaire est le remplaçant naturel du champion régulier. Si le champion en titre perd son statut, on s’attend à ce que l’intérimaire soit automatiquement promu. Logique, non ?
Pas au WBC.
Le règlement de l’organisation est clair:
Un titre intérimaire sert à garder une division active quand le champion est indisponible.
Mais le champion intérimaire n’est pas automatiquement promu si la ceinture devient vacante. La WBC se réserve le droit de décider comment combler le vide.
C’est exactement ce qui arrive à Christian Mbilli.
Malgré son statut d’intérimaire, il doit affronter Hamzah Sheeraz pour que la ceinture régulière lui appartienne vraiment. Un passage obligé, même si plusieurs trouvent que Mbilli l’avait déjà mérité.

Photo: Vincent Ethier – Christian Mbilli
Pourquoi la ceinture s’est retrouvée vacante? Terence Crawford
La fameuse ceinture WBC super-moyens appartenait à Terence Crawford.
Or, Crawford a choisi… de ne pas payer les frais de sanction exigés par la WBC pour ses combats.
Ces frais, ce sont les redevances que les boxeurs doivent verser aux organismes de sanction pour que le titre soit officiellement en jeu. Habituellement, ce n’est pas une grosse histoire. Mais dans ce cas-ci, Crawford a refusé.
Pourquoi?
Parce que selon lui, la WBC réclamait un montant trois fois supérieur à celui accepté par les autres organisations. Pour un boxeur qui a passé sa carrière à défendre le principe d’indépendance face aux instances, ça ne passait tout simplement pas.
Résultat:
La WBC a destitué Crawford. Titre vacant.
Et ce vide, c’est Mbilli et Sheeraz qui doivent maintenant le combler.

Photo: Vincent Ethier – Terence Crawford
Le rôle de la Don José Sulaimán Boxers Fund, noble initiative avec des zones grises?
Pour défendre ses frais élevés, le président du WBC, Mauricio Sulaimán, a expliqué que 75 % des sommes réclamées à Crawford allaient être versées à la Don José Sulaimán Boxers Fund, un fonds caritatif destiné à venir en aide aux boxeurs retraités dans le besoin.
Sur papier, le projet est magnifique et je suis pour à 100%.
Dans un sport où trop de guerriers terminent leur carrière brisés, oubliés ou financièrement vulnérables, redonner aux anciens combattants est essentiel.
Mais, et c’est là que les boxeurs deviennent méfiants, encore faut-il que ce soit fait à livre ouvert.

Photo: Reyes Boxing – Jose et Mauricio Sulaimain
Car quand on parle de millions collectés en frais de sanction:
Quel pourcentage va réellement aux anciens boxeurs?
Combien est absorbé par les opérations, les événements, les campagnes médiatiques?
Qui contrôle, qui audite, qui surveille?
Il n’y a rien d’anormal à vouloir soutenir les retraités. C’est même très noble et, je le répète, je suis pour cela contre vents et marées!
Mais dans un milieu où la transparence est souvent un sport encore plus rare que les combats de championnat, on a raison de poser des questions. Je n’accuse personne, je cherche à comprendre pour mieux promouvoir.
Mbilli au cœur d’un système imparfait, mais toujours maître de son destin
Au final, ce système où un champion intérimaire n’est pas promu automatiquement peut sembler arbitraire, frustrant… ou simplement dépassé.
Mais il faut aussi le voir dans un autre angle:
Mbilli a maintenant l’occasion d’aller chercher une ceinture mondiale d’une façon indiscutable, sans débat, sans astérisque.
Face à un adversaire solide en Hamzah Sheeraz, il aura la chance de prouver une fois de plus pourquoi il est l’un des boxeurs les plus explosifs de la planète.
Dans un monde parfait, il aurait peut-être déjà la ceinture à la taille.
Comme rien n’est parfait, il devra la gagner une deuxième fois.

Photo: Zuffa Boxing – Christian Mbilli
Pourquoi c’est important d’en parler
Parce que les fans méritent de comprendre.
Parce que les boxeurs méritent de savoir où va l’argent qu’ils génèrent.
Parce que les organismes de sanction doivent être tenus responsables de leurs décisions.
Parce que des fonds caritatifs destinés aux anciens combattants sont essentiels, mais doivent être transparents.
Et surtout:
Parce que Christian Mbilli représente aujourd’hui un exemple vivant de ce que le sport a de meilleur, et de ce que ses structures ont parfois de plus compliqué.
Conclusion
Entre les règles de la WBC, les frais de sanction, la destitution de Crawford, les enjeux de transparence et la mission d’aider les anciens boxeurs, le fan moyen peut facilement s’y perdre.
Mais une chose est simple:
Christian Mbilli n’a jamais été aussi proche de devenir champion du monde (s’il ne l’est pas déjà…dans nos cœurs).
Et ce combat contre Sheeraz pourrait bien être celui qui change sa vie, et qui le place là où plusieurs croient qu’il mérite d’être.