La valise est presque prête. Je vérifie une dernière fois mes papiers, mon matériel de travail, mes billets d’avion. Dans quelques heures, je prendrai la direction de Las Vegas.
Accompagné de Shawn Collinson, ce gaillard de 6’6’’ recouvert de tatouages colorés, nous irons rejoindre Christian, Marc et Luc-Vincent. Pour Shawn, il n’y a jamais vraiment de position confortable dans un avion, au moins le vol ne sera pas trop long. Cette semaine s’annonce inoubliable. Une semaine où la boxe sera au centre de tout, mais où l’humain, comme toujours, restera au cœur de mes réflexions.
J’ai décidé de partager cette aventure avec vous, à travers une série de cinq articles que j’appellerai tout simplement Carnet de voyage. Chaque texte sera une escale, un instant capté sur le vif, en route vers un moment historique: le choc entre Canelo Álvarez et Terence Crawford au Allegiant Stadium, mais surtout, l’expérience Christian Mbilli!
Photo: Vincent Ethier – Samuel Décarie-Drolet, Jessy Ross Thompson, Christian Mbilli et Shawn Collison
Et pour débuter ce voyage, il m’était impossible de ne pas vous parler d’un boxeur que je connais depuis bientôt dix ans, et qui sera sous les projecteurs cette semaine, mais aussi sous mon observation : Christian Mbilli.
Christian Mbilli: du Cameroun à Las Vegas, l’histoire d’un boxeur d’exception
C’était en 2015, Marc Ramsay me dit: «Tu connais Christian Mbilli?» . Bien entendu, Marc le suivait déjà depuis un certain temps. Il avait déjà observé plusieurs de ses performances remarquables sur la scène amateur. Son style explosif, sa fougue et sa détermination attiraient l’attention. Mais pour Marc, une question demeurait: au-delà du boxeur, est-ce que l’être humain allait le convaincre d’investir dans une relation de long terme avec lui?
À cette époque, Christian cumulait déjà de beaux résultats. C’est quelque chose que Marc m’a appris, il m’a transmis cette habitude de suivre attentivement les grandes compétitions amateurs afin de repérer les talents de demain qui performent à répétition.
Photo: Vincent Ethier – Luc, Vincent Ouellet, Marc Ramsay, Christian et Samuel Décarie-Drolet
Aux Jeux olympiques de Rio en 2016, Christian représentait la France qui avait une solide équipe! Il s’est incliné en quart de finale contre l’éventuel médaillé d’or. C’était un malheur pour Christian, mais une bénédiction pour nous. Imaginez-vous un instant ce qui se serait passé si Christian avait vaincu le Cubain. Tous les promoteurs les plus puissants se seraient précipités sur lui, et jamais il ne serait atterri à YUL pour s’y établir. C’était une défaite crève-cœur pour Christian qui était à une seule victoire d’obtenir une médaille olympique. Marc a alors franchi un pas important. Il a invité Christian et John Dovi, l’entraîneur de l’équipe de France à l’époque, à venir à Montréal pour voir de près la manière dont son équipe travaille. Le courant est immédiatement passé. Christian s’est montré posé, réfléchi, et surtout incroyablement travaillant. Très vite, nous avons découvert que ces qualités n’étaient que la pointe de l’iceberg: derrière le boxeur se cachait un être humain en or, doté de belles valeurs et d’une discipline de fer.
Christian a débuté sa carrière professionnelle en 2017. Depuis, son parcours est une démonstration de persévérance et de constance. Aujourd’hui, il s’apprête à franchir une nouvelle étape historique : il fera partie de la carte du choc tant attendu entre Canelo Álvarez et Terence Crawford, présenté au gigantesque Allegiant Stadium de Las Vegas. Ce stade peut accueillir plus de 65 000 spectateurs, et le combat sera diffusé en direct sur Netflix devant des dizaines de millions de téléspectateurs à travers le monde.
Photo: Christian Mbilli – Antonin Décarie – Samuel Décarie-Drolet
En un peu moins de dix ans, Christian Mbilli est passé d’une arrivée au Canada à braver les tempêtes hivernales à la scène planétaire, en devenant un visage incontournable de la boxe moderne. Son histoire est celle d’un rêve poursuivi sans relâche, nourri par le travail, la discipline et des valeurs humaines solides.
Il en a fait du chemin, ce Christian… et ce n’est certainement pas fini.
