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Et si Jake Paul était le défibrillateur dont la boxe professionnelle avait besoin?

Samuel Décarie-Drolet - Punching Grace

Imaginez la scène…

Un Youtubeur à la blondeur californienne débarque dans le monde chaotique de la boxe, un sport centenaire souvent en train de se réinventer. On l’attend avec une brique et un fanal. On rit. On dit que c’est du cirque, une arnaque, une comédie. Mais coup après coup, combat après combat, Jake Paul reste debout. Et plus encore, il force le monde de la boxe à le regarder en face.

Car la vérité est là: ce gars-là s’entraîne comme un vrai professionnel. Oui, il a les moyens. Oui, il peut se payer les meilleurs entraîneurs, les meilleures infrastructures. Mais beaucoup, avec la même fortune, auraient choisi la facilité. Lui, non. Il transpire. Il encaisse. Il prend ce sport au sérieux. Même plus sérieusement que bien des boxeurs qui prétendent vivre pour ça.

Photo: The Independent – Jake Paul

Chaque fois qu’il monte dans le ring, les projecteurs s’allument comme jamais. Ses galas attirent des millions de yeux rivés à l’écran, des diffuseurs majeurs, des bourses que l’on n’avait pas vues depuis longtemps pour certains athlètes. Et surtout: il ouvre des portes. Des boxeurs et boxeuses, parfois inconnus du grand public, se retrouvent soudain sur une scène digne d’Hollywood. Pour eux, c’est plus qu’un combat: c’est une vitrine, une chance de changer leur destin.

Et il y a ce volet que j’admire particulièrement : la boxe féminine. Trop souvent négligée, trop souvent reléguée au second plan. Jake Paul, avec Amanda Serrano et son associé Nakisa Bidarian, a décidé de la mettre en lumière. Ensemble, à travers MVP Promotions, ils forment un trio qui a redonné de la dignité à ce volet du sport. Non seulement ils l’ont fait, mais ils l’ont fait avec succès. Des salles pleines. Des cotes d’écoute solides. Des bourses meilleures que jamais. Ça, c’est concret. Ça, c’est historique.

Photo: The Independent – Jake Paul vs Julio Cesar Chavez Jr

Et maintenant, voilà qu’il y a quelques jours, on nous annonce un combat d’exhibition entre Jake Paul et Gervonta Davis. Comme puriste de la boxe, je dois admettre que je me fous un peu de ce combat, mais je sais que ça fait parler… À ce jour, je ne connais pas les termes exacts de leur affrontement: à quel poids ils se battront, quels gants seront utilisés, combien de rounds disputeront-ils, combien ils toucheront, etc. Mais souvenez-vous en 2009 on a vu Oscar De La Hoya partager le ring avec Shaquille O’Neal, malgré une différence de gabarit immense. Ce n’était pas pour les classements ni pour l’histoire, c’était pour divertir. Paul contre Davis, c’est exactement ça: un spectacle.

Et c’est là tout le paradoxe. Ce genre de combat ne nourrit pas la boxe puriste, mais il attire l’attention. Il joue dans cette zone grise entre le sport et le divertissement, entre la quête de gloire et le show-business. Et Jake Paul maîtrise cet art comme personne. Oui, les puristes grincent des dents. Mais pendant ce temps, une douzaine de boxeurs profiteront de cette carte pour se faire voir, pour se faire entendre, pour se faire payer. Pour eux, ce n’est pas du cirque, c’est une chance unique.

Photo: The New York Times- Jake Paul vs Tyron Woodley

Alors oui, les cyniques crient au spectacle truqué. Oui, certains jurent que ce n’est pas de la «vraie» boxe. Mais moi, je vois autre chose. Je vois un personnage qui, malgré son image de provocateur, a trouvé une façon de redonner du souffle à un sport qui en avait besoin.

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Jake Paul secoue la boxe. Et pour ça, je ne peux que lui lever mon chapeau.