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I Lost My Sugar in Salt Lake City

Réjean Tremblay - Punching Grace

Photo: Comité olympique canadien (COC)

Le Canadien jouait hier soir à Salt Lake City et évidemment, la planète vient de découvrir que la ville existait. Avant le Canadien, y a rien.

Salt Lake City, c’est un blues sulfureux chanté par Julie London. «I Lost My Sugar in Salt Lake City». Je suppose que le Sugar en question est vieux et riche. Ce qui m’élimine.

Ceux qui aiment mieux le rock pourront toujours trouver «Salt Lake City» par les Beach Boys. Pourquoi les Beach Boys, un groupe de surfeurs californiens, ont-ils chanté la gloire de Salt Lake City, je l’ignore.

Mais pour ceux qui étaient au monde quand les Nordiques ont quitté Québec, Salt Lake City est un réservoir de bonnes et belles histoires.

D’abord celle d’Équipe-Canada qui avait remporté une médaille d’or en battant difficilement les États-Unis en finale. Les journalistes québécois étaient assis tout juste derrière le banc des punitions des joueurs. On pouvait jaser avec Mario Lemieux quand il avait été puni pendant un match.

Photo: Comité olympique canadien (COC)

Les Canadiens avaient triché un tantinet en convaincant le responsable de la glace d’enfouir un Huard dans le point rouge de la mise au jeu au centre de la patinoire.

Ça avait été une très belle victoire. Comme on l’espère celle du Canadien hier soir.

Deux ou trois jours plus tôt, les joueuses du Canada et de Danielle Sauvageau avaient gagné un match d’enfer en battant les Américaines ET l’arbitre AMÉRICAINE Stacey Livingstone qui avait décerné huit invraisemblables pénalités de suite au Canada de la fin de la première période jusqu’au début de la troisième.

Derrière le banc, même après toutes ces années, je n’arrive pas encore à comprendre comment Danielle Sauvageau avait réussi à calmer ses joueuses qui s’épuisaient à se défendre en infériorité numérique.

LE VOL DE DAVID PELLETIER ET JAMIE SALE

On a passé de belles semaines à Salt Lake City. Ça avait commencé par un vol digne d’un film de Tom Cruise quand la juge française Marie-Reine Le Gougne avait vendu son vote aux Russes et que les patineurs canadiens David Pelletier et Jamie Salé avaient terminé deuxièmes en offrant un spectacle parfait et fabuleux sur la musique de Love Story. NBC, le USA Today, La Presse, le New York Times et même les journaux européens avaient protesté et pendant trois jours, on avait passé des heures et des heures dans le centre des médias à couvrir cette histoire incroyable.

Le ministre des Sports fédéral, Denis Coderre, m’appelait de Paris pour me souffler de poser telle ou telle question et l’ancienne conjointe de David Pelletier, qui s’adonnait à être ma nièce à l’époque, m’écrivait des infos précieuses de Barcelone pour mes articles. J’ai toujours été chanceux dans la job.

Finalement, le scandale est devenu trop fort et Pelletier et Salé ont reçu eux aussi une médaille d’or avant la fin de la semaine. Le scandale de Salt Lake City est considéré comme le plus grand scandale de l’histoire du patinage artistique.

LES FESSES… PRESQUE À L’AIR

La sécurité aux Jeux de Salt Lake a sans doute été la plus lourde et la plus pesante que j’aie connue. Les jeux se déroulaient en février, cinq mois après l’attentat contre les tours jumelles du World Trade Center à New York. Honnêtement, les flics étaient un peu fêlés. Et un soir, il a fallu retenir François Gagnon, aujourd’hui à RDS, qui était en train d’engueuler un policier qui voulait l’empêcher de prendre un raccourci. C’était laid. Et épeurant. François a toujours eu la mèche courte.

Une nuit, dans la capitale des Mormons, il s’est embarré dans le couloir. Et s’est vêtu d’un USA Today enroulé autour de ses fesses majestueuses qu’il est descendu à la réception chercher une clé.

Les Mormons ont des problèmes avec l’alcool et le USA Today, donc François a eu des problèmes avec l’hôtel. On a bien ri de lui. Et un peu avec lui quand il a été forcé de déménager ses pénates,

Photo: LNH.com

C’est donc dans cette cité en pleine expansion, fort agréable au demeurant, que le Canadien a disputé son match d’hier. Contre le HC de l’Utah.

Vous le savez, les Mormons ont droit à quatre épouses. Je suggère donc que leur équipe s’appelle les Honeys de Salt Lake City…

C’est quand même mieux que les Sugars…

Le Géant du Nord

Né en 2000, j’ai appris plus que je me suis souvenu en lisant toutes les histoires de Réjean sur les J.O. de 2002. Ma référence sportive de l’Utah était ailleurs et mon nouveau collègue à Punching Grace m’a même laissé vous la raconter dans sa chronique.

Dans mes débuts dans le métier, je travaillais au journal de Hawkesbury. Une de mes premières entrevues de sport professionnel était avec Maveric Lamoureux, quelques semaines avant le repêchage de 2022.

C’est un gars de chez nous. Du hockey mineur élite à junior majeur, il a joué pour les Sélects du Nord, les Élites de Jonquière et les Voltigeurs de Drummondville. À mi-chemin, ajoutez une saison à Hawkesbury pour apprendre l’anglais (mon prétexte pour l’entrevue).

En 2022, Maveric me disait «rêver de jouer dans le show».

Deux mois après, les Coyotes de l’Arizona – futur HC de l’Utah, le repêchaient au 29e rang. Dix minutes avant, le CH optait pour Filip Mesar.

En 2025, aucun joueur du «show» ne rêve de jouer contre Maveric. Gros défenseur et fils de l’ancienne gloire des Chiefs de Laval Patrick Lamoureux, il fait plus de 6’6’’ et compte 42 minutes au cachot. Faut lui pardonner, le géant du nord brasse parfois ses confrères un peu trop fort.

Il s’est blessé et reprend la forme dans la Ligue américaine. Il n’a donc pas disputé le match contre le CH hier, mais en a déjà disputé 15 autres.

Et c’est 15 de plus que Filip Mesar.

Je retourne à la boxe.

-Noé Cloutier

Photo: LNH.com – Maveric Lamoureux, qui arbore le maillot #10 en hommage à Guy Lafleur.