Ce samedi, un duel qui marquera l’histoire de la boxe: le 13 septembre prochain, à Las Vegas, Terence “Bud” Crawford défiera Saúl “Canelo” Álvarez dans un combat aussi audacieux qu’inattendu…
J’aurai la chance d’y être présent. Le 11 septembre, je m’envolerai en compagnie de Shawn Collinson pour rejoindre Christian Mbilli, Marc Ramsay, Luc-Vincent Ouellet et le reste de l’équipe. Ce sera une soirée doublement spéciale pour nous, puisque Mbilli assurera les frais de la demi-finale en affrontant le Guatémaltèque Lester Martinez.
Pour bien préparer ces échéances, nous avons dû scinder l’équipe en deux. Marc, Luc-Vincent et Christian sont partis à Big Bear, en Californie, afin de profiter de l’entraînement en altitude et de l’atmosphère unique qu’offre ce lieu mythique de préparation. De là, ils se sont directement rendus à Las Vegas dès le début de la semaine passée.
Shawn et moi, de notre côté, avons gardé la forteresse à Montréal. Nous avons assuré la continuité du travail auprès de tous les autres boxeurs en camp: Moreno Fendero, Jhon Orobio, Dzmitry Asanau, Wyatt Sanford, Arslanbek Makhmudov, Mehmet Unal, Erik Bazinyan et Leïla Beaudoin. Cet équilibre était nécessaire pour que chacun continue de progresser et d’arriver prêt à ses propres échéances.

Photo: Christian Mbilli
Pendant ce temps, toute la planète boxe se tourne vers Crawford et Canelo. Le premier, champion indiscutable chez les mi-moyens (147 lb), a fait le pari insensé de monter de trois catégories pour atteindre les super moyens (168 lb). Sa transformation est simplement remarquable. En ajoutant près de quinze livres de muscle, il a non seulement gagné en densité, mais il semblerait qu’il ait réussi l’exploit de conserver sa vitesse et sa fluidité. Son préparateur physique, Chet Fortune, en parle avec étonnement:
«Il a l’air encore plus rapide à 168 lb qu’à 154 lb… Ceux qui le voient n’en reviennent pas.» Cette réussite tient à une approche chirurgicale: un travail de force rigoureux, une progression patiente et méthodique. Crawford arrive à Las Vegas plus massif, mais sans avoir renoncé à son identité.
Face à lui se dressera Canelo, l’évidence incarnée. Cela fait des années qu’il évolue à 168 lb, où son corps compact et sa puissance redoutable font la loi. Mais ses soixante-sept combats et ses multiples camps d’entraînement ont laissé des traces. On l’a vu, ces dernières années, avec des genoux parfois protégés par du tape ou des attelles, signes d’une usure naturelle. Ses derniers combats laissent deviner un style plus cadré : une garde haute, une marche en avant constante, des coups lourds et tranchants, lancés pour éteindre l’adversaire.

Photo: CBS Sports – Alvarez vs Crawford
On imagine déjà le scénario : Crawford, danseur agile, tentant de déjouer la puissance par le mouvement, s’appuyant sur ses réflexes et sa polyvalence pour accumuler les points et frustrer son rival. En face, Canelo, roc mexicain, avançant pas à pas, réduisant l’espace, guettant l’instant où son crochet ou son uppercut viendra sceller le destin du combat. Deux hommes au même poids sur la balance, mais pas dans la même histoire : l’un porte l’audace d’un défi insensé, l’autre l’expérience d’un règne prolongé.
Ce 13 septembre, le ring sera bien plus qu’un carré de cordes. Il sera une scène où s’affronteront deux visions de la boxe, deux parcours de vie, deux façons de graver son nom dans la légende. Crawford arrive plus lourd, mais toujours aérien, décidé à défier l’impossible. Canelo, marqué par les années, mais encore redoutable, avancera avec la brutalité tranquille de celui qui a déjà tout connu. Et si les muscles et les palmarès racontent chacun une histoire, c’est dans ce bref instant de vérité — le coup qui passe ou celui qui manque — que s’écrira la légende.

Photo: Vincent Ethier – Terence Crawford
Ceci étant dit, Noé Cloutier me demande souvent mes impressions sur les grands combats à venir, et celui entre Canelo Álvarez et Terence Crawford suscite énormément d’attentes de sa part. Je me dois de lui trouver une réponse logique… Sur le plan strictement technique, je crois que Crawford a tout ce qu’il faut pour s’imposer aux points. Toutefois, connaissant les réalités de la boxe d’élite et l’aura qui entoure Canelo, il est plus probable que le verdict penche autrement : soit un combat nul, soit une décision majoritaire favorable au Mexicain. Un tel dénouement laisserait la voie grande ouverte à une revanche encore plus médiatisée, et par le fait même, à plusieurs millions de dollars qui viendraient alimenter cette rivalité déjà historique.

Photo: DAZN – Saul ‘Canelo’ Alvarez