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Un épisode complet de Lance et Compte en une semaine avec Martin St-Louis et Kent Hughes

Photo: Canadiens de Montréal / FB – Kent Hughes

Si j’étais un jeune auteur rêvant d’écrire une série de télé avec le hockey comme univers dramatique, je me gaverais de drames, de doutes et de décisions secrètes qui pourraient briser le cœur de certains héros…

Et bouleverser des histoires d’amour, des vies familiales et obliger des ados à perdre leurs amis et leurs amours.

Un épisode de Lance et Compte, c’est une semaine avant la date limite des transactions.

Imaginez Kent Hughes dans une scène à la maison. Il vient de se coucher, épuisé par une série de meetings au bureau et vers 10 heures et demie, le téléphone sonne. C’est un directeur général de la Ligue nationale qui doit absolument participer aux séries.

Il veut Jake Evans et Joel Armia.

Hughes se lève, va dans son bureau, allume la télé pour suivre les nouvelles en se demandant comment les tarifs de Trump vont affecter son budget la saison prochaine et écoute son collègue.

 

Photo: NHL.com – Martin St-Louis

Il ne s’endort plus. Il hésite puis compose le numéro de Martin St-Louis, le doigt prêt à arrêter la sonnerie si Martin tarde trop à répondre…

Chez-lui, St-Louis est fatigué mais son cerveau carbure à toute vitesse. Il sent que les séries sont possibles. Et que ses joueurs commencent enfin à y croire.

Il est au téléphone avec sa femme dans le Connecticut qui s’inquiète des réactions des Québécois aux tarifs de Trump. Est-ce que ça va compliquer les vacances des enfants à Niagara? Les gens sont-ils agressifs envers les Américains?

Il entend un bip et voit que Kent Hughes tente de l’appeler. Pour lui, il sait que ce ne peut qu’être une mauvaise nouvelle. Un, il va couper court aux mots rassurants pour sa femme et deux, c’est certain que Hughes a une offre pour un ou deux de ses joueurs réguliers.

La caméra se retrouve maintenant chez Jake Evans. Sa blonde veut qu’il vienne la rejoindre:

«Tu ne peux rien faire, faut que tu attendes à vendredi. Viens te coucher…»

Jake a un sourire triste. Il sait que son directeur général va l’appeler avant minuit si quelque chose est conclu. Sinon, ça va attendre au matin. Evans s’est attaché au Canadien et à Montréal.

Mais Jake sait qu’il ne dormira pas de toute façon…

Photo: Cole Caufield / IG

La scène osée, c’est Cole Caufield évidemment, la scène touchante, c’est Kirby Dach, déprimé dans le salon, qui se sent abandonné par le destin.

Dans un bar de la ville, à l’approche de minuit, Juraj Slafkovsky regarde avec amour la barmaid. Il a pris la résolution de rentrer avant minuit mais elle est tellement belle…

Photo: Juraj Slafkovsky / IG

Une ombre derrière lui, une main sur l’épaule.

«Hé! Salut capitaine!»

Nick Suzuki sourit…

«Salut Slaf… je trouve que tu joues solide depuis le retour des 4 Nations… ça te tenterait pas de rentrer te reposer?»

La caméra s’arrête sur les yeux de Slaf. Mon Dieu qu’elle est belle. Mais en même temps, le CH prend la route demain. Une bonne nuit de sommeil avant la pause commerciale…

«T’as raison capitaine, je te suis…»

Photo: Canadiens de Montréal / FB

Et demain, ça va recommencer. D’autres joueurs, d’autres femmes, d’autres enfants, d’autres offres.

Et Martin St-Louis va être loyal à son patron. Mais ça va lui briser le cœur. Dieu qu’il aimerait garder tous ses joueurs dans le vestiaire…

Pause:

C’est comme ça que ça s’écrit une semaine dans la vie du CH…

PAUL HOUDE… UN AN PLUS TARD

Paul Houde est parti il y a un an. Paul était un homme à part. Excellent à la radio, excellent à la télévision, il aurait pu écrire une chronique par jour sur l’athlétisme… ou l’aviation.
C’était un passionné et comme beaucoup de passionnés, il doutait constamment. Était-il sur la coche? L’esprit d’équipe était-il assez fort?

Quand la maladie a commencé à faire des ravages quelques mois avant sa mort prématurée, son travail de morning man à BPM devenait une corvée effroyablement difficile. Il s’endormait pendant les pauses tellement la fatigue et la maladie l’écrasaient.

Le patron des programmes Yves Bombardier était conscient du dilemme auquel il faisait face. Il répétait toujours la même phrase:

«Ce n’est pas moi qui vais sortir Paul Houde d’un studio. On va l’aider à la place».

Photo: Bonsoir Bonsoir / FB – Paul Houde

Sa dernière semaine en ondes a été rock and roll. Pour lui et pour moi. J’étais à Riyad pour Tyson Fury, Simon Kean et Arslanbek Makhmudov. Je suis tombé malade, très malade, dans la nuit de mon arrivée. Et j’ai fait mon topo à 8 heures à Montréal dans un état second. Je délirais. Heureusement, le metteur en ondes a coupé après trois minutes. Le reste de la semaine, à part les jeudi et vendredi, j’étais pas mal vaseux. Et Paul était tout aussi malade et peinait à diriger les chroniques.

Je suis revenu le lundi et Paul avait demandé de le remplacer à son émission. Je l’ai appelé pour lui demander comment ça allait. On s’est lamentés un peu tous les deux. J’en suis gêné aujourd’hui.

Je ne lui ai jamais reparlé.

Un an. Sa femme, son frère… et tous ceux qui l’aimaient ont retrouvé le sourire. Mais y a une douleur enfouie quelque part.

ET DEUX AMIS SE BATTENT

À cause de Facebook et d’Instagram, les nouvelles personnelles se retrouvent sur la place publique.

Mais souvent, les quelques lignes d’une publication, camouflent la douleur, les angoisses et les luttes féroces que les amis mènent contre la maladie.

Dimanche, pendant le souper, mon vieux Charles-André Marchand a appelé. J’ai fait patienter la lasagne de Chrystel et j’ai jasé un brin avec Charley.

Photo: Charles-André Marchand / FB

Ça fait 40 ans qu’on se connaît. On avait même écrit ensemble un synopsis de projet pour la télévision après Lance et Compte. Ça se passait dans la boxe et c’était l’histoire de deux frères qui finissaient par s’affronter. J’ai oublié le titre mais Radio-Canada était intéressée.

Charles-André se bat contre le cancer. Et c’est très difficile. Mais à part une voix un peu fatiguée, il avait le goût de rire de certaines niaiseries qu’il entend parfois dans les médias.

L’autre ami n’a pas répondu quand j’ai essayé de lui parler samedi. J’ai compris pourquoi en lisant son compte Facebook d’aujourd’hui. Tom, on le savait, fait face à un foutu cancer lui-aussi. Il était tellement épuisé en attendant une autre ronde de traitements, qu’il avait cessé d’écrire ses chroniques. Il a annoncé aujourd’hui qu’il reprendrait son ordi d’ici quelques jours.

ShowTom…

Photo: Tom Lapointe / FB