Photo: Florence Labelle / Canadiens de Montréal – Ivan Demidov
Samedi, je me suis tapé les chroniques d’Isabelle Maréchal et de Karine Gagnon dans le Journal et celle de Patrick Lagacé dans La Presse.
Je sais qu’il faut essayer de rester dans le coup pour avoir des clics et des cotes d’écoute, mais personne n’est obligé d’enligner les plus gros clichés pour attirer le fan du Canadien.
Franchement, l’entrevue avec le prof du département de psychologie de l’Université Laval qui débite des âneries, on a fait ça en 1980, la première année que le Canadien N’A PAS gagné la Coupe Stanley après quatre conquêtes d’affilée.
Photo: Isabelle Maréchal / FB
Quant à Patrick Lagacé dans La Presse, c’était un bon texte qui dépassait la tentative de récupération facile.
On le sait que les récentes victoires du Canadien font plaisir. Mais pensez-vous que les victoires du Barça à Barcelone ou du Real Madrid, des Reds de Liverpool ou des Yankees de New York ou des Chiefs de Kansas-City ne font pas vibrer les villes?
Le vrai drame, c’est que le Québec a perdu deux de ses trois équipes majeures. Les Nordiques et les Expos. Ça tripait à Québec et à Montréal avec les Bleus et les Z’Amours. Et y a déjà quelques intellos des pages éditoriales qui ont ressorti comment ces victoires faisaient oublier leurs problèmes aux Québécois.
C’est bien que les intellos se penchent sur le bon peuple et son opium mais y aurait-il moyen que ça suinte moins la récupération pesante?
Photo: Patrick Lagace / IG
«JE NE M’Y CONNAIS PAS EN SPORT»
Vous le savez, j’ai mené deux carrières en parallèle. Une de journaliste et une d’auteur et de producteur. J’ai eu ma part d’entrevues à la radio ou à la télé. Au moins 20 ou 30 fois je me suis fait dire en introduction à la première question:
«Vous savez, moi, je ne m’y connais pas du tout en sport…»
Comme si c’était un signe de supériorité de ne pas faire la différence entre Patrick Roy et Roy Dupuis…
«Ah! C’est parce que moi, je m’y connais en théâtre, en littérature, en musique classique, en politique, en économie ou en astrologie. Êtes-vous Bélier ou Taureau?»
D’habitude, le message était bien compris. On peut aimer le hockey, le sport ou le Canadien et être capable de réflexion, de jugement et de sens critique.
Et c’est vrai pour le million et demi de Québécois qui vont encourager leur équipe le premier match des séries. C’est vrai pour ceux et celles qui lisent cette chronique.
FRANÇOIS LEGAULT ET PAUL ST-PIERRE-PLAMONDON
C’est à cause de ce respect pour le sport et les sportifs qu’on peut s’amuser avec des politiciens et des hommes et femmes d’affaires d’influence qui tripent sur leur équipe et ses performances.
Jamais je n’accuserai François Legault d’opportunisme ou de tentative de récupération quand il parle du Canadien. C’est un vrai fan, membre d’un pool sérieux, qui suit les performances des joueurs avec attention. S’il a le goût de se montrer avec un chandail de son CH, libre à lui.
D’ailleurs, Maurice Duplessis était un fan fini des Yankees et allait voir jouer son équipe favorite à New York au moins une fois par année.
Quant à Paul St-Pierre-Plamondon, il a depuis longtemps mérité le droit de gager avec Enrico Ciccone, un ancien du Canadien. C’est un vrai partisan du Canadien, un connaisseur et un assidu des statistiques de vos p’tits gars. Même quand ils étaient pourris.
En plus, pour lancer sa campagne dans Jean-Talon, il a utilisé le thème de Lance et Compte. Ça nous a valu à lui et moi des menaces et des mises en demeure. C’est vous dire.
Photo: Florence Labelle / Canadiens de Montréal – Ivan Demidov
Le Canadien va participer aux séries. Ivan Demidov va jouer ce soir. Les médias alternatifs comme Dans les coulisses et les autres podcasts vont connaître un trafic fabuleux. C’est parfait. Ils étaient là quand le Canadien était moche et que seuls les fans et fefans absolus suivaient leur débandade.
Dans les médias traditionnels, ça va être plein de petits boss qui vont penser avoir l’idée du siècle pour récupérer la poussée et la fièvre du Canadien.
Dans le passé, on a eu droit à une religieuse qui mettait une statuette de St-Jude sur le côté du téléviseur occupé par Ken Dryden. Je l’ai fait dans La Presse. Il doit y avoir moyen de trouver une religieuse encore vivante quelque part.
On a fait aussi les analyses du psychiatre Yves Quenneville. Celles d’une sexologue sur l’influence du CH dans la vie sexuelle des Québécois et des Québécoises. Perso, ça chiâle déjà qu’écrire après les matchs retarde le moment doux du coucher.
Dans le temps, on a fait des papiers avec Jean Drapeau, Jean Doré, Pierre Bourque, Gérald Tremblay, Denis Coderre et une couple de présidents de Chambre de commerce sur les retombées économiques des matchs des séries. Smiling Val doit avoir quelque chose à sourire avec le CH, jamais je croirai…
L’histoire est un éternel recommencement. Et en fait, Shakespeare a écrit toutes les histoires. D’amour, de passion, d’inceste, de pouvoir, de familles. Que ce soit Hamlet ou Roméo et Juliette. Mais ça n’empêche pas Netflix de nous inonder de séries dramatiques qui reprennent les mêmes thèmes.
En fait, il devrait y avoir moyen de nous faire triper sans des papiers pompeux et pompiers de chroniqueurs qui n’ont aucune idée de quoi ils ou elles parlent.
Qui va nous expliquer pourquoi on ne demande pas à Ivan Demidov s’il dénonce Vladimir Poutine?
Parce que ça ne ferait pas partie de la récupération payante?
L’idéal, c’est que le jeune Demidov ait une douzaine de minutes de temps de glace. Qu’il s’acclimate à ses coéquipiers. Et si jamais il marque un but, je veux le commentaire de François Legault !
CHRISTOPHER GUERRERO: JUSTE BAVEUX CE QU’IL FAUT…
Jeudi soir, j’ai envoyé ma chronique avant les deux derniers combats. Pour soulager un peu le valeureux pupitre.
C’était inutile, Noé Cloutier a fini de travailler aux petites heures du matin.
Juste un mot pour souligner à quel point Christopher Guerrero a été impressionnant. Il affrontait un vétéran aguerri qui n’était pas piqué des vers. Et Guerrero a gardé son calme tout en étant agressif et en dictant l’allure du combat. Spectaculaire et il fait lever la foule.
Photo: Noé Cloutier / EOTTM – Christopher Guerrero
J’ai aussi beaucoup aimé quand il est allé faire l’accolade à son promoteur. Il y a dix ou douze ans, encore gamin, il avait promis qu’il irait décrocher une ceinture pour lui. C’est fait.
Un fidèle correspondant soulignait que nos boxeurs québécois sont souvent trop gentils et trop modestes. Qu’un peu d’arrogance dans un sport aussi dur que la boxe était un actif dans une panoplie.
Il a raison. Et Guerrero a ce petit côté baveux et assumé sur lequel on peut bâtir encore plus de confiance en soi.
David Lemieux a toujours eu cette confiance en lui-même quand il se préparait pour Golovkin, Saunders ou Benavidez. Des grosses, d’énormes pointures. Qu’il ait perdu n’a jamais changé sa façon d’être. Le lendemain, il aurait recommencé.
MARY SPENCER: UNE HISTOIRE DIFFÉRENTE
Et j’écrivais après le combat de Mary Spencer qu’elle n’avait pas livré un combat très spectaculaire et qu’elle était restée campée derrière son jab toute la soirée.
C’était vrai. Sauf qu’il y avait une raison majeure à ce changement de style. En lisant Frédéric Daigle et Dave Lévesque le lendemain, j’ai appris que Mary se battait avec un pouce de la main droite en compote et que chacune des rares droites qu’elle a données à Suarez la faisait trembler de douleur.
Autrement dit, ce qui n’était pas spectaculaire à regarder devient un haut fait d’armes quand on connaît toute l’histoire.
Autre leçon. Rien ne vaut un journaliste sur le terrain pour tout raconter. On apprend même à 100 ans dirait Janette.
Photo: Vincent Ethier / EOTTM – Mary Spencer (d’une seule main!)
DANS LE CALEPIN
Mon confrère Camille Dubé est décédé la semaine dernière. C’était un vrai pro. S’il avait accepté de porter une perruque, il aurait fait une carrière encore plus brillante aux sports de Radio-Canada.