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Quand Maurice Richard était l’idole des autres idoles

Réjean Tremblay - Punching Grace

Photo: NHL.com – Maurice Richard

Le gouvernement du Québec vient d’honorer Maurice Richard en le sacrant personnage historique du Québec.

Ne chialez pas que ça a pris du temps, cet honneur ne peut être donné que 25 ans après la mort de la personnalité.

Ben, Maurice, notre Rocket, ça fait 25 ans aujourd’hui qu’il est décédé.

Maurice Richard, pour certains, c’est un film de très haut niveau réalisé par Charles Binamé avec Roy Dupuis plus vrai que nature.

Photo: IMDb – Roy Dupuis, dans le rôle de Maurice Richard

Pour tous les autres, c’est une légende. Des yeux de feu. Le meilleur de l’histoire de la ligne bleue au but. Le déclencheur de la Révolution tranquille quand sa suspension lui a coûté un championnat des compteurs et provoqué une émeute.

L’émeute de Maurice Richard comme c’est passé à l’histoire.

Pour Jean-Marie Pellerin, l’auteur de sa biographie, Maurice, c’est l’Idole d’un peuple.

Vous ne pouvez pas comprendre ce temps des années 40 et 50 où tous les patrons étaient des foremen et des boss. Où les Anglos s’installaient dans une région, y construisaient une usine pendant que les Francos bâtissaient une grosse église pour le curé et sa bonne et allaient travailler à l’usine pour payer l’église.

Les Canadiens-français préféraient le Pepsi au Coke. Et Maurice réglait à coups de poings ceux qui le traitaient lui ou ses compagnons de «fucking Pepsi».

Le bon peuple, soumis et colonisé, ne relevait la tête que pour un seul homme. Maurice. Le Rocket. Le numéro 9.

Photo: Ville de Montréal – Maurice Richard

MAURICE S’ENDORMAIT DANS SON FAUTEUIL

Petit gars, j’avais une carte de Maurice. Avec une étoile bleue. La carte de Gordie Howe avait une étoile rouge. Quand j’ai compris que les étoiles rouges étaient réservées aux membres de la première équipe d’étoiles, j’ai eu le cœur gros dans la cour d’école.

Tellement qu’avec mon anglais de quatre mots, j’en ai parlé avec Gordie Howe quand j’ai convaincu La Presse de m’envoyer à Québec rencontrer Gordie et ses deux gars avec les Aeros de Houston. Pour un jeune journaliste aux faits divers de nuit à La Presse, c’était toute une aventure.

Et quand Bernard Geoffrion, après l’émeute, a privé Maurice d’un championnat des compteurs, le seul honneur qui lui ait échappé, j’en ai jasé avec le Boumer sur un avion en revenant de Long Island.

Mais Maurice, c’était mon cadeau à moi. Il demeurait au 10 950 rue Péloquin dans un bungalow correct et bien entretenu. Depuis, le nouveau propriétaire a considérablement amélioré la propriété.

Photo: Google Maps – L’ancienne maison de Maurice Richard (2022)

Maurice n’était pas riche. Pour arriver dans ses fins de mois, il vendait des lignes à pêche et des agrès. Le Canadien l’avait exploité toute sa carrière et il avait quitté l’Organisation avec une énorme rancœur.

Quelques fois par année, je trouvais un prétexte pour me rendre rue Péloquin.

Les premières fois, Maurice m’invitait au sous-sol où il entreposait son inventaire d’articles de pêche. Je me rappelle encore du tapis d’Ozite vert.

On jasait et je repartais toujours avec une chronique. Quand je l’achalais trop avec sa signification pour les Québécois, d’homme et de héros qui avait porté tout un peuple sur ses épaules, il souriait timidement et me disait de cesser de faire mon p’tit sautadit de séparatiste. D’ailleurs, il parlait toujours des Canadiens-français, pas des Québécois.

Un soir, où je parlais avec lui d’une idée de conte de Noël pour La Presse, il s’était endormi dans son fauteuil berçant. Ça avait été ça l’idée! Un rêve… réel de Maurice jouant une partie de hockey en plein air avec Wayne Gretzky, Mario Lemieux, Howie Morentz, Georges Vézina, Guy Lafleur et les autres…

Et c’était lui qui comptait le but vainqueur… avant de se réveiller.

J’avais quitté en saluant Lucille et sans le réveiller.

Photo: Sportsnet – Jean Béliveau et Maurice Richard

Au Québec, ils ont été deux. Maurice Richard et Guy Lafleur. Et peut-être Jean Béliveau. Mais Béliveau, ce fut toujours différent. Il n’affichait pas la même passion. Ce n’était pas dans son tempérament.

Pour illustrer cette chronique, j’ai eu recours à mon archiviste favori. Le magicien Alain Choquette dont plusieurs artefacts de Maurice sont présentement analysés par les spécialistes du musée McCord.

Alain m’a fourni une photo de Maurice avec le légendaire peintre Riopelle en train de compléter une œuvre racontant Maurice sur une porte. Le beau blond au milieu, c’est l’Humble.

Il y a également une photo historique prise pour le centenaire de La Presse. Maurice s’était rendu au domicile de Félix Leclerc à l’Île d’Orléans. L’Humble attendait avec Félix l’arrivée du Rocket.

Et au restaurant près de sa maison, Félix a écrit sur une feuille un poème qu’il a lu puis remis à Richard qui rougissait presque. Alain Choquette a l’original.

Lady Ju a également retrouvé dans le déménagement cette grande photo où on voit Maurice, Émile Bouchard et Elmer Lach avec la grande chanteuse de l’époque, Muriel Millard. J’essaie de la convaincre de donner la photo à Choquette. Il le mérite bien, il m’a tellement aidé au cours des années.

En passant, Alain donne un spectacle au Patriote à Ste-Agathe. Vendredi soir. Après, ça va aller à l’automne.

L’article dont je suis le plus fier avec Maurice? À force de picosser Molson et le Canadien, à force de les critiquer, André Tranchemontagne, le vice-président marketing, a payé un énorme magot pour ramener le Rocket dans le giron de la Brasserie. Ça faisait vingt ans que Maurice n’avait pas bu une Molson.

Il était bâti de même.

Et je dois dire que j’ai écrit le concept et le scénario de la fermeture du Forum.

L’ovation monstre. Celle qu’on ne peut oublier. Je le confesse, j’avais des frissons sur le corps et le moton dans la gorge quand le peuple a crié son amour pendant presque 10 minutes et que le réalisateur de la télé américaine ne savait plus quoi faire pour décrocher et passer ses messages publicitaires.

Pourquoi pensez-vous que ce métier est si passionnant?

Photo: NHL.com – «Le Rocket»

EN APPEL D’OFFRES POUR OSLEYS IGLESIAS

Voilà qu’Eye of the Tiger se retrouve dans un appel d’offres pour la présentation du combat entre Osleys Iglesias et Vladimir Shishkin. Le gagnant se retrouve aspirant obligatoire pour le titre IBF des super-moyens. Camille Estephan espérait arriver à une entente négociée avec le promoteur de Shishkin, l’Américain d’origine ukrainienne Dmitry Salita, mais encore une fois, on va se rendre aux enchères.

Photo: Adam J. Dewey – Dmitry Salita, Vanessa Lepage-Joanisse et Antonin Décarie

Vous avez déjà compris que j’aime beaucoup Osleys Iglesias. J’ai contribué au superbe documentaire tourné par le réalisateur François Coulombe-Giguère et produit par Julie Bertrand et Emanuelle Estephan et comme on a eu besoin de huit mois pour compléter le travail, j’ai eu le temps de mieux connaître Iglesias et les gens de son entourage.

Ce fut un plaisir de chaque instant. Et les images d’Osleys chez-lui en Allemagne avec sa femme et sa petite fille et ses conversations par Face-Time avec sa mère restée à Cuba, ont fini par faire tomber mes réserves.

Photo: Vincent Ethier – Osleys Iglesias

J’espère qu’EOTTM va remporter ces enchères et qu’on pourra présenter aux amateurs québécois ce boxeur spectaculaire et percutant.

Ça serait le cadeau de l’été avec la signature d’un solide deuxième centre par le Canadien.