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Une signature… pour entrer dans le coeur, c’est important

Réjean Tremblay - Punching Grace

Photo: Guy Lafleur

La chronique d’hier sur Maurice Richard a eu des retombées inhabituelles. J’ai reçu plein de photos de souvenirs laissés par le Rocket avec des gens de tous les milieux.

Mais le souvenir le plus étrange et le plus fou, c’est la photo d’un 25 cents en papier que m’a fait parvenir une amie Martine Drouin.

C’est elle qui l’a en sa possession. J’avais écrit un texte il y a vingt ans sur l’histoire de ce 25 cents de papier qui avait cours dans les années 20, 30 et 40. On remonte à l’époque où le Canada était un Dominion et où le français était banni sur les billets de banque au pays.

Photo: La Presse – Vue dans une chronique de l’Humble (2004)

En 1945, un beau jeune homme aux yeux perçants avait mangé dans un restaurant de Québec. La jeune serveuse, Thérèse Maranda, avait 13 ou 14 ans. Et ce beau jeune homme lui avait donné 25 cents de pourboire. C’était énorme dans le temps où la norme était de 10 cents.

Photo: LE 25 cents signé par le Rocket

C’est le propriétaire qui avait demandé à Thérèse de faire signer son billet par Maurice Richard, lui-même en personne.

Regardez la photo, la signature est élégante et claire.

Jean Béliveau se faisait un devoir de signer des autographes avec grand soin et application.

Quand Guy Lafleur est arrivé avec le Canadien, le Grand Jean lui a donné un conseil: «On va te demander des autographes. Applique-toi parce que le jeune à qui tu donnes ta signature va la montrer à tous ses amis dans la cour d’école. C’est important que tous puissent la lire», lui avait dit Béliveau.

Photo: Jean Béliveau

Et jamais Guy Lafleur n’a griffonné une signature le reste de sa carrière. En ajoutant un petit 10 au bout du nom.

À la boxe, Christian MBilli s’efforce toujours de bien signer son nom. Souvent, il écrit ses initiales et ajoute le «Solide» sur l’autographe.

Le dénominateur commun? Le respect des fans et des jeunes.

Photo: Christian «Solide» Mbilli

JEAN CHRÉTIEN OPÉRÉ AU CŒUR À 91 ANS

La blague est trop facile. Jean Chrétien a été opéré au cœur. La bonne nouvelle, c’est qu’on en a trouvé un.

Blague trop facile parce que si Jean Chrétien a été un féroce défenseur de ses convictions, il a été un premier ministre capable d’être spontané et de parler pour vrai au monde ordinaire.

Même aux «séparatisses» qui le critiquaient trop souvent.

Jean Chrétien adorait le sport. Quand il était invité au Grand Prix du Canada et que Normand Legault rechignait à accréditer 24 gardes du corps pour le premier ministre, M. Chrétien gardait sa bonne humeur.

Ça m’est arrivé souvent de jaser chars avec lui. Il me parlait des minounes qu’il avait eues jeune étudiant et avocat débutant, des freins à tambours, des ressors trop tendus, des propulsions avec des pneus d’été qu’un habile mécanicien du village gravait avec un fer brûlant pour les transformer en pneus «d’hiver».

Il pouvait parler de hockey ou d’olympisme avec beaucoup d’à-propos puisque sa fille, mariée à André Desmarais, siégeait sur le conseil du Comité olympique canadien.

Avec Marcel Aubut, Reynald Brière, Jean Pagé et sept ou huit amis de la bande de motards, on s’était rendus à son chalet près de Shawinigan.

Photo: Jean Chrétien avec l’Humble et Jean Pagé

À l’entrée de la petite route qui conduisait à la résidence, trois officiers de la GRC avaient levé la main pour nous indiquer d’arrêter. Marcel Aubut, toujours aussi confiant, avait levé la main pour leur rendre leur salut. Et ne s’était jamais arrêté. Et on était arrivés la dizaine en moto avec M. Chrétien et sa femme qui attendaient sur le bord du gazon.

Il nous avait offert une bière et une fois dans la maison, il m’avait montré des Unes de La Presse laminées accrochées sur un mur:

«Toi, mon p’tit Tremblay, t’as pas dû voter souvent pour moi?», m’avait-il lancé avec sa voix gutturale: «Honnêtement? Jamais. J’ai jamais voté rouge de ma vie», avais-je répondu.

Il avait ri et la conversation avait dérapé sur la visite qu’il avait reçue de Jacques Chirac le président de la France: «Lui, c’est le fun de le recevoir. Pas compliqué. Il aime la bière. Moi-aussi», avait-il dit.

Avant de partir, je lui avais demandé s’il ne pouvait pas prendre une minute pour appeler Lucette au Lac-St-Jean, ma belle-mère de l’époque.

«Donne-moi son numéro…»

On est reparti.

Le soir, j’ai appris que le premier ministre avait appelé Lucette.

«Bonsoir Lucette, c’est Jean Chrétien, le premier ministre du Canada…»

«Toi Michel Beaudry, tu viendras pas rire de moi icitte, là là…»

Faut dire que Michel Beaudry a toujours été populaire au Lac. Sans doute que M. Chrétien va en rire encore en se remettant de son opération.

Et je n’ai toujours pas voté rouge de ma vie…

DANS LE CALEPIN

Ils sont arrivés cinq pour paqueter le déménagement. Un travail de pros. Dans l’équipe de Shaun, il y a Karl. La trentaine à l’œil. Lui et sa femme ont dix enfants. La plus jeune a un an, la plus vielle 14. L’épicerie coûte 1000$ par semaine. Pour aller au McDo, ça prend deux voitures et 200$.

Mais Karl et sa femme ne changeraient rien à leur vie pour tout l’or du monde. Ils sont heureux. Si je trouve un angle sportif dans l’histoire, je vais vous la raconter un jour. Les autres, Sébastien, Jessy, Sabrina travaillent dur et ont le sourire facile.

Ils sont tous partisans du Canadien.