La reconstruction est terminée. C’est ce que les gens pensent. J’estime que la poussée du printemps dernier qui a mené le Canadien en séries éliminatoires, a été un signal pour l’Organisation.
Le temps est venu de passer aux choses sérieuses. On a eu droit au mot commençant par « S » pour Séries de Jeff Gorton suivi du faut être dans le mix de Geoff Molson… Cette année, c’est simple : participer aux séries éliminatoires est obligatoire. Comme dirait Michel Therrien : pas d’excuse.
Je pense que la pression doit être plus forte sur le CH dès le départ. On ne peut pas mouler une équipe qu’on veut championne sans que ses membres soient capables de vivre sous la pression.
Les Glorieux ont eu droit à des années complètes d’indulgence et de clémence. Les défaites étaient bonnes, elles valaient plus que les victoires. Quand le CH s’est retrouvé en série contre les Capitals de Washington, ça pris juste un beû un peu épeurant pour que le courage s’effondre.
Faut que cette fragilité cesse. La seule solution est de se battre avec acharnement soir après soir pour participer aux séries. Et de réussir. L’obligation doit être formelle à partir du Jour Un.
Photo: Canadiens de Montéal / YT – Jeff Gorton
Et la pression doit venir des amateurs consommateurs et des médias qui vendent aux consommateurs. Fini les traine-savates.
C’est mon point de vue. Le Snake, Simon Boisvert, le gourou qui a installé ses pénates à KO TV de Louis Morissette pour la prochaine saison, est plus souple : « Pour moi, l’important n’est pas de participer aux séries. Ce n’est pas obligatoire. Ce qui compte, c’est que le groupe clé de jeunes joueurs continue de progresser. Quand bien même que Brendan Gallagher compterait 30 buts dans deux ans, ça ne changera rien aux succès futurs du Canadien. Si le CH rate les séries par une couple de points, ça n’en fera pas des losers », de dire le Snake.
Je me permettrai de ne pas être d’accord avec Simon Boisvert. C’est justement la mollesse des fans qui a permis à des équipes comme San Jose ou Buffalo de se traîner dans les bas-fonds de la LNH sans conséquences majeures. Rien de mieux que des partisans et des médias allumés qui veulent des victoires pour forger les caractères.
Photo: HabsolumentFan – Simon “Snake” Boisvert
Comme dirait l’Office de la langue française, Go Habs Go ! C’est obligatoire.
Moreno Fendero: Un Homme, un Boxeur, un Soldat
Depuis son arrivée au Québec, Moreno Fendero gagne les cœurs. Dont le mien. Ce fils de Centre-Afrique, qui a grandi en France, est un homme brillant et surtout, droit comme une flèche.
Faut le faire. Comme Christian Mbilli, il a quitté la France où il était minouché par la fédération et a pris le chemin du gym de Marc Ramsay.
Photo: Moreno Fendero
Il se bat en préliminaire, il ouvre souvent les soirées et surtout, il accumule les knockouts percutants. Au passage, lui qui était l’aîné de trois ans de Jhon Orobio, il est devenu une sorte de grand frère du jeune Colombien. Appartement, faire son épicerie, bien manger, dormir, ouvrir un compte de banque, obtenir un permis de conduire, Moreno a été de tous les combats de la vie quotidienne.
Tout ça en préparant et menant sa propre vie. Sa jeune femme Yasmine Bouraïb, 22 ans, est bachelière en économie de la Sorbonne, la prestigieuse et historique université de Paris. Elle a épousé Moreno et a pris un vol pour Montréal. Yasmine est propriétaire d’un gym où les femmes peuvent se retrouver pour souffler un peu, s’essouffler à l’entrainement et se retrouver. Et Yasmine peut mettre en pratique ce qu’elle a appris à la Sorbonne. Autrement dit, les affaires vont bien.
Photo: Yasmine Bouraïb
Encore plus quand Dalida Bouraïb, la belle-maman, vient visiter sa fille à Montréal. L’addition est simple : ça fait deux femmes pour le gâter dans la maison, dit-il en riant.
L’autre jour, Moreno est venu à la maison à Mirabel. C’était pour compléter un documentaire pour TVA Sports et Punching Grace. Il avait apporté la veste de son uniforme qu’il portait dans la marine française.
Photo: Dalida Bouraïb
C’est fou les codes à défricher sur une simple veste. Tel cordon indique le corps militaire, telle médaille souligne tel exploit, on pourrait écrire La Guerre et la Paix juste en décodant une simple veste. Et la Guerre et la Paix de Leon Tolstoï fait quand même 1,350 pages.
« J’ai servi quatre ans comme sergent-chef sur le Charles-de-Gaule, l’unique porte-avion nucléaire de la flotte française. Et de l’Europe », explique Moreno.
En fait, il s’est rendu en Chine, en Pologne, en Allemagne sur son géant des mers, la pièce reine de la marine française. Il a participé à plusieurs opérations militaires dans le rôle crucial de « chien jaune ». Le chien jaune, c’est celui qui guide l’atterrissage ou l’appontage puisqu’on est sur un porte-avion des jets. Moreno se servait de ses quilles jaunes pour guider les pilotes. Par soleil de plomb en mer de Chine, sous la pluie dans la Méditerranée, dans les tempêtes ou le grésil dans le nord des eaux allemandes. Jour et nuit, parfois dormant sur le pont entre deux séries d’atterrissage : « Je l’ai fait parce que j’avais cet instinct en moi. Et aussi pour redonner à mon pays, la France, ce qu’elle avait été assez généreuse de me donner », d’expliquer Moreno.
Photo: Moreno Fendero qui sera en action au Casino de Montréal le 4 septembre
Notre homme a frôlé la mort à plusieurs reprises. En 2013, à 13 ans, il est parti en vacances en Centre-Afrique. Le coup d’état a éclaté pendant le séjour de la famille et père, mère, fils ont passé un an à essayer d’éviter les bombardements et les rafles des mercenaires.
Mettons que lui, quand il monte dans le ring, tout Africain soit-il, il a déjà vu neiger.