Vous avez vu la photo des joueurs du Canadien dans leur uniforme rouge sur les Plaines d’Abraham devant le Château Frontenac?
C’est un symbole puissant de la position du CH, des Habs comme les appellent les lecteurs de The Gazette, dans l’ensemble du Québec. La dernière fois qu’on a vu autant d’uniformes rouges sur les Plaines d’Abraham, c’était après la bataille des Plaines et la défaite des troupes françaises de Montcalm.
En trois jours, bien dirigés par les dirigeants et le service de communications du CH, les Glorieux ont balayé toute résistance qui pouvait encore survivre à Québec.
Photo: Les Canadiens devant le Château Frontenac
Pour parodier Jules César, aussi grand écrivain que grand militaire, ils sont venus, ils ont vu et ils ont vaincu. L’ancien royaume des Nordiques a été balayé et le Canadien s’est installé.
Les trois jours à Québec ont servi à une formidable opération de mise en marché. Les joueurs ont établi leur camp à l’Entourage au lac Beauport, le royaume des joueurs de la Ligue nationale qui ont les moyens d’acheter des domaines sur le lac. Ils ont joué à La Tempête, le club de golf favori de Jacques Tanguay, Jeff Filion et d’autres leaders des affaires et des médias à Québec.
Ils ont même participé à une soirée karaoké et ont fini par un exercice au Centre Vidéotron suivie par 1000 jeunes qui ont raté l’école pour voir les nouveaux conquérants.
En trois jours, la victoire était totale.
Habs Nation… À lire
Les temps ont changé. J’ai lu en fin de semaine le livre Habs Nation de Brendan Kelly. C’est lui qui tient la rubrique What the Puck dans The Gazette.
Son livre, très bien écrit et qui va au cœur des choses, raconte comment le Canadien a été fondé pour servir les Canadiens-français et comment plus le ratio de francophones était élevé, plus l’équipe gagnait des Coupe Stanley.
Photo: Sportsnet – Cole Caufield
Kelly a rencontré de nombreux leaders québécois, que ce soit Serge Savard ou le cinéaste Denys Arcand, et il s’est penché avec intelligence sur la tendance prise par l’Organisation depuis le départ de Savard.
Il souligne évidemment comment le départ des Nordiques et surtout la défaite serrée au référendum de 1995 ont complètement modifié le tissu social du Québec. Et que les nouveaux propriétaires se sentent libérés de l’obligation d’offrir une équipe ressemblant aux partisans.
Surtout que les sièges sont vendus à des prix inflationnistes et que le building est rempli pour un match entre les Blancs et les Rouges.
Habs Nation. C’est à lire. Le point de vue d’un Anglo intelligent et ouvert d’esprit mérite d’être connu…et apprécié.
Photo: Le centre-ville de Sheffield
Makhmudov s’est envolé pour Sheffield
La dernière fois que j’ai mis les pieds à Sheffield, c’était avec Kevin Bizier et Marc Ramsay. Bizier allait affronter Kell Brook. Ça n’avait pas été très long et Brooks avait passé le knock-out au Québécois en quelques rounds à sens unique.
Ce fut le dernier combat de Bizier qui vit d’ailleurs des moments difficiles dans la région de Québec. Si on se fie à certaines publications sur ses réseaux sociaux du moins.
Sheffield, en tous les cas, c’est vrai pour l’aréna, ne sera pas de la tarte aux pommes pour Arslanbek Makhmudov. La boxe est une religion bien arrosée à Sheffield. Pour le combat de Bizier, ça avait été un peu moins pire que notre soirée à Nottingham pour Lucian Bute et Carl Froch où on avait verrouillé les portes pour empêcher les gars soûls de trop dégobiller dans l’aréna, mais le Utilita Arena de Sheffield n’a rien à voir avec le Centre Vidéotron.
Photo: Julie Bertrand et Kevin Bizier
C’est intimidant et, faut le dire, le comportement des fans est plutôt barbare.
C’est la scène du prochain combat de Makhmudov contre Dave Allen. Dave Allen n’est pas Muhammad Ali mais c’est un poids lourd typiquement british. Du chien et du courage. Et des fans.
Quand on lit la presse anglaise, on comprend mieux le défi qui attend le grand Makhmudov :
« C’est un Goliath mais quand il se fait frapper, il tombe en pièces rapidement et rien ne peut changer ça », soutient Peter Fury. C’est un bon entraîneur de boxe et est l’oncle de Tyson Fury. Peter Fury a un passé judiciaire pour le moins rock-and-roll. Disons que ce n’est pas nécessairement un ange.
Photo: Vincent Ethier – Arslanbek Makhmudov
«Vous pouvez être un maître de la boxe, vous pouvez être un grand puncheur, mais si vous avez un cœur comme un pois, il va rester un pois, n’est-ce pas.
«C’est un sport de sang et de tripes et si vous ne l’avez pas, vous ne pouvez pas l’obtenir par l’entraînement. Ça doit être en vous», a-t-il dit à la presse britannique.
«Dave Allen a ce que Makhmudov n’a pas», de dire Fury.
Dave Allen a Eddie Hearn comme promoteur. Et celui-ci fait déjà miroiter de gros combats très lucratifs pour Allen advenant une victoire. On parle déjà de Deontay Wilder.
Photo: Sky Sports – Dave Allen
On réalise tout de suite que les deux défaites par K.-O. de Makhmudov ont laissé des traces. Son aura de géant tueur de géants est amoindrie. Et on se dit que n’importe lequel solide boxeur peut répéter les exploits de Agit Kabayel et de Guido Vianello. Ce qui mérite une mise en situation. Agir Kabayel fait partie de la vraie élite mondiale et on va bien voir comment Vianello va se comporter devant Alexis Barrière la veille du combat de Makhmudov. Ça va donner un week-end de boxe intéressant.
Cela dit, Peter Fury peut dire ce qu’il voudra, Arslanbek Makhmudov n’a pas un problème de cœur dans un ring. Il a un problème de sang-froid. On dirait que Makhmudov est tellement pressé d’achever son adversaire que tout le travail de préparation de Marc Ramsay prend le bord de la poubelle au son de la cloche.
Makhmudov sait boxer. Il a fait 10 rounds disciplinés contre Carlos Takam qui n’avait rien d’un pied de céleri.
Ce Makhmudov, posé, discipliné, courageux et avec la force d’un tracteur quand vient le temps de cogner, est capable de battre Dave Allen.
Photo: Sky Sports – Tyson et Peter Fury
Et de se replacer dans une position de force pour obtenir de gros combats à nouveau.
Mais s’il panique ou s’il perd la tête à vouloir arracher celle de Dave Allen…
Malheureusement, le doc Mailloux est décédé. C’est Makhmudov lui-même qui doit trouver la réponse.