Christian Mbilli avait besoin d’une victoire pour forcer un combat contre Terence Crawford. Mais Mbilli a sauvé l’essentiel. D’abord sa ceinture de champion du monde intérimaire WBC, grâce à ce match nul contre Lester Martinez. Et surtout, sa réputation d’être un des boxeurs les plus spectaculaires sur la planète boxe internationale.
Autrement dit, quand on est capable de faire lever 70,000 spectateurs à Las Vegas, on devrait être capable de faire lever 10,000 personnes au Centre Vidéotron.
Mais il y a un prix à payer pour être aussi spectaculaire. Si Mbilli force l’allure des combats en multipliant les attaques, il reçoit également une large part de coups. Parfois très puissants. L’exemple le plus dramatique étant le 8ème round contre Carlos Gongora au Casino.
Samedi soir, Mbilli n’a pas été mis en danger par Martinez. Mais il s’est fait frapper solidement très souvent. Plus d’une centaine de bons coups. Je sais que la boxe de Christian Mbilli est faite de coups en volume mais il lui faudra peut-être apprendre la richesse que peut apporter la capacité de modifier une stratégie en cours de combat.
Christian Mbilli a le cœur gros comme tout le Québec. D’ailleurs, pendant que Paul St-Pierre-Plamondon se rendait en Alberta en tournée « diplomatique », Christian, né et élevé au Cameroun, représentant la France aux Jeux Olympiques, se présentait avec un magnifique drapeau du Québec dans un ring et devant plus de 100 millions de téléspectateurs dans le monde.
Photo: Vincent Ethier – Christian Mbilli
La semaine même où Caroline Proulx se faisait déménager du ministère du Tourisme aux Aînés. Elle aura vécu un dernier coup d’éclat pour son Québec qu’elle a travaillé à faire rayonner sur la planète.
Hier, sur le site du Ring Magazine qui appartient à Turki Al-Sheikh, le vrai financier de l’évènement monstrueusement gros de Vegas, le columnist du magazine, un vieux de la vieille, défendait le combat de Mbilli-Martinez comme étant le combat de l’année.
Et les centaines, sinon les milliers de commentaires laissés sur le site du Ring, allaient dans le même sens. Un combat fabuleux et un résultat nul qui faisait plein de sens.
Perso, j’avais Mbilli par un point. Mais à qui donner le septième round? Ou même le premier?
Photo: DAZN – Turki Al-Sheikh
Et fidèle à Las Vegas, une des juges a donné un 97-93 en faveur de Martinez. Je pensais qu’Adalaide Byrd, l’épouvantable juge de Vegas et épouse de l’arbitre Robert Byrd, était à la retraite depuis belle lurette. On me dit que Dana White l’a récupérée dans la UFC. Y a dû en trouver une pareille pour son gala de samedi.
Voilà Christian Mbilli encore invaincu. Toujours aspirant numéro un ou deux dans les classements. Des Québécois présents à Vegas samedi, étaient encore étourdis par l’ampleur de ce gala organisé dans le désert.
Et ils se demandaient ce qui a bien pu se passer au Québec pour que le seul succès assuré soit un gala devant 600 personnes au Casino. On est passé du Stade olympique pour Duran-Leonard à une couple de cent payants pour Kim Clavel au Théâtre St-Denis.
Heureusement, le combat d’Artur Beterbiev il y a deux ans au Centre Vidéotron a montré qu’on pouvait encore faire quelque chose de spécial.
Photo: Vincent Ethier – Artur Beterbiev
Il faut que la boxe québécoise qui n’a jamais compté autant de boxeurs de grande qualité de toute son histoire, retourne parler au monde.
La machine infernale du CH a bien des défauts. Mais ses artisans parlent au monde. Même si c’est pour bullshiter.
Hier matin, je me suis tapé le match des recrues, une autre défaite du CF Montréal, un ou deux autres évènements mineurs à Sports 30 à RDS et une pause commerciale avant qu’on m’offre un résumé du combat de Christian Mbilli. Y a toujours bien une limite à l’incompétence crasse.
Pour différentes raisons à la fois commerciales et sociales, Adonis Stevenson, Eleider Alvarez et Jean Pascal n’ont pas été capables de récupérer le flambeau que passait Lucian Bute.
Le vacuum a été terrible pour la boxe québécoise.
Avec ce qui vient de se passer à Las Vegas, c’est Christian Mbilli qui va reprendre le flambeau et le porter bien haut.
Canelo Alvarez… Beau après la défaite
Canelo Alvarez a reçu une leçon de boxe. On va s’entendre. Osleys Iglesias l’aurait proprement torché.
Mais la boxe est un sport. Plus encore, c’est le Noble Art. C’est un combat équilibré entre deux adversaires selon un code d’honneur et des règles précises.
Hier, après leur combat, les deux hommes Terence Crawford dans la victoire et Canelo Alvarez dans la défaite, ont été à la hauteur de leur « art ».
Photo: Yahoo Sports – Crawford vs Canelo
Terence Crawford a rendu hommage à Canelo en disant qu’il était un de ses fans. Après avoir remercié Dieu. Mais Artur Beterbiev remercie Allah, c’est bien correct avec moi. Je remercie Sylvain Le Plan chaque semaine.
Lors du point de presse, Crawford a remis toutes ses ceintures à Canelo. C’est un geste dans la plus pure tradition de la boxe. Les différentes fédérations vont en fabriquer d’autres pour le nouveau champion.
Alvarez a rendu hommage à Crawford. Il a également ajouté qu’il avait déjà perdu des combats, qu’il savait encaisser une défaite et que la vie était belle et qu’il continuerait à se battre parce qu’il adore la boxe.
Photo: Boxingnews – Saul «Canelo» Alvarez
Sa femme, à ses côtés, refoulait ses larmes…
La soirée a été un succès colossal. Des recettes aux guichets de 70 millions canadiens. Faites le calcul, c’est une moyenne de 1000 $ le ticket. Les billets à 20 $ étaient plutôt rares.
Quant à Netflix, les résultats préliminaires parlent de 100 millions de téléspectateurs. On ne connaît pas encore le nombre de foyers. Mais Sylvain Le Plan et Érik Ryan ont suivi le combat dans un « cigar lounge » luxueux à Sin City. Paraît que l’écran était gigantesque. Ça compte pour un foyer…avec des dizaines de clients.
Photo: Christian Mbilli et Erik Ryan en arrivant de Las Vegas
À Londres, Eddie Hearn ne s’est pas gêné pour plaider en faveur de la WBC et des fédérations traditionnelles qui ont bâti la longue et prestigieuse histoire de la boxe :
« Je me fous d’une ceinture TKO telle que veut l’imposer Dana White », a-t-il déclaré.
C’est l’autre très grosse histoire de la semaine à Vegas. La prise de contrôle de la boxe que tente Dana White, l’ami de Donald. Même Mauricio Sulaiman a eu des difficultés à se faire inviter dans le ring pour la remise des ceintures WBC. Christian Mbilli et Lester Martinez ont fourni le combat de la soirée et pourtant leurs promoteurs n’ont pas été invités dans le ring. Et les membres de l’équipe de Marc Ramsay se sont fait suer toute la semaine.
Photo: Zuffa Boxing – Christian Mbilli et Lester Martinez
Le plan de Dana White est simple. Il se donne cinq ans pour prendre le contrôle de la boxe internationale pour recréer une plus grosse UFC. Les boxeurs vont pouvoir se faire exploiter bien tranquillement comme le sont les gars et les filles des MMA.
Mais ce n’est pas nécessairement le plan de Turki Al-Sheikh…heureusement.
Soit dit en passant, ceux qui ont suivi le gala en entier ont sans doute remarqué qu’on employait les mêmes plans de caméras que pendant les grands spectacles de Wrestlemania.
Normal, la WWE et TKO sont des compagnies sœur.
Dans le calepin
Pendant ce temps, chez-nous, on va avoir droit au gros gala de l’année. Le tournoi de golf du Canadien.
On devrait savoir sur l’heure du midi si on vise le mix ou les séries. Geoff y pensait encore en allant se coucher hier soir.
Photo: Geoff Molson