Si j’étais le père de Steven Butler, j’aurais préféré que mon fils affronte Erik Bazinyan que Stéphane Fondjo.
Bazinyan, c’était le terrain connu. Des pièges techniques, de l’expérience, du talent, mais du connu. Et puis surtout, Bazinyan, c’était affronter un boxeur qui cherche ses repères depuis la mort de son père. Le cœur y est encore, mais le cordon est plus long, vous voyez ce que je veux dire.
Alors que là, Butler est pris avec un pareil à lui. Un gars parti de Yaoundé au Cameroun après avoir gagné les championnats d’Afrique pour aller se battre à Dubaï contre des adversaires médiocres, faut le dire.
Puis, contrairement à son compatriote Christian Mbilli qui flirte allègrement avec Dubaï, Fondjo a quitté le désert et une ville qui ressemble à un méga Vegas, pour venir s’installer au Canada.

Photo: Bernard Brault – Steven Butler et Stéphane Fondjo
Et le voilà au Québec pour affronter Steven Butler. Je sais que si on se fie à sa fiche BoxRec, Steven Butler sera son premier combat deux étoiles de sa carrière. Fondjo affronte un jeune homme qui a déjà une énorme carrière derrière lui. Dont deux combats de championnats du monde au Japon et en Californie contre les deux meilleurs de la division des poids moyens.
Mais Fondjo a affronté plus dur que Steven Butler dans sa vie. Les rues de Montréal peuvent être meurtrières dans tous les sens du mot mais la vie en Afrique de l’Ouest pour qui ne fait pas partie de la classe dominante, est inimaginable pour un Québécois.
Les mères pleurent quand les fils finissent par prendre un appartement à 25 ans avec la signature des parents pour endosser le bail. À 20 ans, Fondjo a pris son baluchon et son passeport camerounais et a pris la grande route. Destination Dubaï, le Mexique, Bangkok en Thaïlande où il s’est battu, raflant des titres africains ou asiatiques de la WBA ou de la WBC.
Avez-vous une idée ? Avec quel gérant ? Quel promoteur ? Quel avocat pour défendre ses droits ? Et où trouver des nutritionnistes et des médecins pour soigner les bobos ?

Photo: Bernard Brault – Stéphane Fondjo
Il a fini par prendre un vol Dubaï-Toronto et est venu vivre au Canada. Et le voilà au Québec avec le vétéran Ian MacKillop, l’ancien coach de Mary Spencer, qui doit remplir toutes les fonctions demandées.
Mais le jeune n’a que 27 ans et déjà 15 combats derrière la cravate.
Je ne pense pas que son expérience dans le ring puisse se comparer à celle de Butler. Je ne pense pas que sa force de frappe égale celle de Bang Bang. Mais je crois que son appétit de la vie, son désir de s’établir enfin, sa détermination à poursuivre une carrière honorable dans des bonnes conditions sont au moins aussi grands que cette rage qui a toujours poussé Butler à aller plus loin.
Juste pour cette rage de sortir enfin de la précarité et d’atteindre un vrai statut professionnel me le rend sympathique. Et dangereux. Un homme désespéré, même quand il n’a que 27 ans, est toujours dangereux.

Photo: Vincent Ethier Ian MacKillop, Camille Estephan et Mary Spencer
BUTLER : UNE TRÈS BELLE RÉACTION
Par ailleurs, on oublie à quel point Steven Butler a bien réagi dans la saga de son combat finalement annulé contre Erik Bazinyan.
Butler s’est préparé trois fois. Trois fois, on a repoussé l’affrontement. Trois fois, Butler s’est fermé la trappe. Il n’a pas fustigé Bazinyan, il ne s’est pas plaint de son promoteur, il n’a pas fait suer ses entraîneurs. Il s’est remis au travail et a repris sa préparation. Trois fois.
Hier, Butler a juste souligné que Bazinyan n’avait même pas daigné l’appeler pour s’excuser. Mais il n’a pas dépassé les bornes.
Je peux le dire, je connais bien Steven Butler. Pour différentes raisons. Pour avoir couvert ses combats, pour avoir œuvré sur plusieurs documentaires et avoir longtemps jasé avec lui et ses proches quand les caméras ne tournaient plus.
C’est un homme attachant. Immensément attaché à sa femme et ses enfants. Un homme venu de la rue. Pas parce qu’il était d’une famille pauvre mais parce qu’il a vite connu la griserie du risque.

Photo: Vincent Ethier – Steven Butler
C’est en montant l’escalier menant au gymnase Champion qu’il a trouvé sa voie.
La boxe est fabuleuse. Un p’tit gars de l’Est est devenu un professionnel accompli et il va affronter un gars du Cameroun venu tenter le grand coup au Québec avec l’aide de Ian MacKillop, le même qui était dans le coin de Shakeel Phinn. Des parcours qui passent par le Japon, Dubaï, Bangkok, Vegas et par le club de boxe Champion.
La boxe a quelque chose d’unique. Rendu à un certain niveau, chaque combat devient une question de survie.
Imaginez si Stéphane Fondgo gagne contre un boxeur qui a déjà été dans le Top 10 mondial et qui s’est battu deux fois en championnat mondial. C’est toute sa vie qui va prendre une autre dimension…
Quant à Steven Butler, imaginez s’il perd contre un inconnu qui a gagné sa crédibilité en faisant du gros sparring contre Shakeel Phinn ?

Photo: ATP Tour – Felix Auger-Aliassime
FÉLIX AUGER-ALIASSIME BRILLE
Félix Auger-Aliassime a battu Ben Shelton, numéro 5 mondial, à la finale de l’ATP. Si Félix atteint le carré d’as, ce serait un exploit. Le niveau de ce tournoi est le plus élevé au monde.
LE CANADIEN AURAIT PU PERDRE JUSTE 4-1
Je lisais les commentaires des fefans après la défaite de 5-1 du Canadien contre les Kings de Los Angeles. Les chasseurs de Montembeault l’ont rendu responsable de la débâcle des Glorieux.
Ils ont raison, le CH aurait dû perdre 4-1.
Quand t’en scores un, ça veut dire que le gardien doit réussir un blanchissage si tu veux espérer gagner.
Ce qui ne veut pas dire que Samuel n’a pas été faible sur le troisième but des Kings…
Pis ?

Photo: Rocky Mountain Outlook – Samuel Montembeault