Quand le Big Three est devenu le Big Three, deux de ses piliers étaient déjà des hommes matures. Des joueurs et des adultes aguerris à la compétition, à la pression et à l’urgence de gagner.
Et le plus jeune des trois, Larry Robinson, grand gaillard né et élevé sur une ferme, prenait une belle maturité au contact de Guy Lapointe et de Serge Savard.
De plus, ils vivaient à une époque où on quittait le jupon maternel à 18 ans pour aller faire sa vie. Autrement dit, on était plus vieux plus vite. Je ne dis pas que c’était mieux, je dis que c’était différent.
On ne commencera pas à faire des comparaisons ni à faire de la poésie avec les jeunes défenseurs du Canadien version 2025-26.
Mais on peut quand même souligner que Lane Hutson, Noah Dobson et Kaiden Guhle forment un solide trio de défenseurs encore très jeunes.

Photo: Chicago Blackhawks Insider – Mike Matheson
Ce n’est pas une urgence absolue mais Jeff Gorton et Kent Hughes devraient se pencher immédiatement sur le renouvellement d’un contrat pour Mike Matheson.
Matheson est l’homme mûr qui assure une cohésion à la défense. Il a perdu ses minutes sur l’avantage numérique et il verra son nombre de points chuter cette saison. Il pourrait faire comme de trop nombreuses « veudettes » du sport et faire la baboune dans son coin. Au contraire, les sources dans le vestiaire soulignent toutes que Matheson est généreux de son temps et de ses encouragements.
Une équipe qui va gagner la Coupe Stanley en 2027 a besoin de ce genre de leader tranquille et généreux. D’ailleurs, son cas est différent, mais Alexandre Carrier apporte cette maturité à la troisième paire de défense. Que ce soit avec Jayden Struble ou avec Arber Xhekaj.

Photo: NHL.com – Kent Hughes et Jeff Gorton
Matheson écoule la dernière année de son contrat. Il y aura toujours des sirènes pour chanter les mérites d’une transaction pour obtenir un autre excellent choix au repêchage. Mais avec ce qui pousse dans les mineures, avec un gardien en attente à Laval, le Canadien est arrivé à son point de maturité.
C’est le moment d’investir dans la maturité. Un joueur ne fait pas le printemps mais des fois, il peut faire un mois de juin.
SAMUEL MONTEMBEAULT : QUELQUES SEMAINES DEVANT LUI
Il suffit d’avoir quelques années de hockey derrière la cravate pour réaliser quand un gardien est ébranlé. Qu’il manque de confiance.
Il va moins défier le tireur, il va souvent jouer plus enfoncé dans sa zone de but, il va être hésitant à suivre son instinct.
Dans ce temps-là, ça ne donne rien de critiquer ou de fustiger le pauvre gardien. D’habitude, c’est le principe Hygrade qui s’applique à son retour en forme. Plus il va faire les arrêts de base et plus il va trouver ses repères. Et plus il va retrouver ses repères, plus il va faire les gros arrêts.

Photo: The Hockey Writers – Jakub Dobes
Présentement, les adversaires doivent battre Jakub Dobes. Parce qu’il est super confiant et qu’il laisse ses automatismes dicter ses gestes et ses réactions. Alors que Samuel Montembeault se bat avec lui-même pour prévoir ce que va tenter l’attaquant adverse. C’est une fichue de différence.
Montembeault n’a pas donné de vrais mauvais buts aux Sénateurs. Mais il n’a pas fait le gros arrêt qui aurait sauvé l’avance du Canadien. Sur le troisième but qu’il a accordé, il est resté enfoncé et n’a bougé qu’une fois battu. Un Samuel dans une bonne période aurait sans doute défié le tireur et réalisé l’arrêt.
On le sait, c’est encore plus vrai pour le gardien de but, c’est la dureté du mental qui fait la différence. Ken Dryden n’avait pas le meilleur style au monde. Le papillon n’avait pas atteint la perfection que François Allaire et Patrick Roy allait lui apporter. Mais Dryden avait ce caractère, cette concentration et cette confiance absolue en ses moyens qui lui permettaient d’inspirer et de rendre meilleurs ses coéquipiers.
Et vous le savez, Patrick Roy est allé gagner deux Coupe Stanley pour le Canadien en se comportant comme un Marine US lors d’un débarquement.

Photo: Habs Eyes on the Prize – Samuel Montembeault
On ne demandera pas cette rage à Montembeault, ce n’est pas son tempérament. Ni d’inspirer confiance à toute une équipe comme le faisait Dryden, ce n’est pas sa personnalité.
Mais Montembeault l’a prouvé. C’est un bon gardien, un homme calme en apparence et un coéquipier respectueux. Trois qualités capables, dans une bonne période, de charrier un club aux séries.
Il l’a fait l’an dernier. Faut juste être patient. Et enclencher au plus vite le principe Hygrade.
DANS LE CALEPIN
Jérémy Filosa a fait un travail exceptionnel à la Série mondiale. Coloré et informé… quant à Denis Casavant, il faudrait le faire congeler comme Walt Disney…il a décrit les matchs des Blue Jays comme il fait le reste. Il fait partie de l’élite internationale. Mathieu Casavant n’est pas tombé loin de l’arbre quand il analyse une soirée de boxe…

Photo: Vincent Ethier – Mathieu et Denis Casavant