Les affaires sont rarement ce qu’elles paraissent. Les gens s’imaginent souvent que les avocats et les comptables s’arrachent les cheveux et déchirent leur chemise pendant les négociations.
Dans les faits, et c’est vrai pour la plupart des transactions qui ont une quelconque importance, ça finit par se régler « en haut » entre les propriétaires ou les présidents des entreprises impliquées.
L’achat du réseau BPM Sports par Arsenal Media a suivi les mêmes règles non écrites.
Au début, il y avait quelques entreprises et individus intéressés à faire l’acquisition de BPM Sports. À cette étape préliminaire, ce sont les gens de KPMG qui recevaient les applications des intéressés. On s’en rappelle, Max Truman, Olivier Primeau et quelques autres ont signé des ententes de confidentialité pour examiner les conditions de la vente. Ils se sont tous retirés.

Photo: Arsenal Media – Sylvain Chamberland, président et propriétaire d’Arsenal Media
Puis, Sylvain Chamberland, président ET propriétaire d’Arsenal Media, déjà propriétaire de 27 stations au printemps, est entré dans la danse.
Comme président, il a d’abord discuté avec Robert Ranger, président de RNC, la compagnie propriétaire de BPM.
Les deux hommes ont défriché le terrain, arraché des souches et commencé à labourer la terre. Ils se sont bien entendus et dans un respect rare, Ranger a travaillé tout l’automne à mettre en place une entreprise qui serait en ordre si la vente se rendait au bout. Ce ne fut pas toujours évident.

Photo: Facebook – Robert Ranger, président de RNC
À COUPS DE CIGARES AU LAC LEMAY
Les choses piétinaient un peu encore en septembre. Le 25 septembre, à Gatineau, Sylvain Chamberland, notre Sylvain Le Plan national à Punching Grace, a connu une journée fatigante devant le CRTC. Il défendait un mémoire devant le conseil et c’est rarement un travail agréable.
Pierre Brosseau, le propriétaire de RNC, paradait lui-aussi devant le CRTC. Les deux logeaient à l’hôtel du Casino du Lac-Leamy.
Vannés, fatigués, ils se sont croisés après les audiences; ils ont alors convenu d’aller fumer un bon cigare au lounge à cigares de l’hôtel. Les deux sont amateurs de bons cigares et Sylvain Chamberland traîne toujours des «barreaux de chaise» de qualité dans sa besace.
Le temps de fumer leur cigare, ils avaient eu le temps de jaser pendant une bonne heure. Dans la détente et dans le calme.

Photo: Vincent Ethier – Le Casino Lac-Leamy
Ce fut l’heure décisive. Dans le passé, le même Pierre Brosseau n’avait pas apprécié une rencontre du même genre. Aucune transaction n’avait été possible. Cette fois, Brosseau et Chamberland ont pu commencer à établir des paramètres pour ce qui allait suivre.
Il y a eu d’autres soirées «barreaux de chaise». La dernière fin octobre et début novembre. C’est évident que lorsque les deux propriétaires savourent leur tabac en laissant fleurir les volutes de fumée et qu’à la fin, ils se donnent la main en se disant: «On a un deal», les avocats qui rentrent dans le dossier le lendemain matin sont moins agressifs et ne fouillent pas dans les problèmes. Le mot d’ordre devient, trouvez une solution.
Ces conversations permettaient également d’établir les zones essentielles de la négociation. Brosseau pouvait dire que tel point était une question de bris d’entente. Et Chamberland répondait qu’il comprenait mais que pour lui, tel autre point était vital et devait être accepté pour qu’un achat soit possible.
Et quand les deux points se heurtaient, les deux propriétaires, parce qu’ils avaient appris à s’apprécier à se connaître, pouvaient trouver un juste milieu qui pouvait être acceptable par les deux parties. C’est arrivé.

Photo: Clearwaylaw.com – Pierre Brosseau, propriétaire de RNC
Finalement, c’est le 7 novembre que les deux parties, RNC et Arsenal Média ont signé les contrats de vente.
C’est le 19 novembre que Punching Grace a sorti la nouvelle.
Trois heures plus tard, tout le monde en… parlait.
CAMILLE ESTEPHAN À LONDRES
Ce n’est pas la première fois que je vis semblable expérience. Ce que je veux dire, la plupart des grosses négos se passent au final entre les propriétaires eux-mêmes.
Je pense à Artur Beterbiev qui se battait à Londres contre Anthony Yarde. Camille Estephan a fait le voyage à Londres même s’il n’avait aucun lien avec Beterbiev.
Déjà, Eye of The Tiger Management et Top Rank, la grosse compagnie de promotion propriété de Bob Arum, avaient conclu des ententes pour des boxeurs.
Mais de là à se taper le voyage à Londres..

Photo: Vincent Ethier – Camille Estephan, Bob Arum et Antonin Décarie
Estephan a jasé avec Brad Jacobs, l’homme fort de Top Rank puis avec Bob Arum à son arrivée à Londres.
Toujours cette importance de tisser des liens. De se regarder dans les yeux. De pouvoir sentir la sincérité de son vis-à-vis.
Un an plus tard, Artur Beterbiev défendait son titre au Centre Vidéotron à Québec contre Callum Smith dans une promotion de EOTTM.
Vous pensez encore que le voyage à Londres était du tourisme ?
DANS LE CALEPIN
Max Lalonde, qui s’est découvert une âme de généraliste à la radio d’Arsenal Media le matin, a mené une très bonne entrevue à 10 heures et quart à BPM…je trouve que Gilbert Delorme est très sévère avec Zachary Bolduc. Je ne suis pas convaincu que Martin St-Louis sait comment s’y prendre avec le jeune de 22 ans…Pablo Rodriguez est-il un partisan du Canadien ?

Photo: CBC – Pablo Rodriguez