Y a pas de poète plus fleuri qu’un columnist américain à la veille de la Série mondiale.
Dans le temps des Yankees et des Dodgers, c’était les travailleurs du Bronx contre les Étoiles de Hollywood pour bien rappeler que les Dodgers avaient joué pendant des décennies à Brooklyn avant de déménager dans les années 50 en Californie.
Même avant d’atteindre la Série mondiale, l’année du Blue Monday, les chroniqueurs américains écrivaient sur la neige et le blizzard qui allaient s’abattre sur le Stade olympique si les Expos battaient les Dodgers. Warren Cromartie avait porté une tuque à l’entraînement à Los Angeles pour rappeler que les gars de la Californie se les gèleraient à Montréal. Steve Rogers qui a donné le malheureux coup de circuit à Rick Monday n’avait pas vu la tuque de Warren. C’est lui qui était gelé sur le monticule.

Photo: Warren Cromartie
Les Blue Jays de Toronto sont en Série mondiale. C’est fabuleux pour le baseball au Canada. C’est une manne extraordinaire pour les médias et les entreprises impliquées dans tous les aspects du passe-temps national américain.
Y a un peu de tous nous autres dans les Blue Jays. Vladimir Guerrero est né à Montréal où son père a été un des meilleurs de l’histoire des Expos. J’aime ce clin d’œil aux Z’Amours. C’est ce qui reste de notre grande équipe.
Ce clin d’œil et les souvenirs de Gary Carter, Larry Parrish, Pedro Martinez, Vladimir Guerrero, Ellis Valentine, Larry Walker et tant d’autres.

Photo: Reddit – Vladimir Guerrero SR avec Felipe et Moise Alou
Au moins, si le Québec les a perdus, on les aura eus et on aura célébré leur excellence.
SHOHEI OHTANI…DÈS LE DÉPART
Mais les poètes poussent plus loin leur prose fleurie. Y a pas juste le soleil de la Californie et l’hiver glacial canadien dans la vie. Y a la science, l’argent des Dodgers et la résilience des Blue Jays.
Dans les grands médias US, tout le monde souligne que les Dodgers représentent un nouveau baseball fondé sur l’utilisation à outrance des statistiques avancées et surtout de l’argent pour se payer les meilleurs.
Les meilleurs, c’est avant tout Shohei Ohtani. Le grand lanceur et puissant frappeur est la confirmation qu’Elon Musk est déjà allé sur Mars. Il y a trouvé cet homme de 6 pieds 4 pouces qui a une rapide et une glissante terrifiantes et qui frappe des circuits dès qu’on ose lui lancer une prise.

Photo: CNN – Shohei Ohtani et les Dodgers, qui affronteront les Blue Jays, à Toronto, ce vendredi…
Selon les poètes, Ohtani devrait être le lanceur partant vendredi pour le premier match. Il est tellement bon et beau, fin et gentil, que les matchs où Ohtani va lancer, je vais être un Dodgers fini.
Mais les Blue Jays sont résistants. Et ils jouent un baseball de résilience. Ils s’accrochent et finissent par gagner quand tout semble condamné. Le circuit de George Springer va vivre longtemps dans les mémoires, comme ceux de Joe Carter en 1993 quand le Canadien et les Blue Jays avaient gagné les grands duels dans le hockey et le baseball. La Coupe Stanley et la Série mondiale.
Quand je me suis levé hier matin, j’avais déjà plein de messages sur la victoire des Blue Jays. C’est le signe que les Québécois des nouvelles générations sont passés à la nouvelle ère montréalaise. Il va falloir applaudir les autres à défaut qu’ils soient à nous et chez-nous.
Ça rappelle à quel point il faut appuyer le CF Montréal et Eye of The Tiger. Ce sont les seules organisations majeures œuvrant à l’international qui restent au Québec à part le Canadien et en attendant que la Victoire et les Roses ne hissent leur sport à un autre niveau.
Go Blue Jays. And since we are in Toronto, all the best.
DANS LE CALEPIN
Un lecteur demande pourquoi les séries du baseball s’appellent « World Series » puisqu’on parle de deux équipes américaines.
Ce n’est pas parce que les Américains se croient le centre du monde. C’est juste que les premières séries étaient commanditées par le journal New York World, un quotidien du début du siècle dernier à New York.
Même là, les historiens de la balle se chicanent. Semble-t-il que le duel entre les champions de la Ligue nationale et de la Ligue américaine s’appelait déjà « World Championship Series » avant la commandite du New York World.
Sinon, c’aurait pu s’appeler les Times Séries…
J’ai vu l’excellent documentaire sur la mort des Expos présenté sur Netflix. J’ai beaucoup aimé. J’y reviens demain.

Photo: The Sick Podcast – Ivan Demidov
IVAN DEMIDOV VA FAIRE PARTIE DES GRANDS
Ivan Demidov a quelque chose de magique. Il est grand, il est incroyablement agile sur ses patins, il a un sens du hockey hors normes.
Vous avez vu ses manœuvres avec Lane Hutson ?
Ce que ça va provoquer chez le Canadien est un intangible. Hutson et Demidov vont forcer les autres à tenter de les imiter. L’imitation est la forme ultime d’admiration. Mais l’imitation est aussi une grande force d’apprentissage. Ça peut se traduire par des éclairs pendant les entraînements mais va arriver un moment où Slafkovský ou Bolduc vont tenter des manœuvres similaires pendant les exercices. Et un soir, pendant un match, un joueur va tenter un jeu à la Demidov ou à la Hutson, sans même y penser.

Photo: Facebook – Juraj Slafkovsky
Le talent ne se remplace pas. On peut y ajouter le travail et la détermination. Mais à la base, c’est le don.
Le Canadien va devenir une grande équipe parce que le talent est là. Le reste, c’est de l’habillement.
À la toute fin, va rester à vérifier si le caractère y est…