Michel Therrien était en Italie quand je l’ai joint vendredi. J’avais lu des statistiques dans la chronique de Mathias Brunet mais le coach n’expliquait pas les méthodes qu’il employait pour arriver à ses fins.
Ces statistiques montraient clairement que les débuts de saison du CH avec Martin St-Louis étaient franchement médiocres. Alors que les débuts de saison sous Michel Therrien étaient extraordinaires.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
V- D – DP
20-5-4 en 2012-2013
19-9-2 en 2013-2014
16-5-1 en 2014-2015
13-1-1 en 2015-2016
« C’est un point dont je suis très fier », expliquait Michel Therrien lors de notre conversation :
« Je me suis toujours dit qu’un point gagné en octobre avait la même valeur qu’en mars quand tout le monde se bat comme des chiens enragés. Je me faisais un point d’honneur d’avoir l’équipe la mieux préparée de toute la ligue. Pas la meilleure, mais la mieux préparée. Je mettais une emphase énorme sur cette préparation », de dire Therrien en revivant certains débuts de saison.
Photo: The Winning Habit – Michel Therrien
« C’était vrai avec le Canadien, mais c’était vrai aussi avec les Penguins de Pittsburgh. À Montréal, dès le mois de juillet, mes adjoints, Gordie Gallant, Kirk Muller ou les autres, avaient une liste de joueurs à contacter. Pour s’assurer qu’ils arriveraient au camp en pleine forme. Une fois la saison commencée, tu ne peux jamais savoir comment ça va se passer. Quand est-ce que tu vas connaître une léthargie ou que les blessures vont t’affliger. Mais tu peux contrôler ton départ.
« J’affichais mes couleurs dès le début. Je faisais deux gros meetings avec les coachs et le personnel à Tremblant ou à Brossard. Il n’y avait pas d’ambiguïté. Dans le temps, on avait huit matchs hors-concours et 16 entraînements. Fallait aller à l’essentiel parce que ton temps est limité. Tout était axé sur trois aspects. La défense, la cohésion et l’échec-avant. La stratégie spécifique pour les matchs venait plus tard. J’étais chanceux d’avoir Clément Jodoin qui excellait dans ce domaine », de dire Therrien.
Photo: Ice Hockey Wiki – Clément Jodoin
Tout le temps compétitif
«C’était clair. Les gars savaient. Les trios étaient annoncés en partant. Il y avait l’alignement Ligue nationale, l’alignement Ligue américaine et les autres. Marc Bergevin le savait et était d’accord. Je travaillais avec 27 joueurs. Mon club de la Ligue nationale et deux ou trois espoirs dans le plus. Et je veillais à ce que ce soit tout le temps compétitif. Je faisais un meeting et je disais aux recrues :
« Vous devez me forcer à prendre une décision et à tasser quelqu’un pour vous faire de la place ».
Parfois, un jeune comme Michael Bournival a réussi à tasser quelqu’un tellement il connaissait un camp formidable.
Photo: Ice Hockey Wiki – Michael Bournival
« C’était ma fierté comme coach. J’allais même passer deux ou trois jours au lac Simon pour aller à la pêche avec Jacques Lemaire. Et le soir, on jasait et je l’écoutais. Je comprenais et je notais les vrais mots qu’il fallait dire et je me servais de ces apprentissages pour vendre mes idées à mes joueurs », de raconter Therrien avec beaucoup d’énergie.
« Je peux vous dire que vers le 8 octobre quand on entamait la saison, la plupart du temps contre les Maple Leafs de Toronto, on était plus que prêts », ajoute Golden Mike.
Avec Roch Voisine… Et Hélène!
Cette semaine, Michel Therrien et sa femme Josée Tremblay, reviennent à Nice comme port d’attache. De là, toute la Côte d’Azur est facile à visiter.
Et c’est à Nice qu’il risque de retrouver Étienne Boulay, l’ancien des Alouettes, et Stéphane Lessard son ami, impliqués avec le club de hockey les Aigles de Nice de la grande Ligne Magnus de France.
« J’y suis allé l’année dernière et je suis tombé sur Étienne Boulay. J’ai hâte de les revoir », de dire Therrien.
Dans le groupe, il va revoir Stéphane Lessard. C’est un ami de Roch Voisine et le compositeur de Hélène, le méga succès de Roch Voisine dans toute la francophonie. Et surtout, un coéquipier de Michel Therrien et de Voisine avec les Remparts de Québec.
Photo: Michel Therrien avec Roch Voisine
Comme toute est dans toute, une des premières jobs de Michel Therrien a été d’être garde-du-corps de Roch Voisine. Il rit en racontant comment c’était Ti-Paulo Vincent, l’agent de Voisine et ami de Lessard, qui donnait les payes.
Michel Therrien est à la retraite. Sa voix est souriante. Il a perdu du poids et il dit que la vie est belle avec Josée qu’il a épousée aux Escoumins.
Quand seul dieu était meilleur que Bernard Parent!
Bernard Parent est décédé hier. Il avait 80 ans. Je n’ai jamais oublié Bernard. Et cet homme souriant m’a permis de vivre des aventures invraisemblables.
Bernard Parent a été le meilleur gardien de but du hockey pendant quelques saisons avec les Flyers de Philadelphie. Tellement que pendant les séries éliminatoires, une banque payait un panneau publicitaire géant en plein Market Street qui clamait :
«Only God Saves more than Bernie ». Il y a seulement Dieu qui « sauve » plus que Bernie. Excusez la mauvaise traduction du jeu de mot sur « saves ».
Photo: Bernard Parent
En 75, lors de la conquête de la deuxième Coupe Stanley, Bernard m’avait raconté que Punch Imlach, directeur général des Sabres de Buffalo, avait fait venir des filles au Statler Hilton pour qu’elles s’occupent des gars des Flyers. Question de les ramollir un peu.
Dix ans plus tard, l’anecdote s’est retrouvée dans le dernier épisode de Lance et Compte. Quand Gilles Guilbeault invite des « vendeuses de produits de beauté » à Québec.
En janvier 1976, après le match du 31 décembre 75 de 3-3 au Forum, l’Armée Rouge affrontait les Flyers au Spectrum. Mais Bernard Parent, blessé, se remettait de sa blessure quelque part sur la planète.
La Presse m’a demandé de le retrouver. J’ai parlé à la gardienne des enfants à Philadelphie et j’ai vite su où les Parent étaient partis se reposer. Ils étaient au nouveau Holiday Inn de Montego Bay.
Le samedi matin, j’ai pris un vol pour Montego Bay avec des touristes, je me suis retrouvé en Jamaïque au Holiday Inn avec Bernard et Carole, sa femme.
Photo: La Presse – Bernard Parent
J’ai passé la soirée avec eux et le dimanche après-midi, je repartais pour Montréal avec mon entrevue et une photo prise à 11 heures le matin qui le lundi matin dans La Presse semblait avoir été prise en pleine soirée sur le bord de la piscine.
Cinquante ans plus tard, je n’ai toujours pas compris pourquoi et comment…
Aujourd’hui, on demanderait à Bernard de nous envoyer un selfie.
Mes sympathies…