Dieu que ça fait longtemps. J’étais appuyé contre la bande du Forum avec Serge Savard. Le directeur général du Canadien était à deux ans de gagner sa deuxième Coupe Stanley. Pendant le camp d’entraînement.
-T’as pas encore réglé ton problème à la pointe de l’attaque à cinq !
– La solution pour le power play, c’est le gars devant toi.
Savard montrait un grand efflanqué de 19 ans, tireur de droite, bon patineur, bonne vision…
Le jeune s’appelait Patrice Brisebois. Il venait de gagner deux médailles d’or de suite aux Championnats du monde junior et il était déjà amoureux fou du Canadien.
C’était en septembre 1991.

Photo: Patrice Brisebois et Serge Savard
Hier soir, match inaugural de la nouvelle saison, le président de l’Association des Anciens Canadiens accueillaient les vétérans dans le salon des Anciens. Patrice Brisebois, 54 ans déjà, succédait à Réjean Houle après 27 ans de loyaux, très loyaux services.
« Ça me rend extrêmement fier. Je sais que ça fait des grands souliers à remplir. Réjean Houle a été tellement dévoué, un grand gentleman. Mais je partage son amour de l’organisation. Bien humblement, il me passe le flambeau.
« Ce qui me rassure, c’est d’avoir été choisi par le conseil des Anciens. Quand je ne pourrai pas accueillir les gens au salon, Benoît Brunet, le vice-président, sera là. Les autres membres du conseil m’ont assuré de leur appui. Pierre Bouchard, Guy Carbonneau, Gilbert Delorme, Francis Bouillon, Jocelyn Thibault, Steve Bégin seront toujours prêts à remplir cette fonction d’accueil. C’est important d’être là pour les visiteurs, les familles et les commanditaires », de raconter Brisebois dont l’horaire est plutôt chargé.
C’est que le salon des Anciens est très fréquenté. Souvent, ce sont des anciens adversaires qui viennent y faire leur tour. L’an dernier, Alain Côté a eu droit aux taquineries de ses « ennemis » des années 80 et 90, Rick Vaive, Dan Daoust, qui lutta avec Guy Carbonneau pour un poste au centre avec le Canadien et qui a fini président des anciens Leafs à Toronto, sont venus aussi faire des visites.

Photo: Patrice Brisebois et Réjean Houle
Coupe Stanley et Ferrari
Je connais Breezer depuis son arrivée avec le Canadien. Je peux témoigner de son amour inconditionnel pour l’organisation. Même quand les amis de The Gazette avaient entrepris de le huer à toutes les fois qu’il sautait sur la glace. Il avait le cœur brisé, parfois à la limite des larmes d’indignation, mais il n’a jamais cessé d’aimer le tricolore.
Et soit dit en passant, si vous consultez les statistiques des années Brisebois à Montréal, vous remarquerez que les défenseurs gauchers qui ont joué en sa compagnie, ont à peu près tous connu quelques-unes de leurs meilleures saisons avec Brisebois. Peter Popovic, Francis Bouillon et Vladimir Malakhov peuvent en témoigner.
Ce qui n’a jamais empêché ceux que Bob Gainey avait baptisés de « bâtards » de le huer.
Il y a plein d’histoires impliquant Brisebois que je raconterai dans mon livre.
Dont une juteuse qui se passe en Formule 1.

Photo: Patrice Brisebois, le pilote
On était en Allemagne et on quittait le circuit le vendredi soir après avoir couvert les essais. J’étais avec Christian Tortora. Une limousine est passée près de nous. Jean Todt et Michael Schumacher étaient à bord. La fenêtre de la voiture s’est baissée et Gino Rosato, qui n’était pas encore un ami, avait lancé au passage :
« Faites attention à ce qui va être écrit dans La Presse et déclaré à CKAC. On sait ce que vous racontez », avait lancé Gino.
Torto s’était arrêté net de marcher:
«C’est de l’intimidation. C’est indigne de la Formule 1», avait fulminé Torto.
À l’époque, 1996 sans doute, l’internet en était à ses débuts. Comment les gens de Ferrari, les ennemis de Jacques Villeneuve et de Williams, pouvaient-ils être si bien informés ?
C’était Patrice Brisebois ! Fan inconditionnel et déjà grand ami de Gino Rosato, l’homme à tout faire chez Ferrari, Patrice résumait les articles de La Presse et les propos de Torto pour son ami.

Photo: Patrice Brisebois au volant d’une Ferrari… avec la Coupe Stanley
Quand Gino a fini par nommer son informateur, on a ri à s’étouffer. Après les courses, quand on finissait de travailler vers neuf heures, Gino apportait une assiettée de pâtes :
« De la part de Breezer », disait-il en souriant.
Cette amitié entre les deux hommes est restée aussi serrée à ce jour. Et si Rosato veut prendre une bière tranquille entre deux périodes, monsieur le président va l’accueillir en personne.

Photo: Jean Béliveau et Patrice Brisebois
Une grande organisation proche des gens
Patrice Brisebois, je le disais, aime le Canadien. C’est viscéral. Il a joué pour le CH, il a gagné la Coupe Stanley en 1993, il a été entraîneur, il a représenté l’équipe…et il garde une fraîcheur d’adolescent quand il parle de l’organisation :
« Que tu ailles n’importe où au Québec, les gens sont toujours contents de te recevoir. L’équipe a connu quelques saisons difficiles mais les fans savent que les dirigeants ont fait l’impossible pour reconstruire une puissance. Nous, les Anciens, on fait le lien entre toutes ces époques. Mais le Canadien demeure », de dire Brisebois.
Qu’on l’aime ou pas, qu’on aime cette situation ou pas, Montréal et le Québec sont maniaques d’une équipe. Une seule. Le CH.
Toutes les autres organisations devront travailler très fort pour conquérir ces Québécois tricolores.
Merci Réjean Houle, bienvenue Patrice Brisebois.

Photo: Canadien de Montréal – Jeff Gorton et Kent Hughes
Faut regarder en haut!
Gorton et Hughes, cinq ans de plus
Jeff Gorton et Kent Hughes ont renouvelé leur contrat avec le Canadien pour cinq autres années. Et même plus, Gorton, le vrai patron, hérite du poste et du titre de président pour les opérations hockey.
Dans les milieux corporatifs, ce genre de promotion de v-p à président a une grande importance. Quand France Margaret Bélanger est passée de v-p à présidente du Groupe CH, elle avait appelé certains de ses amis proches pour leur annoncer la nouvelle.
Geoff Molson confirme qu’il est très satisfait du travail de ses deux hommes de confiance. On ne parle pas strictement du rendement sur la glace. C’est tout l’environnement tricolore qui répond aux exigences de Molson. Le club fait bien, les joueurs sont très bien encadrés, les contrats sont hyper bien négociés et l’argent rentre à flots dans les coffres.
Gorton et Hughes, c’est réglé. Martin St-Louis devrait suivre pour trois autres années d’ici le printemps. Si ça va le moindrement bien.
Sylvain Le Plan, lui-même président et chef des opérations d’une grande entreprise québécoise de communications, a bien résumé la décision prise par Geoff Molson.
De dire M. Le Plan: «Pour reprendre les paroles du Capitaine, quand ça va mal, on regarde en haut. Ben, quand ça va bien, faut aussi regarder en haut».
Et en haut, c’est Gorton et Hughes.