Le 11 décembre, la boxe professionnelle rentre à la maison… en Outaouais! Et en finale du grand gala, devant les siens, le fils de Buckingham Alexandre Gaumont s’apprête à franchir l’étape la plus importante de sa jeune carrière professionnelle.
Produit pur de l’Outaouais, façonné dans les gyms locaux et porté par une famille soudée, Gaumont arrive à ce rendez-vous avec l’ambition d’assumer pleinement son rôle de tête d’affiche. Pour lui, ce combat n’est pas qu’une date sur un calendrier : c’est la culmination de ses premières années dans le sport, avec ses élans, ses doutes, et cette anxiété qu’il a appris à dompter.
Ça n’aura pris que quelques heures à Alexandre Gaumont pour vendre tous les billets disponibles au Casino du Lac-Leamy pour son affrontement face au redoutable boxeur suisse Ramadan Hiseni. La recette du boxeur local, bien implanté dans sa communauté, impliqué dans un combat où même moi je ne peux m’avancer avec une prédiction, est une formule qui a fait ses preuves.

Photo: Vincent Ethier – Alexandre Gaumont
Âgé de 30 ans, ce combat marque un tournant pour King Cogne : sa première finale, et surtout le début de l’autre carrière professionnelle, celle où la fiche n’est plus protégée et où chaque adversaire est dangereux et peut l’emporter.
Gatineau et sa culture boxe
Si j’avais à établir un parallèle entre trois générations de boxeurs gatinois – Gaétan Hart, Pascal Villeneuve et Alexandre Gaumont – j’utiliserais trois mots : travail, humilité et dureté.
Vanessa Lepage-Joanisse est devenue championne du monde, et le soldat Danyk Croteau a aussi connu une belle carrière.
Depuis mars, deux écoles offrent le programme sport-études boxe à Gatineau. Le projet est mené par l’entraîneur Romi El-Ghourani.

Photo: Vincent Ethier – Alexandre Gaumont
Laurent, Alex et Saint-Joseph-du-Lac
C’est Vincent Tremblay qui m’a parlé la première fois d’Alexandre Gaumont:
«Il vient d’en knocker 16 de suite, son pourcentage de KO est à 80 % chez les amateurs.»
Mon ami Vincent ne tarissait pas d’éloges.
C’est alors qu’on a commencé une campagne de lobbying qui s’est poursuivie jusqu’à l’embauche de Gaumont par Eye of the Tiger Management. Moi et Vincent avons appelé Camille Estephan, parfois même la nuit, pour lui parler de King Cogne. Le podcast Boxingtown Québec a roulé durant trois ans, et on ne manquait jamais une occasion de mousser la candidature du boxeur de Gatineau.
Puis, on l’a perdu de vue. De graves problèmes d’anxiété ont ralenti sa carrière.
L’anxiété, je l’ai vécue aussi. C’est violent, ça paralyse, c’est pas rationnel, c’est gênant… on s’enferme dans notre chambre, on ne brise plus rien… On se réfugie dans une zone de confort qui rapetisse de jour en jour. Alex Gaumont ne pouvait plus subir l’anxiété d’avant-combat : les lumières, le regard des spectateurs.

Photo: Vincent Ethier – Alexandre Gaumont
J’ai attendu huit ans avant d’aller en parler à mon médecin. Comme Gaumont, c’est la médication qui a neutralisé l’anxiété suffisamment pour recommencer à vivre.
Puis, il s’est remis à performer. Ça aide de mieux dormir et de vivre des niveaux de stress normaux. Je l’ai redécouvert un soir de février 2020, lorsqu’il a vaincu Christopher Guerrero à Saint-Joseph-du-Lac. Plusieurs recruteurs étaient sur place. Ce fut l’un de ses derniers tests avant un passage chez les professionnels.
Après le combat, je me suis assis avec King Cogne. Je me suis ouvert sur mon anxiété. Je lui ai dit qu’il n’était pas seul et qu’il n’y avait rien de gênant dans tout ça. Une solide conversation entre deux hommes qui se comprenaient, malgré une première rencontre.

Succès chez les pros
Mon ami Vincent Tremblay me raconte que King Cogne doit sa progression chez les pros à son nombre d’heures passées devant la télévision. Vous avez bien lu. Gaumont est un étudiant de la boxe. Il peut passer un nombre incalculable d’heures à étudier les boxeurs professionnels : lui et son père mangent des combats de boxe. Il étudie les moindres détails des meilleurs boxeurs au monde, du présent comme du passé.
Malgré quelques blessures qui l’ont ralenti, Gaumont se retrouve à 30 ans avec une fiche de 13-0, dont 9 victoires par KO. Pour son premier combat de 10 rounds, il fait face à Ramadan Hiseni, un boxeur suisse qu’on a vu faire la limite avec Shamiil Khataev et qui met les gants en camp d’entraînement avec Osleys Iglesias.
«On ne part pas à la guerre avec un couteau suisse» – Marcellin Gaumont, entraîneur et père.

Photo: Vincent Ethier – Alexandre Gaumont
Noé Cloutier me racontait qu’il a eu la chance d’aller vivre un événement promotionnel avec Alex Gaumont aux Olympiques de Gatineau et qu’il n’en revient toujours pas de la soirée qu’il a vécue.
«Gaumont, c’est une rockstar là-bas. Les gens faisaient la file pour une photo. Il a pris des bébés et signé des autographes toute la soirée» – Noé Cloutier (bon d’accord, il n’a pas dit ça comme ça, mais EOTTM a publié des photos qui le prouvent).
Et la suite?
C’est pas encore clair, la suite des choses et le potentiel d’Alexandre Gaumont. Pourrait-il être impliqué dans une possible trilogie avec Steven Butler? Ou EOTTM voudra-t-elle tenter l’expérience internationale avec lui?
Une partie de la réponse viendra avec sa performance le 11 décembre prochain.

Photo: Dominic Charette – Alexandre Gaumont
Dans le podcast
La sœur de «King Cogne», Marie-Soleil Gaumont a connu une carrière en boxe amateur. C’est leur père Marcellin Gaumont qui leur a enseigné les rudiments du noble art.
Gatineau regorge de talent musical, mes préférés sont D-Track, Nicholas Craven et Bozko.
En boxe, le Kazakhstan a une énorme réputation pour créer de bons boxeurs. En 2025 à Gatineau, c’est un gardien kazakh qui fait rêver Danai Shaiikov est prodigieux dans les buts des olympiques de Gatineau.