Jhon Orobio et Moreno Fendero seront tous deux en action au Casino de Montréal, le 25 janvier. De Colombie et France, ils se sont expatriés au Québec l’année dernière dans l’espoir d’y devenir champions boxeurs. Aujourd’hui frères du ring, ils partagent le même gym, le même rêve et, en attendant gloire et fortune, le même toit.
« On est en collocation depuis le mois d’octobre et pour être franc avec vous, on ne se comprend pas, mais tout se passe très bien », raconte la fierté de Besançon, France, Moreno Fendero. Ce dernier souligne que la communication se fait tout de même très bien, grâce à internet, lui permettant même de parfaire son espagnol.
« Il m’a appris deux mots la première fois que j’ai vu : ‘mucho dinero’ », donne-t-il en exemple, avec ce que Google traduit comme étant ‘beaucoup d’argent’.
Un grand frère
Pour aspirer à cette prospérité, partager les dépenses est un point de départ idéal. Dans le coin des deux athlètes, dans la vie comme sur le ring, Samuel Décarie-Drolet y voit cependant bien plus qu’une commodité budgétaire.
« C’est toujours plus facile pour s’intégrer à deux. Depuis que Moreno est arrivé, le mix est bon parce qu’il prend soin de Jhon comme si c’était son petit frère. Jhon est jeune, il a 20 ans et part de l’équipe nationale colombienne où il était habitué que tout soit géré pour lui. Moreno lui, il a un peu plus d’expérience de vie, il aide Jhon dans sa nutrition, ses commissions et tout ça », explique-t-il.
« Franchement, c’est un super garçon, je suis juste content qu’il soit avec moi et je lui souhaite d’être un grand champion », n’a qu’à dire le souriant ‘grand frère’ de 24 ans, profitant quant à lui des talents de barbier d’Orobio.
Succès à l’appui
En parlant de l’arrivée de ceux qu’on surnomme « The Soldier » et « El Tigre », celui qui œuvre avec Marc Ramsay depuis plus d’une décennie y voit un parallèle avec la venue passée de « Storm » Alvarez et « Kaboom » Rivas.
« Marc avait fait une offre à Eleider, mais après ça, il sait dit qu’Oscar aussi était intéressant et que si on les amenait ensemble, ça faciliterait leur intégration », se souvient-il.
À tout point de vue, la mission fut réussite, car Alvarez et Rivas devinrent non seulement champions du monde, mais apprirent le français au passage. Bien sûr, il se connaissait déjà et parlait la même langue, mais le fait qu’Orobio et Fendero traversent ensemble cette barrière supplémentaire en dit long sur leur volonté de s’intégrer. Et puis, ils ne sont pas les seuls à vouloir se bâtir une vie au Québec, car avant que le Français ne devienne Montrélais, Orobio était en collocation avec Mehmet Unal, lui qui a quitté après s’être fait une copine de Trois-Rivières…
« Parlons boxe »
Mais bon, assez parlé amitié et amour, nous laisserons le côté human de l’histoire restant à Réjean Tremblay. Maintenant, « parlons boxe » comme dirait Manny Montreal. Jhon Orobio (5-0, 5 K.-O.) remonte dans le ring pour la première fois en 2024 le 25 janvier. Devant lui, Juan Carlos Garcia (5-4), un coriace mexicain surnommé « Demoladeur » ou le « démolisseur » dans la langue de Molière. Au Canada uniquement, ce « Démolisseur » de 21 ans a fait la limite Spencer Wilcox et Eric Basran, il y aura donc un comparatif intéressant à faire.
Aussi, certains se demandaient pourquoi « El tigre » n’était pas des deux dernières cartes d’EOTTM. C’est qu’il était de retour en Colombie pour participer (et triompher) aux championnats nationaux amateurs. Le rêve olympique devra toutefois attendre, car sa catégorie n’est toujours pas des Jeux, et l’un de son bon ami s’est qualifié dans la catégorie en haut de lui. La boucle est donc bouclée et les œufs sont maintenant tous dans le panier professionnel montréalais.
Pendant ce temps, en novembre et janvier, à Montréal comme à Québec, Moreno Fendero (3-0, 2 K.-O.) veillait aux grains sur le ring des tigres. Son combat du 25 sera d’ailleurs son 2e en 12 jours, lui qui a vaincu Victor Hugo Flores dès le 1er round dans la Capitale-Nationale. De retour dans la Métropole, il fera face au vétéran Ricardo Lara (22-11-2, 10 K.-O.), un gars qui a affronté la moitié du Canada de 140 à 160 livres. Le temps de préparation pratiquement inexistant n’inquiète toutefois pas Fendero, de toute façon, quand on a pour mantra de s’entraîner « 25 heures par jour et 8 jours par semaine », on peut imaginer que le temps restant sert à se battre.