Photo : Vincent Ethier – Comme plusieurs l’avaient anticipé le duel Ramirez-Ziyatdinov a sans nul doute été le plus compétitif de la soirée.
Pour le meilleur et pour le pire, le gala du 25 janvier dernier aura été expéditif. À tête reposée, avec une semaine de recul, Punching Grace vous en revient avec quelques échos.
Bazinyan : le temps est venu
En attraction principale, la logique a été respectée alors que l’aspirant mondial Erik Bazinyan (32-0, 23 K.-O.) n’a fait qu’une bouchée de celui que Marc Ramsay avait comparé à une pieuvre en entrevue avec La Presse, le vétéran argentin Billi Facundo Godoy (41-8, 20 K.-O.).
En l’emportant en 3 rounds, le Lavallois a fait mieux que quiconque auparavant, incluant les ex-champions mondiaux John Ryder et Vincenco Gualtieri. Il a aussi envoyé un message au monde de la boxe, démontrant qu’il est prêt à monter en compétition.
Ce message : aussitôt transmit, aussitôt reçu, notamment par Camille Estephan.
« On a pris notre temps avec Erik. On voulait qu’il gagne et qu’il atteigne une certaine maturité physique et ce soir, on a vraiment pu voir qu’il l’avait atteint. Il a vraiment prouvé qu’il était capable de faire le travail. Comme on a fait [maintenant à deux reprises] avec Christian Mbilli, on voudrait qu’il affronte un top 10 mondial, qu’il se prouve à lui-même qu’il peut battre les gars de ce niveau avant de continuer à monter ensuite », a indiqué le président d’EOTTM, promettant de grands combats pour son poulain, et ce, dès cette année.
Albert heureux, Artur déçu
En demi-finale, la logique a, encore une fois, été respectée, mais dans un sens tout autre, alors que le duel entre la recrue d’EOTTM Albert Ramirez (18-0, 15 K.-O.) et l’ex-tigre et « Lion de Crimée », Artur Ziyatdinov (15-2, 12 K.-O.) a été le plus chaudement disputé de la soirée. Au final, la pression et la puissance de Ramirez lui ont rapporté, convainquant les juges de lui remettre la vaste majorité des rounds, même des plus serrés, avec trois cartes de 100-90, 99-91 et 98-92.
Plusieurs observateurs y ont vu un combat plus serré, notamment l’analyste de Punching Grace, Mathieu Casavant, qui avait un pointage de 96-94 Ramirez. Au moins, presque tous semblaient s’accorder sur le même gagnant.
Évidemment, le Clan Ziyatdinov n’était pas de ceux-ci. Artur et son co-promoteur Lou DiBella n’ont pas hésité à s’insurger contre la décision sur les réseaux sociaux. Vainqueur et plus paisible, Ramirez, lui, était heureux de sa performance.
« J’ai fait beaucoup de changement dans mon équipe récemment, mais nous sommes encore en train de tout mettre en place, alors vous êtes loin d’avoir encore vu tout ce que j’avais à offrir », a assuré le Vénézuélien qui en était à son premier camp d’entraînement complet en France, où il est maintenant guidé par Mehdi Oumiha.
Un Dragon jamais rassasié
À peine plus de deux mois après avoir combattu et vaincu l’aspirant mondial Miguel Madueno en 10 rounds, Steve Claggett (38-7-2, 26 K.-O.) était de retour face au bagarreur Marcos Barraza (23-4, 11 K.-O.). Cette fois-ci, le « Dragon » n’a pas eu à veiller aussi tard, alors que « Papitas » a délaissé son regard de dur à cuir d’avant combat pour ainsi rester dans son coin après deux rounds.
L’infatigable Albertain s’est dit lui-même déçu de ne pas avoir pu travailler plus longtemps. On parle quand même d’un gars qui aime sparrer 15 rounds le jour de sa fête.
D’un oeil optimiste, il a tout de même reconnu que ça lui permettrait de revenir dans le ring plus rapidement, et ce, contre n’importe quel aspirant mondial qui voudra bien l’affronter. D’ailleurs, bien que de lancé un flamboyant call-out ne soit pas trop son style, l’aspirant #8 à la WBC chez les super-légers a tout de même respectueusement mentionné qu’il aimerait affronter Josh Taylor, Jack Catterall et Ismael Barroso.
Spencer effraie Dreiling
Si Claggett a profité de sa soirée pour obtenir une 9e victoire de suite, Mary Spencer (8-2, 6 K.-O.) y a quant à elle retrouvé le chemin de la victoire. En seulement deux minutes, elle a cogné Sonya Dreilling (6-4, 2 K.-O.) assez dure pour la convaincre de ne pas souhaiter de second round, ce qui en a surpris plus d’un, notamment l’organisateur du gala.
« Apparemment, elle a juste dit à son coin que Mary cognait trop fort… mais tu viens ici pour boxer, pas faire du ballet », a imagé Camille Estephan, quelque peu déçu, mais avant tout heureux que sa protégée soit de retour sur les rails.
« Je crois aussi que ça en dit long sur la qualité de boxeur qu’on a ici », a-t-il ajouté, en référence directe à Claggett et Spencer qui ont complètement brisé des adversaires d’ordinaires bien plus coriaces.
Orobio demeure parfait
Jhon Orobio (6-0, 6 K.-O.) a conservé sa fiche plus que parfaite face à un Juan Carlos Garcia (5-5) surnommé le « Démolisseur » malgré l’absence de K.-O. à sa fiche.
À sa défense, Garcia est normalement un solide encaisseur, lui qui était déjà venu au Canada à deux reprises en y complétant les 10 rounds sur 10 prévus aux contrats.
Ici, l’histoire ne s’est pas répétée.
Sans rien enlever à Spencer Wilcox et Eric Basran, « El Tigre » a rappelé qu’il était non seulement l’un des plus beaux espoirs au pays, mais aussi, du monde entier, démolissant Garcia en deux rounds en l’envoyant au plancher à mainte reprise jusqu’à ce qu’il prenne la sage décision d’abandonner.
Toujours tout feu tout flamme, Orobio sera de retour le 7 mars prochain, où il visera une 7e victoire et un 7e K.-O. au Casino de Montréal.
Mathieu impressionne encore
Wilkens Mathieu (7-0, 4 K.-O.) fut victorieux pour une 2e fois en 12 jours face à Oscar Soto Quintana. La fierté de la ville de Québec, où il s’était aussi battu le 13 janvier dernier, a complètement martelé son adversaire mexicain venu en remplacement d’Ivans Levickis à quelques jours du combat.
À l’instar de certains boxeurs de la carte, l’imposant Quintana n’était pas venu faire du ballet. Il a encaissé tout ce que Mathieu avait à lui offrir, jusqu’à ce que l’arbitre le protège de sa propre bravoure au début du 4e round.
Souhaitant se battre à tout bout de champ, parlant même de plus de « six ou sept » combats cette année, Wilkens Mathieu sera maintenant de retour le 7 mars pour un 3e combat en moins de trois mois.
Fendero passe le test
En lever de rideau, dans ce qui s’annonçait être son dernier combat de quatre rounds en carrière, Moreno « The Soldier » Fendero (4-0, 3 K.-O.) a passé le test avec succès en débâtissant Ricardo Lara en deux rounds.
Le vétéran de plus de 200 rounds d’expérience et de près d’une dizaine de visites en sol canadien n’était tout simplement pas assez fort pour le soldat. Ce dernier qui arborait ses traditionnelles culottes aux couleurs camouflages, mais également un chandail noir et rose supportant la cause du combat contre le cancer.
Tout comme Mathieu, Fendero récolte ainsi une 2e victoire en 12 jours, à Québec et Montréal. Également, il sera de la carte du 7 mars pour son premier duel de six rounds, une étape importe, mais qui ne change pas le monde à ses yeux.
« De toute façon, moi, je m’entraîne déjà pour huit », a confié le sympathique boxeur .
AMD doit attendre
L’équipe d’EOTTM a sans doute dû se dépêcher à l’imprimerie pour se procurer de nouvelles cartes de combats, car au matin même du 25, un tigre manquait à l’appel.
De manière crève-cœur, Avery Martin-Duval a déclaré forfait en raison d’un virus assez virulent qui avait également compliqué sa déshydratation de la veille. Le directeur général d’EOTTM et ancien aspirant mondial, Antonin Décarie, a dit « parfaitement comprendre » ce que vivait son boxeur, plus encore que l’entreprise montréalaise « le ramènera sur le ring dès qu’il retrouverait la santé ».