Photo: Vincent Ethier – «Souvenir».
C’était le soir du 8 avril 2011, j’avais alors 11 ans et j’allais chez un ami sans qu’on ait de plan en particulier pour la soirée. Ce soir-là, Groupe Yvon Michel présentait le 3e gala de la série de boxe «Rapide et Dangereux» et le père de mon ami l’avait commandé à la télé à la carte.
N’ayant jamais écouté de boxe de ma vie, je ne connaissais que vaguement Lucian Bute et Jean Pascal de nom, parce qu’ils étaient alors champions du monde. En fait, au départ, quand il a parlé de «Rapide et Dangereux» je pensais qu’il avait loué le film du même nom.
Le combat qui a tout changé
En revanche, tout cela allait bientôt changer alors que l’on s’est tous réunis dans le salon de cette maison de Saint-Hermas pour la grande finale du gala, un combat opposant David Lemieux au Mexicain Marco Antonio Rubio.
Rapidement, on m’explique que David Lemieux, alors âgé de 22 ans est en pleine ascension. À l’appui, une fiche impressionnante de 25 victoires, dont 24 par mise hors de combat. La suite des choses ne s’est toutefois pas passée comme prévu.
Contrairement à la vaste majorité de ses adversaires précédents, «El Veneno» refusait de tomber. Puis, à force de le marteler, David Lemieux a commencé à s’épuiser aux alentours du 5e round d’un combat prévu pour 12.
Ainsi, ce qui devait arriver arriva, profitant de la fatigue du favori de la foule, le Mexicain ouvrira finalement la machine et terminera le travail 7e round alors que le coin du cogneur québécois lancera la serviette.
Il n’a peut-être pas gagné le combat ce soir-là, mais comme il l’a souvent fait dans sa carrière, il a gagné le cœur d’un nouveau partisan à jamais, pour lui, autant que pour son sport.
Persévérance et résilience
Malgré cela, cette défaite ainsi que la suivante aux mains de Joachim Alcine n’arrêteront pas David Lemieux.
Bien au contraire, les grands moments s’enchaîneront à partir de là. Réjean Tremblay les a déjà très bien racontés : quand il a « out-brawler » le brawler Gabriel Rosado à Brooklyn, sa conquête du titre mondial face à Hassan N’Dam, son combat au mythique Madison Square Garden face à « GGG » et ses K.-O. percutant sur Curtis Stevens et Gary O’Sullivan, notamment.
Souvenirs et nostalgie
Avec le recul, ça me rend nostalgique de penser qu’il n’y a pas si longtemps, on pouvait amener 5000 personnes au Centre Bell pour des galas similaires à ceux qu’on voit au Casino aujourd’hui.
Coup de coeur personnel: la fois qu’il s’est battu 11 jours avant Noël, en 2012, au Centre Bell, où il est entré dans le ring sur la chanson ‘Little Drummer Boy’ pour ensuite massacrer Albert Ayrapetyan en 2 rounds.
Bref, c’est en repensant à tout ça, avec sourire et nostalgie, que j’ai accueilli la nouvelle de la retraite du «Roi David».
Pour boucler la boucle, avant la fin de sa carrière et plus de 10 ans après l’avoir vu en action contre Rubio, j’ai d’ailleurs eu le privilège de le rencontrer brièvement, alors qu’il se préparait à ce que sera son dernier combat, face à David Benavidez.
Plus d’une décennie plus tard, je trouvais encore qu’il était le gars le plus cool que je puisse rencontrer. Je ne voulais pas le laisser paraître, mais j’étais au même stade émotionnel qu’en rencontrant le père Noël dans mon enfance.
Bref, si j’écris sur la boxe, c’est grâce à lui et ce texte en particulier, c’est pour lui. Je m’inspire donc de Luc Gélinas et de sa série de livres pour dire à tous que «c’est la faute» à David Lemieux si je suis tombé en amour avec la boxe.
Merci pour tout David.
Sincèrement,
Noé, Punching Grace & sûrement des milliers d’autres.