Le 13 septembre, alors que nous allons tous attendre le duel entre Saul « Canelo » Alvarez et Terence « Bud » Crawford, un combat risque de voler le show, Mbilli vs. Martinez.
Christian M’Billi, une véritable machine de guerre, classé comme meilleur super-moyen au monde à ne pas détenir de ceinture, affrontera Lester Martinez, invaincu, fierté du Guatemala, déterminé à faire tomber celui qu’on appelle « Solide » et que personne n’a encore réussi à arrêter.
Christian M’Billi (29-0, 24 KOs)
Boxeur sans frontière, il est né au Cameroun, a grandi en France, s’est installé au Québec puis réside à Dubaï. Professionnel depuis 2017, c’est un bourreau de travail, un guerrier infatigable.
Son style ? Une pression constante, des combinaisons sans fin, une puissance qui use mais qui peut aussi détruire d’un seul coup. Son volume de coups est hallucinant, soutenu par un cardio qui semble sans limite.
Personne n’est parfait… sauf Floyd Mayweather. M’Billi peut parfois se faire toucher et avance en commettant certaines erreurs défensives, ce qui est le propre des fonceurs. Si j’avais à imaginer une stratégie contre lui, j’opterais pour la contre-attaque avec l’uppercut. Mais à ce jour, personne n’a réussi à l’arrêter.
Lester Martinez (19-0, 16 KOs)
Originaire de Petén, au Guatemala, Martínez porte sur ses épaules les espoirs d’un pays qui n’a jamais connu de champion du monde. Ancien amateur décoré, il est passé pro en 2019 et s’est rapidement démarqué par son explosivité.

Photo: Boxing Scene – Lester Martinez
Son arme principale : la puissance brute. Directs, crochets, uppercuts… chaque coup peut éteindre la lumière. En consultant la fiche de Christian M’Billi, je constate qu’il n’a jamais affronté de boxeurs invaincus. Ces athlètes qui n’ont jamais goûté à la défaite chérissent ce fameux zéro sur leur fiche.
Martinez ne sait pas comment perdre : il va se battre corps et âme pour obtenir la victoire. Les critiques diront qu’il n’a jamais affronté un adversaire du calibre de M’Billi, mais il a quand même démoli Carlos Gongora. Je dirais même qu’il a mieux fait que notre boxeur lors de ce combat.
Mbilli : le rouleau compresseur
M’Billi n’est pas un boxeur qui attend. Dès la première cloche, il fonce, coupe le ring et oblige son adversaire à reculer.
Sa stratégie repose sur trois éléments :
1. Volume – Il lance des séries incessantes, parfois 80 à 100 coups par round.
2. Cardio – Même au 10e round, il garde le même rythme.
3. Pression psychologique – Ses rivaux craquent autant mentalement que physiquement, incapables de respirer.
Lester Martinez : le frappeur opportuniste
Martinez possède une arme redoutable : sa puissance, qui ne faiblit pas avec les rounds. Il cogne dur du début à la fin. Sa meilleure chance est d’exploiter les ouvertures que M’Billi laisse lorsqu’il charge en avant. Le crochet gauche court, la droite directe et surtout l’uppercut peuvent punir la fougue du Québécois.
Son défi sera double :
– Encaisser l’ouragan de coups sans perdre confiance.
– Placer le bon punch au bon moment, avant que la pression ne devienne insoutenable.

Photo: Christian Mbilli
Deux scénarios possibles
Je vois deux issues possibles pour ce grand combat à l’enjeu énorme:
Hypothèse no 1: Si M’Billi impose son rythme, le combat risque de se transformer en démolition méthodique: accumulation de coups, ralentissement progressif de Martínez, arrêt autour du 6e-8e round.
Hypothèse no 2: Si Martínez garde son calme et surprend tôt, il peut renverser la table avec un coup bien placé. Mais pour ça, il devra survivre à la tempête initiale – un défi monumental.
Pour la première fois de ma vie, je ne voulais pas m’avancer avec une prédiction… okkk, j’en fais une : ce combat sera le combat de l’année chez les 168 livres.
Dans le podcast
– Marie-Pier Houle écoutera le gala du 13 septembre avec son titre WBA sur l’épaule. Je prédis une victoire par KO au 9e round face à Stephanie Pineiro Aquino.
– Le combat de sous-carte entre Ivan Dychko et Jermaine Franklin n’est pas pour les doux. L’Ukrainien de 6 pieds 9 veut relancer sa carrière après des problèmes de promotion. L’Américain, qui a perdu son père durant le camp, lui dédie ce combat. Ça va brasser.
– Enfin, je ne crois pas en la version «musclée» de Terence Crawford. Je n’ai pas aimé sa performance à 154 livres contre Israil Madrimov : plus lent, moins puissant. Il y a une raison pour laquelle les catégories de poids existent. Il l’apprendra le 13 septembre. Verdict : Saul «Canelo» Alvarez par large décision aux points.