Il y a dans un gym de boxe quelque chose d’unique, de presque sacré…
Le bruit sourd des gants contre le sac, la respiration courte, la sueur qui tombe sur le plancher, et ce regard dans le miroir, celui d’un homme ou d’une femme qui apprend à se battre, mais surtout qui apprend à se connaître. La boxe c’est, à première vue,de la violence… mais une fois apprivoisée et comprise, elle se transforme en beauté, en art. C’est une discipline qui naît dans le chaos, mais qui exige calme, rigueur et respect.
Au-delà du regard
Les gens de l’extérieur voient deux personnes se frapper. Ceux qui ont déjà mis les gants savent qu’il s’agit de tout autre chose. Il y a, entre deux adversaires, une forme de fraternité silencieuse. Parce que celui qui t’affronte te pousse à te dépasser. Parce qu’il te force à faire face à tes peurs, à tes limites, à ton ego. Et quand la cloche sonne, il y a souvent une accolade, non pas par obligation, mais par reconnaissance, par respect. Dans ce sport de coups, naissent des liens qui peuvent durer toute une vie.

Photo: Vincent Ethier – Christian Mbilli
Le noble Art
La boxe, c’est un jeu d’échecs joué à 180 battements par minute. On y découvre que la tête peut vaincre la force brute, que la stratégie, la patience et la lecture de l’autre peuvent faire tomber les montagnes. C’est un art où chaque geste a un sens, chaque mouvement raconte une intention. Ceux qui croient que la boxe se résume à frapper n’ont jamais vraiment observé. Comme le jazz ou le ballet, il faut savoir contempler pour comprendre. Il faut sentir le rythme, la musicalité des déplacements, la poésie dans la défense, l’équilibre parfait entre le chaos et le contrôle.
Un sport qui change des vies
J’ai vu des jeunes arriver dans un gym, perdus, aigris, sans repères. La boxe leur a donné une raison de se lever le matin. Un cadre. Une famille. J’ai vu des hommes et des femmes transformer la douleur en énergie, la peur en courage, la colère en respect. Dans chaque gym, on retrouve cette même lumière : celle des gens qui veulent simplement devenir meilleurs qu’hier. Certains viennent de milieux durs, d’autres cherchent le dépassement ou encore une seconde chance. La boxe leur offre des options, mais surtout une sortie de la misère et une entrée dans la dignité.

Photo: Vincent Ethier – Osleys Iglesias
Travailler à coups de passion
En tant qu’entraîneur, je travaille fort, comme tous ceux qui vivent de ce sport. Mais chaque jour, je me rappelle que j’ai la chance de vivre de ma passion. Et c’est peut-être la plus grande leçon que la boxe m’a apprise : il faut continuer même quand tout semble te dire d’arrêter. C’est ce que fait le boxeur, round après round, quand ses bras deviennent lourds, que ses jambes sont molles, que ses poumons brûlent et que sa tête lui crie de lâcher. Il continue. Parce qu’il sait que c’est souvent après la douleur que viennent les plus belles victoires.
La boxe, c’est la vie, concentrée entre les câbles. Tu tombes, tu te relèves. Tu apprends à encaisser, à observer, à patienter. Tu apprends que la gloire n’existe pas sans discipline, que le respect se gagne à force de constance et d’humilité. C’est un sport qui t’enseigne que la vraie victoire, ce n’est pas seulement d’avoir la main levée à la fin, c’est d’avoir osé poser les pieds sur le ring.

Photo: Sports Illustrated – Artur Beterbiev
Mes premiers amours
Je suis devenu accro à la boxe en regardant les pugilistes des années 80 et 90. Ces légendes avaient quelque chose d’intemporel: la classe, le courage, l’intelligence du ring. Mais si je suis resté accro, c’est parce que j’ai vu le sport évoluer, se réinventer, se raffiner. J’ai vu émerger de nouvelles légendes, de nouveaux maîtres, et j’ai compris que le noble art ne meurt jamais, il se transforme, il s’adapte, il inspire.
Aujourd’hui, que ce soit dans un grand aréna ou dans un petit gym de quartier, je vois la même flamme dans les yeux des boxeurs. Cette flamme, c’est celle de la passion, du dépassement, du rêve. Et tant qu’elle brûlera, la boxe restera le plus beau sport du monde…

Photo: IG – Samuel Décarie-Drolet