Camille Estephan ne semblait pas de très bonne humeur quand Erik Bazinyan — soit blessé, soit trop gras — s’est retiré du combat face à Steven Butler pour une troisième fois.
Si la finale demeure 100% locale, elle reste 100% intrigante avec la présence de Stéphane Fondjo. Le Camerounais, qui agissait comme principal partenaire d’entraînement pour Shakeel Phinn, se préparait pour un combat le 8 novembre avant de recevoir l’opportunité de sa carrière : un duel face à Steven Butler.
Ce combat de dernière minute, monté par Eye of the Tiger, symbolise parfaitement l’esprit de la boxe montréalaise: un mélange d’opportunités imprévues et de destins croisés. Le bonheur des uns fait le malheur des autres… ou quand Bazinyan se blesse et que ça profite à Fondjo.

Photo: Jeff Lockhart – Stéphane Fondjo
Stéphane Fondjo est un boxeur camerounais au parcours aussi atypique qu’inspirant. Né à Batié, dans la région de l’Ouest du Cameroun, il s’est d’abord formé dans son pays natal avant de poursuivre sa carrière à l’international, animé par une détermination à toute épreuve. Véritable globetrotter du ring, Fondjo a boxé au Ghana, au Mexique, en Thaïlande, aux Émirats arabes unis et au Canada, où il réside aujourd’hui. Il a aussi vécu à Dubaï, une étape importante dans son développement personnel et professionnel.
«Pour accomplir de grandes choses, tu dois parfois souffrir. J’ai laissé ma famille derrière moi il y a huit ans pour traverser l’Atlantique et, un jour, pouvoir leur offrir une vie meilleure. Chaque jour depuis, je fais tous les sacrifices pour accomplir ce but. Je respecte Steven Butler, qui a une mentalité similaire, mais j’ai assez souffert pour en arriver ici et obtenir cette opportunité. Donc, une fois dans le ring, le 13 novembre, c’est Butler qui va souffrir », a promis Stéphane Fondjo.

Photo: Vincent Ethier – Steven Butler
Sur le plan sportif, Fondjo évolue dans la catégorie des super-moyens (168 lb). Il affiche un style explosif et discipliné, mélangeant puissance, mobilité et intelligence tactique. Avec une fiche professionnelle solide — plus d’une quinzaine de combats à son actif pour une seule défaite —, il s’est imposé comme l’un des boxeurs étrangers les plus intrigants du circuit canadien.
Selon Kenny Chery, boxeur professionnel:
«Stéphane Fondjo, originaire du Cameroun, est un boxeur à qui l’on pourrait sans exagérer attribuer le surnom de Mr. Worldwide.»
Il a en effet combattu au Mexique, en Thaïlande, au Ghana, aux Émirats arabes unis et au Canada, tout en ayant résidé à Dubaï. Son parcours est singulier: c’est notamment Shawn Collinson — bien connu pour travailler avec plusieurs boxeurs de EOTTM — qui l’a convaincu de s’installer au Canada, où il s’entraîne désormais sous la direction d’Ian MacKillop.

Photo: Vincent Ethier – Ian MacKillop
Fondjo incarne le prototype du boxeur athlétique par excellence : très grand pour la catégorie des 168 livres et doté d’un conditionnement physique remarquable, on pourrait aisément l’imaginer performer dans d’autres disciplines comme le basketball. Doté d’un excellent jab, d’une main droite lourde et d’une gestion de la distance exemplaire, il a, depuis son arrivée au pays, considérablement bonifié son travail au corps, notamment grâce à un crochet du bras avant redoutable. Boxeur-puncher complet, Fondjo excelle aussi en contre-attaque, profitant de chaque ouverture pour punir un adversaire imprudent. Avec son gabarit imposant et sa puissance naturelle, il est capable de dicter le rythme et d’épuiser ceux qui tentent de le contenir.
Chery conclut:
«Décidément, ce combat pourrait s’avérer beaucoup plus intéressant qu’on ne le croit, surtout avec le peu de temps d’ajustement accordé à Steven Butler.»

Photo: 12round.ca – Kenny Chery
Boxe camerounaise
Au fil des années, plusieurs boxeurs originaires du Cameroun ont connu du succès à Montréal, une ville devenue un véritable carrefour pour la boxe internationale. Parmi eux, Hermann Ngoudjo, né à Douala, s’est imposé comme l’un des premiers à percer sur la scène professionnelle québécoise. Je me répète, mais il a boxé quatre fois en combat éliminatoire et avait vaincu José Luis Castillo et Paulie Malignaggi, quoi qu’en pensent les juges.
Olivier Lontchi, également issu du Cameroun, s’est illustré dans la catégorie des super-coqs en livrant de solides performances devant le public montréalais et s’est présenté en championnat du monde face à Juan Manuel Lopez.
Aujourd’hui, Christian Mbilli, né à Yaoundé et désormais résident de Montréal, porte fièrement le flambeau camerounais en tant que figure majeure des poids moyens. Dieudonné Wilfried Seyi Ntsengue est maintenant établi ici comme entraîneur, après nous avoir fait rêver, tandis que Paul Mbongo, un autre pionnier camerounais, a laissé sa marque sur les rings québécois.

Photo: Vincent Ethier – Christian Mbilli
Aujourd’hui, Stéphane Fondjo s’apprête à franchir un nouveau cap de sa carrière avec un affrontement de prestige contre Steven Butler — une occasion en or pour se faire un nom auprès du grand public et démontrer que le Cameroun peut encore produire des boxeurs de classe mondiale.
Dans le podcast:
Ian Mackillop se retrouve encore dans le coin de l’adversaire pour un combat important impliquant un boxeur d’EOTTM. Après Shakeel Phinn face à Wilkens Mathieu, il voudra prendre sa revanche avec Stéphane Fondjo. Je n’oublierai jamais sa trilogie avec Sébastien Demers et sa victoire en Australie face à Shannan Taylor où il est devenu champion de l’Eurasie. Un exploit rare pour un boxeur du Nouveau-Brunswick.

Photo: Jeff Lockhart – Shakeel Phinn vs Wilkens Mathieu
Le journaliste Claude Olivier Banaken aime référer à Fondjo en l’appelant le Francis N’Gannou en devenir.