Photo : Vincent Ethier – Steven Butler n’a pas perdu de temps face à son opposant américain…
Steven Butler a été éclatant, hier soir, en pulvérisant Mark De Luca au 2e round sur le ring du Casino de Montréal. Cette victoire, l’une de ses plus importantes en carrière, n’est toutefois que la pointe de l’iceberg des dernières années de la carrière de Butler. C’est que pour s’y rendre, l’homme a d’abord dû se battre contre lui-même, le doute et l’adversité, pour finalement en sortir plus fort, voire grandi.
«C’est une victoire qui a bon goût […]. Je suis fier de ce que j’ai accompli, puis de ne pas avoir abandonné au moment où ça aurait été facile de la faire […]», a indiqué Butler en s’adressant aux médias après le combat.
Là où l’abandon aurait été facile, c’est quand le Montréalais a perdu deux combats consécutifs : d’abord la défaite «crève-cœur» du Japon, ensuite celle qui «sortie de nulle part», au Mexique. À ce moment-là, plusieurs ont remis son avenir en question, mais même dans le doute, « Bang Bang » n’a jamais lâché prise.
«Je suis content d’avoir montré mon caractère là-dessus et d’être revenu plus fort», a lancé celui qui n’a eu besoin que de deux assauts pour arrêter le boxeur qui avait fait sept rounds avec Kell Brook.
«Je ne veux pas aller chercher de chèque»
Classé 24e chez les poids moyens avant sa performance contre De Luca, Steven Butler croit qu’il mérite maintenant de faire un retour dans le top 15 de sa catégorie. En revanche, il ne compte aucunement brûler les étapes pour revenir au sommet.
«Je veux avoir les outils [et le temps] nécessaires pour affronter l’élite et remporter les combats. Je ne veux pas aller chercher de chèque, je vis bien présentement et je n’ai pas besoin d’argent. Mon objectif, moi, c’est d’être champion du monde», affirme celui qui se considère comme un jeune vétéran, avec déjà 35 combats à seulement 27 ans.
Pour la suite, le Montréalais laisse à l’équipe d’Eye of the Tiger le rôle de lui trouver le bon combat. En attendant, il est clair que sa performance contre De Luca n’a pas déçu ses patrons.
«Je pense qu’il est prêt pour un pour un autre niveau », a confié Marc Ramsay, directeur du développement d’EOTTM, en ajoutant qu’en plus d’être expéditif, il avait trouvé Steven Butler «bien discipliné» sur le ring.
«Rénald, c’est tout»
Si l’identité de son prochain adversaire est les mains des gestionnaires d’EOTTM, le développement de son «coffre à outils», quant à lui, est entre les mains de son équipe d’entraîneurs. Parmi ceux-ci, celui qui a eu le plus grand rôle sur l’ascension, et maintenant le retour de Steven Butler, est l’homme qui est dans son coin depuis (presque) toujours, Rénald Boisvert.
«Rénald, s’il me dit demain: ‘va voler au dépanneur’, je vais voler au dépanneur». J’ai mûri à ses côtés, quand j’ai commencé la boxe à 11 ans, en rentrant au Club Champion, c’est lui qui m’a accueilli […]. Je pense qu’on a fini par trouver une belle clé de succès», raconte Butler, disant s’engager à 100% dans la philosophie de son entraîneur, en mettant notamment les «bouchées doubles» à l’entraînement.
Steven Butler, célébrant sa victoire avec son mentor depuis plus de 15 ans, Rénald Boisvert.
D’ailleurs, qui de mieux que l’homme pour qui Steven Butler volerait ce pauvre dépanneur, pour constater l’évolution de son poulain.
«Après ses deux défaites, Steven est revenu avec le doute. Le doute, ce n’est pas bon dans un combat de boxe, mais c’est bon de l’avoir lorsqu’on veut restructurer sa carrière. Depuis de ce temps-là, il a ‘maturé’ et on a vraiment pu travailler des nouvelles choses ensemble de façon réfléchie», indique Rénald Boisvert.
«Je suis rendu grand»
C’est d’ailleurs quelque chose qui est beaucoup ressorti durant la semaine du combat: le fait que Steven Butler avait «mûri» ou, selon ses propres dires, était «rendu grand».
Cette maturité, comme le souligne Rénald Boisvert, est visible dans sa mentalité, elle se transcende à l’entraînement, puis finalement, dans son approche sur le ring.
«C’est clair que ce n’est plus le même Steven, il est plus patient maintenant. L’ancien Steven Butler voulait défoncer, mais défoncer, cela ne donner rien. Il faut percer une défensive, avec des feintes, attendre le bon moment, voir les ouvertures et je pense qu’il a amélioré beaucoup ces aspects-là», affirme Boisvert, en ajoutant que Steven Butler est, lui-même, fier de sa progression et qu’il n’y a « rien de meilleur pour un boxeur » que cet état d’esprit.
Butler versus Butler
Après avoir entendu Butler et Boisvert parler, le constat est que ce serait un euphémisme de dire que Steven Butler a pris du galon en près de neuf ans chez les professionnels.
Quand il a débarqué, à seulement 18 ans, il avait le lourd fardeau d’être le «Sidney Crosby de la boxe». Des années plus tard, Steven Butler ne joue pas plus au hockey, mais il est encore un boxeur professionnel qui «ne joue plus à la boxe». Considérant aujourd’hui être la meilleure version de lui-même, il ne joue plus non plus au jeu des comparaisons, ou presque, puisque « Bang Bang » ne se compare qu’à lui-même.
«Aujourd’hui, je knockerais le Steven d’il y a trois ans, celui qui s’est battu contre Murata…», affirme-t-il s’accordant avec Marc Ramsay ainsi que Rénald Boisvert.
Au final, si Steven Butler a appris à se concentrer sur lui-même en tant que boxeur, c’est qu’il ne boxe plus que pour lui-même, mais en tant qu’homme de famille.
«C’est de gros sacrifices que je fais au niveau de ma famille, de ma femme, de mes deux enfants, mais je le fais pour eux, pour moi, pour avoir une meilleure vie et pour donner une meilleure vie à mes enfants», conclut le Montréalais, boxeur et homme de famille, Steven Butler.