Photo : Vincent Ethier – Steven ‘Bang Bang’ Butler (34-4-1, 28 K.-O.) a rendez-vous avec Patrice ‘Vicious’ Volny (18-1, 12 K.-O.) le 6 juin prochain, au Casino de Montréal.
Steven Butler le sait : il cogne dur. C’est inné et ç’a toujours été comme ça. Il sait aussi que sa boxe fait des pas de géants depuis qu’il s’entraîne avec ‘Iceman’ Scully en Nouvelle-Angleterre. Ça, c’est un secret mieux gardé puisqu’il n’a pas été obligé de sortir son coffre à outils complet pour rouler sur Rolls en 65 secondes…
On peut se rendre loin avec une belle boxe, mais on peut certainement y arriver plus quand on peut endormir n’importe qui d’un seul coup de poing.
N’en demeure pas moins que plusieurs croient que Butler-Volny se jouera «sur la ligne». Et si tel est le cas, selon ‘Bang Bang’, quelque chose d’encore plus fort que ses forces physiques et techniques «supérieurs» viendra faire la différence en sa faveur.
«C’est ma hargne, mon vouloir… ce combat-là, il ne le voudra jamais plus que moi. Il ne sera jamais prêt à souffrir comme moi. Je l’ai dit, je respecte Patrice Volny comme personne, dans la vie, mais dans le ring, je vais être méchant», explique Butler.
Vraiment, rien de personnel, mais…
«C’est aussi un gars qui met mon nom dans sa bouche depuis longtemps, alors j’ai hâte de lui envoyer la facture», vient-il ajouter.
Mondes parallèles
L’ambivalence entre le Steven respectueux et le méchant ‘Bang Bang’ représente bien ce combat.
Ce n’est pas tout à fait la croisée des chemins qu’était Butler-Rolls, c’est plutôt la jonction des frontières.
C’est un combat local, mais seulement le perdant recevra l’étiquette qui vient avec.
Pour le gagnant, ce sera un combat international qui, avec le titre WBC Francophone à la taille, lui assura un retour dans les classements mondiaux.
Même le camp d’entraînement de Butler avait deux horizons. Avec John Scully en ville, à Montréal, pour aider Marc Ramsay dans la préparation d’Artur Beterbiev, il put rester au nord de la frontière plusieurs semaines. Mais comme le roi des mi-lourds s’est blessé, un retour sous le ciel des sud s’est imposé.
Seul pour les autres
Outre pour ces trois dernières semaines, le Montréalais aura eu le temps de profiter des conseils de son éternel mentor, Rénald Boisvert, au gymnase, tout en passant davantage de temps avec sa famille à l’extérieur.
Mais pas trop.
«Que je sois ici ou aux States, je rentre dans ma bulle quand je me prépare pour un combat. Je n’ai pas le choix d’être égoïste, de penser à moi en premier dans ces temps-là. Ce n’est jamais facile, mais mes proches comprennent que c’est pour le mieux, que c’est aussi pour eux que fait ça.»
Si ça sonne comme une noble cause, c’est que c’en est une.
«Jusqu’au bout du rêve»
C’était le titre de ma dernière entrevue avec Steven Butler qui, avec une victoire face à Volny, comme c’était le cas avec Rolls, espère continuer de s’approcher de ce rêve.
L’histoire se répète, car le rêve perdure, même après 10 ans chez les professionnels.
C’est celui qui le porte qui a changé
Attention, il n’est pas ici question du vieux cliché. On ne parle pas d’un Butler 2.0, 3.0 ou même 4.0, entre l’homme qui s’est rendu au Japon, en Californie et peu importe où il ira dans le futur.
Juste un Butler plus mature, sans dire plus sage, du moins plus conscient.
«On peut évoluer, les gens devraient commencer à comprendre que moi en tout cas, je ne suis plus le petit bum que j’étais il y a 10 ans», lâche le jeune vétéran.
Même sur le ring?
Ce qui fascine, c’est que personne n’a jamais vraiment remis son talent en question.
Pour un dit combat 50/50, c’est également assez fou de voir que la plupart de ceux qui penchent pour Patrice Volny ne le voient pas réellement «prendre» le contrôle du combat. En cours de route, ils voient plutôt Steven Butler, «perdre» le contrôle de celui-ci, en perdant le contrôle de lui-même.
C’est l’instinct du bagarreur, ou celui du ‘petit bum’ qu’il dit ne plus être non plus sur le ring. Mais pourra-t-il garder la tête froide si les choses se compliquent dans un Casino plus divisé qu’à l’habitude?
Sa réponse est oui. Même qu’à ses yeux, c’est pour Volny que ça se compliquera.
«Entre deux Québécois, il y a un peu d’adrénaline de plus et c’est pour ça que c’est un combat qui promet. Mais c’est un combat qui va aller à mon rythme, on ne va s’adapter à lui, c’est lui qui devra s’adapter à nous», achève Butler, comptant imposer sa volonté.
… parce qu’après tout, Volny «ne le voudra jamais plus» que lui.