Photo: Vincent Ethier – Dzmitry Asanau, une étoile internationale.
À l’instar de Max Verstappen lorsqu’il visite Montréal, la recrue d’Eye of the Tiger Dzmitry Asanau (8-0, 3 K.-O.) est sur la voie rapide. Dès son 9e combat professionnel et 2e en Amérique, le double olympien combattra pour le titre WBC Continental des Amériques, le 7 novembre, au Casino de Montréal.
En mai dernier, lorsque la mise sous contrat de la fierté de Maladetchna (Biélorussie) avait été annoncée, Camille Estephan l’avait dit déjà prêt pour «de gros tests».
On y est.
L’ex-aspirant au titre mondial Matias Rueda (38-2, 32 K.-O.) s’amènera à Montréal cet automne. Le cogneur argentin devait débarquer à Québec cet été, mais une blessure l’écarta du combat au profit de son compatriote Alexis Camejo.
«Rueda est un boxeur professionnel très expérimenté, mais j’ai quand même beaucoup d’expérience amateur. Je crois que je peux le surprendre», commente Asanau, espoir poids léger entraîné par Samuel Décarie-Drolet.
L’aventure montréalaise
Le palmarès de l’olympien des Jeux de Rio (2016) et Tokyo (2021) faisait de lui un agent libre convoité à son arrivée chez les professionnels en 2022. Il signa d’abord avec Universum Boxing, en Allemagne, mais sentit avoir besoin de changement lorsque son contrat arriva à échéance, en 2023.
Au printemps 2024, Marc Ramsay l’invita à Montréal pour un essai. Car oui, malgré plus de 200 victoires chez les amateurs, face à des talents de renommée mondiale comme Andy Cruz, Hector Luis Garcia ou encore Murodjon Akhmadaliev, c’est dans le gymnase de la rue Jeanne-Mance qu’il a prouvé que son palmarès n’était pas du toc.
«On a fait quelques sparrings, puis Marc m’a dit que j’avais ce qu’il fallait pour être ‘un bon boxeur’. Quelques semaines après, je signais avec Eye of the Tiger», raconte-t-il, également convaincu que sa nouvelle équipe pouvait l’amener au sommet.
En l’entendent dire ‘good boxer’ sous son accent d’Europe de l’Est, difficile de ne pas y voir un clin d’œil à l’éternelle quête d’excellence d’Artur Beterbiev. Justement:
«Ils savent comment bâtir des champions. Artur Beterbiev est l’exemple parfait, il a tout gagné chez les amateurs, et ils ont été capables de transposer ça chez les professionnels. Même chose pour Christian Mbilli, je l’ai boxé en personne aux Jeux de Rio. Il avait bien fait, et n’a fait que s’améliorer depuis.»
L’Émirien d’adoption
Pour s’amener à Montréal, maintenant pour la 3e fois, Dzmitry ‘The Wasp’ Asanau a volé pendant près de 14 heures, sans escale, en provenance des Émirats arabes unis.
Ceux qui ont visionné son combat du 17 août, une domination de 8 rounds, en ouverture du gala Mbilli-Derevyanchenko se rappelleront peut-être que l’annonceur maison de Top Rank, Mark Shunock, avait énoncé ‘fighting out of Dubai’, avant de dire son nom. Mais comment ‘La Guêpe’ de Biélorussie a-t-elle pu atterrir en plein milieu du désert?
«On y a déménagé il y a environ deux ans», raconte celui qui y réside avec sa femme et son fils. «Je m’entraînais au Gridin Gym, à Minsk, et mon équipe a décidé d’ouvrir un second gymnase en nous demandant si certains d’entre nous souhaitent s’y relocaliser», poursuit l’athlète et entraîneur privé.
«Je le voyais comme une opportunité de nouveau départ, mais aussi d’avoir accès à plus de ressources, comme de meilleurs partenaires d’entraînement», énonce l’athlète-entraîneur du Champ Belts Gym, là où ses camps d’entraînement débutent toujours.
«Avec Sam, on se parle chaque jour. Même chose pour Philippe [Gougeon], mon préparateur physique, qui surveille mon plan d’entraînement de près», affirme-t-il, séparant son camp en deux lieux, un peu comme Steve Claggett, de Calgary à Montréal.
De père en fils
Sa passion pour la boxe, elle remonte toutefois à bien plus loin que Dubaï. Son père, Siarhei, fut autrefois lui aussi un excellent boxeur amateur. Champion d’URSS, il fait aujourd’hui partie du groupe d’entraîneurs de l’équipe nationale biélorusse.
«J’ai commencé à aller au gymnase quand j’avais trois ans. Comme n’importe quel enfant, au départ, je voulais juste suivre mon père au travail, mais rapidement, j’ai commencé à aussi vouloir y aller pour la boxe», se remémore l’athlète de 28 ans.
«Quand il s’en est aperçu, honnêtement, il a voulu que j’arrête. Il sait mieux que personne que la boxe n’est pas un jeu, que c’est un sport dur qui demande de la discipline. J’ai dû lui prouver que j’avais cette discipline pour pouvoir continuer», ajoute celui qui se rappelle du moment précis où le déclic a eu lieu.
«C’était en 2012, quand je suis devenu le 1er Biélorusse à remporter le championnat junior d’Europe. Les sacrifices, je savais que je pouvais les faire, mais ce jour-là, c’est comme si je voyais leur récompense pour la première fois. Ça m’a donné la motivation de devenir un ‘professionnel’ à temps plein. Je n’ai vécu que pour la boxe depuis.»
D’un continent à l’autre
Anecdote: c’est en raison de son style de boxe que Dzmitry Asanau est surnommé «La Guêpe». Un style ‘in and out’ comme le décrirait l’analyste Matt Casavant. C’est donc sans doute le jeu de pieds d’Asanau qui font de lui un espoir sérieux à 135 lb.
«D’où je viens, on a cette expression qui dit qu’un homme peut survivre à n’importe quelle situation s’il a de bonnes jambes. Avec ça, on dit donc qu’un boxeur peut gagner n’importe quel combat», nous raconte Asanau.
Jusqu’à maintenant c’est vrai. Il est invaincu en neuf combats et ses bonnes jambes semblent même lui avoir donné des ailes. Natif d’Europe et résidant de l’Asie – croyez-le ou non – en l’emportant le 7 novembre, il régnera sur l’Amérique, selon la WBC.
Si Muhammad Ali était Biélorusse, sa célèbre expression aurait pu être: «vole comme un papillon, pique comme une guêpe».