Photo: Boxen1 – Petro Ivanov, invaincu en 20 combats.
Le spectaculaire K.-O. au 1er round d’Osleys Iglesias (12-0, 11 K.-O.) et les terrifiantes convulsions d’Evgeny Shvedenko ont fait le tour du monde en juin dernier. Pour le commun des mortels, il faudrait être fou pour vouloir affronter la Tornade cubaine. Le ratio risque/récompense n’est pas énorme, mais…
Pour son prochain adversaire, Petro Ivanov (18-0-2, 13 K.-O.), au diable le ratio. Iglesias possède le titre IBO. C’est noir sur blanc; qui ne risque rien n’a rien.
«J’ai travaillé toute ma vie pour ce titre mondial. Oui, Iglesias est dangereux, mais à ce niveau, ils le sont tous à leur manière. Donc, ça me paraît simple, si tu veux être au sommet, tu ne peux pas refuser ce genre de défi», affirme l’aspirant ukrainien et, au sens littéraire, chasseur de tornade.
Un style énigmatique
On commence à bien connaître la puissance d’Iglesias, son gros gabarit, sa grande portée, mixés avec le meilleur de la science cubaine. Quand est-il d’Ivanov? Eh bien, pour citer ce qu’un entraîneur québécois m’a déjà dit: «mon style, c’est tous les styles».
«Je sors un peu de l’ordinaire, parce que j’ai visité plusieurs écoles de boxe et je me suis entraîné avec différents entraîneurs dans ma vie, afin de voir et apprendre le plus de choses différentes possible. Vraiment, c’est une de mes forces m’adapter à chaque style, mais aussi imposer mon propre style.»
Bon, c’est un peu la version boxe de cette citation de l’entraîneur du Canadien de Montréal, Martin St-Louis, disant que tu dois «amener ta game, dans leur game». Mais, au-delà de tous ces «styles», il y a un ajout majeur.
«Je crois que ma plus grande force, c’est d’avoir l’esprit du guerrier», vient ajouter celui qui s’entraîne actuellement au Match1 Gym, piloté par l’entraîneur Dominik Junge, à Karlsruhe dans le Sud-ouest allemand.
«Comme les Klitschko»
Il l’a évoqué d’entrée de jeu, mais une grande partie de sa vie a été consacrée à la boxe. Il est aujourd’hui âgé de 28 ans, mais il y a 17 ans de cela, c’est au cœur d’une double histoire de famille qu’il a enfilé les gants pour la première fois.
«J’ai un frère jumeau, Pasha, et notre père voulait qu’on soit comme les [frères] Klitschko», se souvient celui qui fut finalement le seul à se rendre chez les pros’. «Mon premier combat était à 11 ans et s’est terminé par un match nul. J’étais déçu, mais à partir de jour, j’ai voulu me prouver à moi-même que j’étais plus fort et que je pouvais gagner le prochain…», raconte-t-il, dans une histoire similaire qui vous rappellera celle d’Erik Bazinyan, qui – selon la légende – avait perdu son 1er combat amateur, mais remporté les 108 suivants.
«J’ai gagné le prochain, et plusieurs autres ensuite, mais m’améliorer d’un combat à l’autre – peu importe le résultat – est devenu ‘mon’ combat. Avec de la discipline, cela m’a amené où je suis aujourd’hui.»
Vive la France!
Selon cette mentalité, il promet donc d’être la meilleure version de lui-même (à ce jour) au Casino de Montréal. C’est en étant invaincu en 20 combats qu’il mettra les pieds au Canada pour la première fois de sa vie. L’une de ces victoires est toutefois à souligner.
C’était en décembre 2018, deux semaines avant Noël. L’Ukrainien se rend au Palais des Sports Marcel Cerdan, pour affronter le cogneur Louis ‘Kawai’ Toutin. Ironiquement, celui que mon ami Laurent Poulin surnommait «le David Lemieux français» avait la même fiche qu’Iglesias aujourd’hui; parfait en 12 combats et fort de 11 K.-O. Il avait le titre mondial jeunesse de la WBC à sa taille et semblait avoir toutes les cartes dans sa manche. Ce fut même vrai le temps d’un instant, Ivanov visita d’abord le plancher, mais pour citer la Fédération française de boxe, «il plia sans jamais rompre» et, alors qu’il était bien en retard sur les cartes des juges, il arrêta Toutin au 9e round.
Vous comprendrez que Louis Toutin n’est pas Osleys Iglesias, et qu’une victoire face à ‘Kawai’ n’est pas gage d’un triomphe sur ‘El Tornado’. C’est toutefois gage d’une chose: ce ‘fighting spirit’ dont Ivanov parlait plus tôt comme étant sa plus grande force, il est bien réel.
Et tant mieux, car sur l’affiche du 7 novembre on peut lire que «la tornade approche», alors son «esprit de guerrier», Petro Ivanov risque d’en avoir besoin.