Photo: Virginie Assaly / EOTTM – Arthur Biyarslanov (17-0, 14 K.-O.), alias ‘The Wolf’.
«Tu peux être un sportif naturel, mais en boxe, tu ne seras jamais bon du premier coup. J’étais mauvais quand j’ai commencé, et j’aime être bon, alors j’ai continué…»
Ce sont les mots d’Arthur Biyarslanov qui continue encore et toujours à peaufiner sa boxe, 17 ans plus tard.
À 12 ans, Arthur entrait dans un club de boxe pour la première fois. Son grand frère Rustam souhaitait qu’ils apprennent à se défendre. Excellent joueur de soccer et de basketball, Arthur s’attendait à ce que ce soit plus simple plus rapidement.
Mais non, on ne joue pas à la boxe.
«Mon combat le plus dur en carrière a été mon premier chez les amateurs. Je boxais depuis quelques mois, je pensais monter dans le ring, lancer quelques coups et ressortir victorieux. Mais finalement j’affrontais un gars plus vieux et plus expérimenté. Même que pendant le premier round j’ai commencé à me dire que la boxe n’était pas pour moi…»
Et pourtant, il remporta les deux rounds suivants. Et puis le combat.
Photo: Virginie Assaly / EOTTM
Chapitre I: pour l’honneur
Avant d’être un boxeur élite, Arthur était d’abord un gars très fier. C’est un peu pour ça qu’il a persévéré.
Alors avant de viser l’élite, il avait donc des comptes à régler.
«J’avais presque une liste de gars dans le gym qui étaient meilleurs que moi au début, et donc avec qui je voulais remettre les gants quand j’ai commencé à être bon», se souvient-il en souriant.
Ç’a été la première marche du grand escalier.
«Je me rappelle qu’en 2012, je venais de gagner le championnat canadien junior pour la 2e fois. Je regardais les Jeux olympiques de Londres à la télévision et mon frère m’a dit: ‘Ça pourrait être toi dans 4 ans’. Dans ma tête, à ce moment-là, ça arrivait vite…»
Mais le «Loup» ne dit jamais non à un défi.
Photo: Virginie Assaly / EOTTM
Chapitre II: le rêve olympique
À peine arrivé chez les séniors, il se qualifia pour les Jeux du Commonwealth de 2014. Les choses déboulent rapidement ensuite. En 2015, il devient champion canadien, remporte l’or aux Jeux panaméricains et le bronze aux Championnats continentaux, le tout, en plus de participer à son premier Championnat du monde sénior.
En 2016, il remporte de nouveau le titre canadien, en plus de remporter l’or aux qualifications continentales olympiques. Quatre ans plus tard, Rustam avait vu juste. Arthur s’envolait pour Rio.
Là-bas, il s’inclina au 2e tour face à l’éventuel aspirant au titre mondial, Artem Harutyunyan.
«Ça n’avait pas été une grosse année olympique pour le Canada malheureusement. Je rêvais de la médaille d’or. Mais je me voyais mal perdre quatre ans de plus pour y retourner. En plus, j’avais toujours eu l’impression d’avoir un style mieux adapté à la boxe professionnelle.»
Bilan total: 85 victoires et 13 défaites, dont deux championnats canadiens juniors et trois séniors.
Pas mal pour un gars qui voulait tout arrêté au premier round de son premier combat.
Photo: Virginie Assaly / EOTTM
Chapitre III: obstacles et loyauté
C’est finalement en 2018 que Biyarslanov passe aux rangs payants.
Bien qu’au départ, ils n’étaient pas si payants que ça.
«Mes trois premiers combats étaient comme boxeur indépendant. Je recevais des offres, mais je connaissais ma valeur, et les deux ne concordaient pas», se rappelle-t-il.
«Mais c’était difficile. Je venais m’entraîner à Montréal. Je restais prêt à me battre… mais les combats n’arrivaient pas. Ça commençait à te jouer dans la tête… et ce n’était pas facile financièrement non plus. Honnêtement, si mon frère ne m’avait pas supporté, je ne sais pas si j’aurai pu continuer.»
Comme à chaque chapitre, Rustam Biyarslanov semble être le dénominateur commun du succès d’Arthur.
Les loups ne se tiennent pas en meute pour rien.
Photo: Virginie Assaly / EOTTM
Chapitre IV: L’ascension
La patience d’Arthur fut récompensée, pendant un temps.
Eddie Hearn et Matchroom arrivèrent avec une offre satisfaisante. Le temps de quelques combats.
Ensuite ce fut Probellum, devenu Disrupt Promotions… devenues rien du tout.
Et puis, Eye of the Tiger arriva dans le portrait, en 2023.
«J’avais toujours dit à Arthur de signer avec EOTTM, mais à l’époque, Matchroom et Probellum étaient arrivés avec le genre de contrats presque insensé que tu ne peux pas refuser», m’avait déjà raconté son entraîneur, Samuel Décarie-Drolet.
Depuis, le «Loup» a rattrapé le temps perdu. Le 6 février prochain, face à Mohamed Mimoune, il en sera à son 5e combat en moins de 11 mois. Le prochain, et les trois derniers avaient le titre NABF des poids super-légers à l’enjeu. Déjà au 16e rang du classement WBC des 140 lb, nul doute qu’une victoire face à l’ex-champion mondial français lui fera percer le top 15.
Et ça, ce n’est que la pointe de l’iceberg de la vraie quête du «Loup».
«Je sais comment ça fonctionne. Tu dois attendre ton tour et gravir les échelons un combat à la fois. MAIS, si vous me le demandez, je crois être prêt. Si l’appel arrivait ce matin j’irais me battre en championnat du monde ce soir.»
À l’époque, Arthur Biyarslanov boxait pour être bon, par standard ou fierté. Sa «tournée revanche» au gymnase est loin derrière. Maintenant, c’est aux 15 aspirants mondiaux devant lui qu’il veut prouver qu’il est meilleur.
Les temps changent, mais pas vraiment. Rustam est toujours dans son coin.
Photo: Vincent Ethier / EOTTM
Histoires de «Loup»
- Natif du Daghestan, en Russie, le ‘Loup’ a déménagé en Azerbaïdjan à l’âge de 4 ans pour fuir la guerre. Six ans plus tard, la meute Biyarslanov s’installera définitivement à Toronto;
- Initialement entraîné par Marc Ramsay, Samuel Décarie-Drolet a bien vite pris le relais dans le coin du «Loup» lorsque Ramsay a signé son contrat d’exclusivité avec EOTTM;
- Toujours basé à Toronto, avec son épouse et leurs deux jeunes enfants, il possède toutefois un logement à temps plein à Montréal… car il s’entraîne souvent;
- La trouvaille Boxrec: en 2011, le «Loup» remporta son premier championnat canadien junior à Saint-Hyacinthe… contre Steven Butler.
- En 2018, son prochain adversaire, Mohamed Mimoune, était venu faire un camp à Montréal en vue de son éventuelle conquête du titre mondial IBO. Ils n’ont pas mis les gants, mais se sont entraînés ensemble et se connaissent bien…