Photo: Vincent Ethier / EOTTM – Erik Bazinyan (32-1-1, 23 K.-O.) et Steven Butler (35-5-1, 29 K.-O.), qui s’affronteront au Théâtre St-Denis de Montréal.
J’ai été épaté par la quantité de journalistes présents à la conférence de presse inaugurale du combat qui opposera Erik Bazinyan à Steven Butler le 14 mars prochain. C’est pas mêlant, même Jeremy Filosa a fait un retour aux sources pour l’occasion.
Et là j’ai pensé à Régis Lévesque, qui aurait dont aimé y être aussi.
Face à face, on avait deux Québécois. Deux boxeurs d’Eye of the Tiger. Si vous êtes attentifs, Butler l’a même dit, c’est lui qui a fait entrer Baz chez EOTTM. Deux vieux amis, oui.
Mais ce n’est pas que deux locaux. Butler est allé deux fois en championnat du monde et Bazinyan, qui vient de boxer Munguia, est toujours dans le top 10 mondial.
Ce n’est pas de l’eau de rose non plus.
‘Bang Bang’ a été arrêté 5 fois en carrière et ‘Bzo’ n’a pas signé de victoire depuis plus d’un an. C’est un peu pour ça qu’ils s’affrontent, les deux ont le dos au mur. Alors espérez que ce soit serré, et on aura peut-être une trilogie. Sinon, de grosses questions auront à être posées dans le coin perdant.
Photo: Vincent Ethier / EOTTM
Des amis, locaux, devenus rivaux, avec du talent, mais peut-être des carrières en jeu…
C’est comme si Camille Estephan, avec tous les ingrédients en main, avait hérité de la marmite de Régis. Reste plus qu’à tous mixer, le 14 mars.
En attendant la nouvelle recette, je suis retourné dans le passé pour m’imaginer de quoi elle pourrait avoir l’air. Par respect pour mon parrain Réjean Tremblay, lui qui est tout jeune, je n’ai pas voulu reculer trop loin pour être compris…
De toute manière, juste à partir des années 90, on a été gâté. Lisez bien.
La trilogie d’anthologie
27 novembre 1998: Davey Hilton TKO 12 sur Stéphane Ouellet
Dans mes souvenirs, on est à une époque où le Poète jouit d’un classement qui lui permettrait d’affronter le Français Laurent Boudouani pour un rôle d’aspirant obligatoire et un éventuel combat de championnat du monde. Il risque tout face à Davey Hilton, un boxeur plus âgé, moins technique, mais avec une force de frappe ridiculement élevée.
Comme dans toute bonne trilogie, le premier combat se termine dans la controverse. Alors qu’il reste quelques secondes, Ouellet crache son protecteur buccal, puis cesse de se protéger, ne laissant pas d’autre choix à Denis Langlois que d’arrêter le combat. J’étais tellement fâché et triste que je rageais en pleurant devant mes amis d’école.
À cette époque, je devais convaincre mes camarades de commander les événements avec moi. J’avais 16 ans, les PPV étaient chers et mon budget inexistant. On réunissait huit ou neuf amis, on payait 7$ chacun, et on remplissait le sous-sol chez Nicolas L’Espérance pour une autre soirée de combat.
Photo: Archives / InterBox
28 mai 1999: Davey Hilton TKO 3 sur Stéphane Ouellet
Pour la petite histoire, le Poète, pris dans ses démons et son anxiété, ne s’est pas du tout préparé pour ce combat. Une performance triste à regarder.
8 juillet 2000: Stéphane Ouellet UD 10 sur Davey Hilton
Cette trilogie est tellement parfaite pour un conteur d’anecdotes comme moi. Avant de marcher vers le ring, Davey Hilton se fait saisir sa bourse par des huissiers. La suite est un chef-d’œuvre peint par Stéphane Ouellet, qui détient encore aujourd’hui le plus beau jab que la boxe québécoise ait connu.
Le grand soir
18 janvier 2014: Jean Pascal UD12 vs Lucian Bute
Il a fallu six ans pour organiser ce combat inévitable. Les semaines qui l’ont précédé sont probablement les meilleures de ma vie : les débats sur la place publique, la visibilité médiatique omniprésente, les médias sociaux divisés entre Pro-Pascal et Pro-Bute. Même Stéphan Larouche et Marc Ramsay sont devenus mesquins le temps d’un combat.
«Je vais lui fermer la gueule. Le 18 janvier, ce sera destruction.» – Lucian Bute
«Jean Pascal est un boxeur de quatre rounds.» – Stéphan Larouche
«Jean Pascal est un meilleur athlète que Lucian Bute.» – Marc Ramsay
«Qu’ils viennent me le dire en pleine face de me fermer la gueule!» – Jean Pascal
Photo: Archives / InterBox
Tout était parfait… sauf le combat. Trop facilement remporté par Jean Pascal. D’ailleurs, il avait annulé son combat revanche face à Chad Dawson pour donner au Québec ce qu’il réclamait depuis six ans. Étrangement, c’est ce qui a permis à Adonis Stevenson de se mesurer à Bad Chad… et le reste appartient à l’histoire.
Renan St-Juste et son impact local
Renan St-Juste détient le record du plus grand nombre de combats locaux depuis 2000 avec six affrontements: David Goulet, Sylvain Hovington, Claudio Ortiz, Jacques Lemaire,
Walid Smichet et Sébastien Demers.
Petite anecdote: après avoir vaincu Walid Smichet au premier round, Renan était furieux de ne pas affronter Sébastien Demers. À l’époque, les relations entre GYM et InterBox étaient tendues. Finalement, Renan rejoint InterBox, et on assiste à une douce revanche: il pulvérise Demers dès le deuxième round.
Dans le podcast
- Ian Mackillop, entraîneur de Jessica Camara, Shakeel Phinn et Kenny Chery, a partagé le ring à trois reprises avec Sébastien Demers…
- Jean Pascal face à Adrien Diaconnu était le premier GYM vs InterBox, les deux combats furent remportés par Jean Pascal…
- Je continue de croire que la boxe se porterait mieux si Adonis Stevenson avait offert des défenses à Eleider Alvarez et Jean Pascal…
- Je me demande encore aussi qui aurait gagné entre Marie-Eve Dicaire et Mary Spencer…
- Mick Gadbois méritait la victoire face à Jesus Singwancha au Métropolis, je ne changerai pas d’idée.
Photo: Vincent Ethier / EOTTM