J’ai eu la chance de vivre plusieurs championnats nationaux de boxe olympique, autant comme entraîneur que comme cutman (car il fut un temps où il n’y avait pas de casque lors de cette compétition).
Chaque fois, c’est la même chose : une vague d’émotions brutes qui vous traverse de part en part.
On pense aller là pour des combats, pour des résultats, pour des médailles… mais on y va surtout pour sentir cette énergie unique qui fait vibrer les athlètes, les coachs, les clubs, les familles, et tous ceux qui gravitent autour de notre sport.
Les championnats nationaux, c’est un mélange de tension, de dépassement, de fraternité et de moments qui marquent une carrière. C’est un endroit où tout peut basculer, pour le pire comme pour le meilleur, et où chaque round compte un peu plus que dans n’importe quelle autre arène de notre pays.
Winnipeg: théâtre d’un rendez-vous majeur
Cette année, c’est Winnipeg qui a accueilli ce grand rendez-vous, transformant le Manitoba en véritable cœur battant de la boxe canadienne. Pendant plusieurs jours, la majorité des meilleurs boxeurs et boxeuses du pays se sont affrontés dans un enchaînement de combats intenses répartis en huit catégories féminines et neuf masculines. Et comme toujours, le spectacle a été à la hauteur: du haut niveau, des affrontements serrés, des décisions qui ont arraché des soupirs, des KO qui ont secoué l’aréna et un esprit sportif qui rappelle pourquoi on est si profondément attachés à ce sport.
Québec vs Ontario: une rivalité qui propulse
Au sommet du classement national, les deux grandes puissances, le Québec et l’Ontario, ont encore une fois démontré leur domination. L’Ontario repart avec vingt-trois médailles, le Québec avec vingt-quatre. Une rivalité qui ne s’essouffle jamais et qui a l’étonnante capacité de faire progresser les deux provinces en parallèle, comme deux locomotives qui tirent tout le système canadien vers le haut.
Photo: Tammara Thibault / IG
Deux professionnelles aux championnats!
Un autre fait marquant de ces championnats est la présence de deux boxeuses professionnelles, un phénomène encore rare mais très révélateur de l’évolution de notre scène amateur. La Québécoise Tammara Thibault, double olympienne et ancienne championne mondiale amateur, a choisi de replonger dans le circuit olympique à 75 kg. À ses côtés, Nyousha Nakhjiri, ancienne membre de l’équipe nationale représentant la Colombie-Britannique, a combattu à 48 kg.
Leur expérience, leur maîtrise et leur calme sous pression ont dominé la compétition, et toutes deux ont remporté l’or. Leur participation prouve que le système olympique peut non seulement cohabiter avec le milieu professionnel, mais aussi en bénéficier.
Photo: Marie Al-Ahmadieh / IG
Les champions et championnes québécois
Chez les femmes:
-Marie Al-Ahmadieh (57 kg)
-Rachel Bourdon (65 kg)
-Maeva Montemiglio (70 kg)
-Tammara Thibault (75 kg)
Chez les hommes:
-Gabriel Aly-Labrie (65 kg)
-Vincent Santoriello (70 kg)
Un niveau qui se resserre et c’est ce qu’on veut!
Ce qui m’a particulièrement frappé cette année, c’est la réduction du fossé entre les champions établis et les aspirants. Dans les meilleures nations du monde, ce dynamisme est une réalité: deux ou trois équipes substitutives capables de rivaliser avec les titulaires, un environnement où personne ne peut se permettre de se reposer sur ses acquis.
Le Canada commence à sentir cette pression positive, et on voit déjà les fruits de cette évolution. Les jeunes arrivants sont plus affamés, mieux préparés. Les vétérans doivent constamment se réinventer. Cette tension saine, cette nécessité de performer à chaque instant, c’est exactement ce qui nous permettra de progresser à l’échelle internationale.
Photo: Vincent Santoriello / IG
Il ne faut pas les oublier!
Il faut aussi le rappeler: un événement d’une telle ampleur ne peut prendre vie sans une armée de bénévoles. Arbitres, juges, organisateurs, responsables du matériel, équipes médicales, chauffeurs, personnel des clubs, support logistique… toutes ces personnes donnent temps, énergie et passion pour que le spectacle puisse avoir lieu.
Ces championnats leur doivent énormément. Je tiens à lever mon chapeau à chacun d’eux. Sans leur dévouement, rien de tout cela ne pourrait exister.
À venir: les acteurs de la boxe canadienne prennent la parole
Dans les prochains jours, je prendrai le temps de recueillir les impressions de plusieurs acteurs importants de la scène de la boxe canadienne — entraîneurs, athlètes, dirigeants, bâtisseurs — pour revenir sur leur vision de ces championnats, leurs constats, leurs espoirs et leurs préoccupations.
Parce qu’au-delà des résultats, ce sont leurs voix, leurs regards et leurs expériences qui définissent réellement l’état et la direction de notre sport.
Un avenir qui frappe fort
Si je devais résumer ces championnats, je dirais ceci : la boxe canadienne continue d’avancer. Parfois lentement, parfois par bonds, mais depuis quelques années, dans la bonne direction! On a encore du chemin à faire, mais on a surtout ce plusieurs outils pour y arriver: du talent, de la passion, des structures qui mûrissent et un esprit de compétition qui s’affirme.
Et de mon côté, suite à ces championnats j’en ressors avec la même conviction : tant que des jeunes monteront dans ce ring avec le feu dans les yeux et tant que des entraîneurs se tueront à la tâche pour les pousser plus loin, la boxe canadienne aura un avenir. Un avenir solide, un avenir qui frappe fort, un avenir qui nous ressemble et qui nous rassemble.