Photos: Vincent Ethier – Christian Mbilli, dernier d’une longue lignée de Québécois et Québécoises ayant pris la route mondiale IBF.
Je discutais de boxe avec le toujours sympathique Richard L’Écuyer sur Facebook l’autre soir. C’est de bonne guerre, mais on est rarement d’accord. Encore là, on ne l’était pas plus. Spécialement lorsqu’il a dit que les combats éliminatoires n’étaient que de la «frime» qui n’apportait rien aux boxeurs…
Ici, il était question des négociations en cours entre Christian Mbilli et Kevin Sadjo pour un possible combat qui ferait du gagnant l’aspirant obligatoire IBF à William Scull.
En réponse à mon ami Richard, j’ai donc décidé d’en faire un texte. Inspiré de Jean-Luc Autret (souvenir de 12rounds.ca), c’est un texte super-long.
Car toutes ces recherches n’ont fait que valider mon point de vue. Depuis plus de 40 ans maintenant, l’IBF est la meilleure porte d’entrée du Québec vers le championnat mondial.
En attendant Mbilli, voici donc 20 autres exemples.
5 champions
Artur Beterbiev
C’est non seulement le meilleur boxeur de la liste, mais c’est aussi le meilleur exemple de tous. En avril 2015, le protégé de Marc Ramsay a d’abord remporté un combat éliminatoire au 2e rang de l’IBF face à l’ex-champion Gabriel Campillo.
Deux ans plus tard, pour le rang #1 – coup de théâtre – personne dans le top 15 mondial ne se manifeste pour affronter le futur roi Artur. Déterminé à faire respecter ses règles, l’IBF crée un nouveau top 15 et l’Allemand Enrico Koelling accepte de l’affronter.
Mais, dans les semaines suivantes – autre coup de théâtre – Andre Ward annonce sa retraite. Le choc Beterbiev-Koelling, de novembre 2017, devient donc un combat de championnat mondial vacant. Le reste appartient à l’histoire.
David Lemieux
Jermaine Taylor n’était pas surnommé ‘Bad Intentions’ pour rien. En 2015, l’enfant terrible de l’Arkansas est arrêté pour crimes violents et doit laisser son titre vacant. L’IBF appelle David Lemieux et Hassan Ndam pour procéder à la succession. Enfin, en juin 2015, le Québécois envoit le Français quatre fois au tapis et devient champion des poids moyens.
Lucian Bute
Comment oublier le «Tombeur».
En juin 2017, Lucian Bute devient aspirant obligatoire IBF en dominant Sakio Bika. Quatre mois plus tard, le Centre Bell vibre alors que le Roumain arrête et détrône Alejandro Berrio au 11e round.
Il défend ce titre à 9 reprises, de 2008 à 2011, l’échappant en 2012 face à Carl Froch. Dans un combat fort compétitif, il passe même bien près de le récupérer, en 2015, face à James DeGale.
Arturo Gatti
Malheureusement, je n’ai pas pu vivre les jours glorieux de ‘Thunder’ en temps réel. Mais quelle légende! Environ 5 ans avant ma naissance, Gatti remporte le titre mondial IBF des poids super-plumes face à Tracy Harris Patterson. Il le défend à trois reprises avant de devoir lui dire au revoir. Plus tard, environ 5 ans après ma naissance et deux catégories de poids plus haut, la légende remporte un second titre mondial.
Matthew Hilton
En 1983, la fédération du New Jersey voit le jour. En juin 1987, Matthew Hilton devient le 4e champion des poids super-mi-moyens de son histoire en détrônant Buster Drayton dans un combat d’anthologie de 15 rounds présenté au Forum. Il le défend aisément en octobre suivant, avant de le rendre à Robert Hines, en novembre 1988.
Un doublé
Marie-Eve Dicaire
Si ma mémoire est bonne, je ne crois pas qu’un combat éliminatoire était dans l’équation. Reste qu’il faut rendre à césar ce qui est à césar. La fierté de Saint-Eustache est non seulement la première Québécoise à avoir remporté un titre mondial, mais demeure la seule à ce jour à l’avoir fait à deux reprises. Les deux règnes de Dicaire, de 2018 à 2021 et de 2021 à 2022, impliquaient chaque fois le titre IBF.
10 aspirants
En plus des champions et de la championne, par moins de 10 aspirants ont obtenu leurs chances au sommet grâce à l’IBF.
Kim Clavel
En octobre 2023, l’ex-championne mondiale québécoise croyait bien en avoir fait assez pour détrôner la championne unifiée (WBO et IBF) des poids mouches Evelin Bermudez… mais non: défaite par décision partagée. Clavel avait le cœur brisé, Yvon était très fâché et les amateurs criaient tous au vol…
Mary Spencer
Après s’être incliné pour le titre IBO en décembre 2022, l’IBF offre à Mary Spencer la chance de se reprendre face à Femke Hermans en octobre 2023. Ce fut plus serré… mais le résultat fut le même. Heureusement, Spencer a persévéré et réussit à remporter un titre mondial (WBA) en septembre suivant.
Kevin Bizier
Un de mes préférés à l’époque! En novembre 2015, le québécois a surpris Fredrick Lawson dans un casino indien de Miami, brisant la mâchoire du Ghanéen pour ainsi l’arrêter au 10e round. En mars suivant, l’aspirant #1 IBF s’est toutefois avoué vaincu face au champion Kell Brook. La fierté de Saint-Émile, Québec, prit ensuite sa retraite.
Jo Jo Dan
En décembre 2014, c’est justement dans une guerre l’opposant à Kevin Bizier qu’il se mérite un combat de championnat du monde. Malheureusement, en mars 2015, Kell Brook brisa également son rêve en quelques rounds…
Dierry Jean
En mai 2013, Dierry Jean épate la galerie, à Miami. Le québécois surmonte une mauvaise coupure et arrête l’américain Cleotis Pendarvis* au 4e round. Il rentre au Québec en tant qu’aspirant #1 des poids légers. Mais, en janvier 2014, à Washington, ‘All In’ se rend à la limite sans toutefois repartir avec le titre de Lamont Peterson*.
*En rappel: relisez ce que son entraîneur, Mike Moffa, pensait de ces deux combats.
Arash Usmanee
Peut-être un peu plus méconnu du public québécois, le Montréalais d’origine afghane a d’abord échappé un combat éliminatoire IBF (#2) face à Rances Barthelemy, en janvier 2013. La décision fit polémique, si bien que, dans un rare moment mélangeant boxe et justice, Argenis Mendez offrît un combat de championnat du monde à Usmanee malgré tout. En août 2013, Mendez conserve cependant son titre via match nul, et le céda à Barthelemy dans les mois suivants.
Sebastien Demers
En mai 2007, après avoir vaincu l’aujourd’hui réputé entraîneur Ian MacKillop à deux reprises, Sebastien Demers obtient sa chance au titre mondial. Une fois en Allemagne, la fierté de Saint-Hyacinthe est attendue de pied ferme par un grand champion, alors qu’Arthur Abraham l’emporte en 3e round.
Herman Ngoudjo
De 2007 à 2018, la «Panthère noire» des super-légers s’est battu à 4 reprises : deux combats éliminatoires IBF et deux combats pour le titre mondial IBF. En 2017, Ngoudjo mérite sa chance face à Randall Bailey, mais s’incline – dans la controverse – face à Paul Malignaggi. En 2018, il s’offre une victoire face à Souleyman M’baye… mais s’incline devant Juan Urango pour le titre tout juste laissé vacant par ‘Magic Man’…
Leonard Dorin
Après avoir remporté premier un titre mondial WBA, Dorin est passé bien près de devenir champion IBF des poids légers face à Paul Spadafora, en mai 2003. La fierté de Pittsburgh s’en est toutefois sortie grâce à un match nul controversé… à Pittsburgh. Le «Lion» roumain obtient une dernière chance au titre face à Gatti l’année suivante, mais – sans succès – accrocha ensuite ses gants.
Eric Lucas
Jamais deux sans trois pour la légende québécoise! Entre sa première tentative et surtout la 3e remplie de succès, Lucas a affronté un Roy Jones Jr au sommet de son art, au Colisée de Jacksonville. En juin 1996, ‘RJJ’ l’emporte et défend son titre IBF des 168 lb en 11 rounds. Mais Lucas a ouvert les yeux de bien des Américains avec son cœur et son courage.
Près du but
Pour terminer avec les mentions honorables voici maintenant 4 boxeurs dont la route IBF s’est arrêtée au combat éliminatoire.
Jean Pascal
C’est presque fou de voir Artur Beterbiev au sommet de la planète boxe. Mais savez-vous ce qui est plus fou? Si Jean Pascal avait vaincu Michael ‘Diesel’ Eifert en mars 2023 – comme la plupart d’entre nous croyaient qu’il ferait – il serait techniquement en ligne pour affronter le gagnant de Beterbiev-Bivol 2. Mais non… Eifert l’a emporté.
Ghislain Maduma
SI PRÈS DU BUT! Maduma s’est rendu à Londres en mai 2014 pour un combat éliminatoire des poids super-légers face à Kevin Mitchell. Même chez l’ennemi, ‘Mani’ était en avance auprès des 3 juges après 10 rounds. Tragiquement, c’était un combat de 12 rounds et le Québécois fut arrêté au 11e. Pour ajouter l’insulte à l’injure, Mitchell n’avait précédemment pas respecté la clause de réhydratation de l’IBF. Alors au final, personne n’a obtenu de combat de championnat du monde grâce à ça…
Hercules Kyvalos
Enfin, malgré une défaite en 2 rounds face au champion WBO des 147 lb Antonio Margarito, le Lavallois Kyvalos obtenu un combat éliminatoire IBF huit mois plus tard face à Cosme Rivera. Malheureusement, même résultat, mais cette fois en 4 rounds.
Bonus
Adonis Stevenson
Un cas unique et à part ici. En octobre 2012, Adonis Stevenson remporte un combat éliminatoire en tapant sur le vaillant Donovan George pendant presque 12 rounds. Aspirant obligatoire à Carl Froch, Stevenson ne combat finalement jamais pour le titre IBF des 168 lb…
Dans les mois suivants, Jean Pascal se retire d’un possible combat revanche face à Chad Dawson au profit d’un duel tant attendu duel face à Lucian Bute. Avec une 2e carte dans son jeu, Yvon Michel envoie plutôt Stevenson en championnat mondial des 175 lb face à Dawson. En plein week-end du Grand Prix, ‘Superman’ terrasse ‘Bad Chad’ et ne redescend ensuite plus jamais à 168 lb.
VOILÀ. J’espère n’avoir oublié personne. De toute façon, plus de 20 boxeurs et 1 500 mots c’est déjà bien assez pour cette semaine. Merci à tous qui se rendront jusqu’au bout de cette page d’histoire.