Photo : Vincent Ethier – Advenant une victoire à son prochain duel, c’est avec le titre de championne du monde à la taille que Vanessa Lepage-Joanisse aura le bras vers le ciel.
Vanessa Lepage-Joanisse (6-1, 2 K.-O.) sera de retour en championnat du monde, le 7 mars prochain. C’est au Casino de Montréal, face à Abril Vidal (10-1, 4 K.-O.), que la Québécoise tentera de « boucler la boucle » en remportant l’illustre titre WBC, cette ceinture verte qui lui avait échappé, sept ans plus tôt.
« Quand je l’ai appris, écoute, j’ai vécu toute la gamme d’émotions : je sautais de joie, j’avais les larmes aux yeux et les mains qui tremblaient », confie la fierté de Saint-André-Avellin, elle qui avait la lourde tâche de garder le secret pendant près d’une semaine, le temps d’officialiser le duel prévu pour 10 rounds, à 175 livres.
« Je savais que c’était la prochaine étape, mais la WBC, c’est encore plus significatif pour moi, avec tout ce que j’ai vécu. Je me suis dit ‘hey, j’ai enfin ma deuxième chance’ et c’est comme si d’un coup, j’avais revu toutes les épreuves traversées et tous les sacrifices effectués depuis 2017. »
Un cliché hors norme
Quand on la regarde en surface, l’histoire de la Québécoise semble être le plus vieux cliché du sport. Celui de l’athlète qui est tombé, n’a jamais abandonné, et s’est relevé. Néanmoins, en regardant de plus près, bonne chance pour trouver un comparable.
En 2017, à son premier rodéo WBC, elle subit une dure défaite face à la controversée Alejandra Jiménez. Dès lors, le ciel lui tombe sur la tête : commotion cérébrale, accident de voiture, dépression et prise de poids. Mais après la pluie vient le beau temps : nouvelle amie, nouveau conjoint, le feu qui renaît, la boxe qui revient, d’abord au gym, ensuite dans le ring, le 23 mars 2023. Cette histoire a déjà été racontée, on vous réfère au documentaire Punching Grace « Vany », par Julie Bertrand, qui raconte cinq ans de montagnes russes en 20 minutes. Prêchant pour notre paroisse on vous dit « #MustWach », pour citer le vieil adage promo’ de Camille Estephan.
Mais bref, ce récit appartient à l’histoire, celle de ce texte au futur, alors on s’en remet à la boule de cristal de l’athlète des Outaouais pour nous le prédire : « le 7 mars, il n’est pas question que la ceinture sorte du Québec, je vais l’avoir, c’est garanti! »
Plus outillée que jamais
La représentante du Club de boxe BG de Buckingham s’est donc entourée d’une équipe à la hauteur de ses promesses. Au sommet de la liste : son entraîneur de longue date, Stéphane Joanisse, avec qui elle partage un nom, mais aucun lien de parenté, n’hésitant tout de même pas à le considérer comme un « deuxième papa ».
Veillez ajouter l’une des plus récentes additions aux rangs de la « Team Vany », soit son préparateur physique, Kristof Robert, grâce à qui elle compte respecter sans peine la limite de 175 livres, sa plus stricte en carrière. Autre territoire inexploré : la frontière nord du 6e round, mais ses incalculables heures de sparring avec Mary Spencer et Marie-Pier Houle, personne ne s’inquiète d’avoir à se rendre à 10, bien au contraire.
« Je suis le genre de fille dont le rythme augmente à chaque round. Même que souvent, je me choque à me dire qu’avec un round de plus, j’aurai pu arrêter mon adversaire », raconte celle qui compte imposer son rythme face à Abril, la championne d’Amérique du Sud qui en sera également à sa deuxième chance au niveau mondial. Elle qui s’était inclinée dans un combat fort compétitif face à Hanna Gabriels, en 2019.
« Les gens en auront pour leur argent. Le plan c’est de mettre la pression et de l’épuiser jusqu’à ce que le train lui tombe dessus », énonce la Québécoise sans détour.
La route gagnante?
C’est fou quand même. Dans un ring, d’être littéralement une locomotive de combat, et en dehors, d’être quelqu’un que ma sœur décrirait sans doute comme étant « TELLEMENT sweet ». Pourtant, rien ne représente mieux Vanessa Lepage-Joanisse, aspirante mondiale et éducatrice en centre de la petite enfance. Celle qui rêve à la fois d’une vie de championne et d’une vie de famille, étant prête à faire trois heures de voiture chaque jour, de Mont-Laurier à Buckingham, pour y arriver.
« Ce n’est pas comme si on était juste deux et qu’on pouvait déménager juste comme ça non plus, il y a aussi un coco dans l’équation, alors pour moi, c’est vraiment correct, ça fait partie de mon rêve et de la vie que je veux », témoigne la souriante pugiliste, en faisant référence à son conjoint et son jeune fils, eux qui l’ont accueilli à bras ouverts, dans les Laurentides, lorsque même son sport semblait lui tourner dos.
Et puis, réellement, ce trajet semble être un investissement plutôt payant. Dans le gymnase, les résultats sont là et en dehors, conjoint et « coco » lui offre un support inconditionnel. Avec ces deux éléments réunis et reliés par la route 309, un chemin bien plus grand s’ouvre à « Vany », celui vers le sommet, destination qu’elle souhaitera enfin atteindre, au soir du 7 mars.