Photo : Vincent Ethier – Jessy Ross Thompson, qu’on a auparavant vu dans le coin d’Avery Martin-Duval, Mohamed Soumaoro, Thomas Chabot, Simon Kean, (ici) Artur Ziyatdinov et plusieurs autres, poursuit maintenant son ascension aux États-Unis.
Jessy Ross Thompson a gravi les échelons de la boxe québécoise en étant l’homme de tous les défis. C’est d’ailleurs cette même soif de défis qui l’a récemment amené à partir s’installer à St Petersburg, Floride, pour poursuivre sa carrière d’entraîneur.
« C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, que j’ai toujours su que j’allais faire. Je sentais juste que maintenant, le moment était venu », explique celui qui a rendu le tout officiel, en mars 2024, mettant sa maison de banlieue Montréalaise en location pour s’installer sur la côte sud-est américaine avec sa femme et ses trois enfants.
« Ça ne veut pas dire que ce qu’on fait au Canada n’est pas bon, surtout à Montréal. Même que ça aurait été vraiment facile de rester ici, vivre dans ma belle maison et mon gym où j’ai une trentaine de clients. Mais aux États-Unis, le bassin de boxeurs et d’opportunité est beaucoup plus grands, alors pour moi, c’était un no-brainer pour ne pas attendre et stagner dans le coaching », développe l’homme de coin qui travaillait déjà là-bas sporadiquement depuis 2020-2021.
Maintenant à temps plein, il travaille avec l’entraîneur Rick Carorongan, notamment dans le coin de l’aspirant au titre mondial ‘Hot Rod’ Radivoje Kalajdzic (29-2, 21 K.-O.). L’américain d’origine serbes vient même d’obtenir sa plus grande victoire en carrière, le 13 mars, en arrêtant Sullivan Barrera au 10e round. C’était son 5e gain consécutif depuis un revers de 2019 des mains d’Artur Beterbiev. Autre nom à retenir : Damazion Vanhouter (5-0, 3 K.-O.), semblant voué à un brillant avenir à 175 livres…
« Né pour la boxe »
Pour souder les bases de cette importante étape, l’entraîneur dans la jeune trentaine a fait ses classes au Québec, et ce, depuis justement près d’une trentaine d’année.
« Tu vas interviewer beaucoup de monde qui vont te dire que le sport les a trouvés, qu’ils sont entrés dans un gym et tombé en amour avec la boxe. Moi, c’est un peu différent, c’est comme si j’étais né pour la boxe, tout ma vie, ma jeunesse, mon cheminement, m’ont amené à la boxe », explique Jessy Ross, dont Neil, son père, l’a amené au gymnase du légendaire Russ Amber dès ses sept ans.
En parallèle, de 5 à 23 ans, il pratiqua également football, à la toute fin pour les Stingers de l’Université de Concordia où il étudiait notamment le conditionnement physique. Dans un discours similaire à celui de son confrère entraîneur Samuel Décarie-Drolet, ses études avait pour but premier de parfaire son bagage de boxe et donc sa quête première et toujours actuelle « aller chercher le meilleur des gens ».
À ce chapitre, c’est un naturel.
Faites le test et parler lui pendant une heure. La discussion aura l’air anodine, mais tout de suite après l’entrevue, vous aurez mystérieusement envie d’aller courir 10 kilomètres en pleine tempête…
Les III commandements
Il n’y a pas recette miracle pour être un bon entraîneur. C’est plutôt l’inverse, car la force d’un grand homme de coin réside sur sa capacité à s’adapter à chaque athlète.
Toutefois, de tout ce que Jessy Ross Thompson a appris, entre autres après de Russ Amber, trois grandes assises ressortent.
Technique : « c’est la mécanique de la boxe : comment tourner un poing, comment snapper un coup, comment se fait le transfert de poids, où tes mains doivent être placer […]. C’est quasiment un art pour moi. Je suis très perfectionniste sur la propreté de la boxe et non juste de se battre. »
Flying-coaching : « parce que coacher, ce n’est pas juste d’appliquer un textbook dans le gym, c’est d’être capable de penser dans le moment. À Montréal, Marc Ramsay, c’est une de ses grosses forces d’être capable de savoir quoi ajuster en 50 secondes. C’est aussi vrai dans n’importe quelle situation : tu es dans la cuisine, le feu est chaud et tu dois prendre une décision. Sauras-tu prendre le contrôle du moment? »
Professionnalisme : « L’autre élément que j’ai beaucoup appris de Russ, c’est de se pousser dans la boxe. Pas juste d’être un coach, mais d’être cutman, d’aller au micro, de partir ta compagnie… et dans tout ce que tu fais, d’être un professionnel qui protège et respecte son boxeur autant que tu respectes la boxe », affirme-t-il, en ajoutant.
« Ce n’est pas un sport facile, c’est même très dangereux, alors tu ne peux pas te permettre de tourner les coins ronds. »
Quelques exemples?
« Quand on parle de travail, de professionnalisme et respect du sport : Lucian Bute c’est un bon exemple, autant sur le ring qu’en dehors. En termes de courage et même athlétisme : Jean Pascal. Pure technique? Artur Ziyatdinov est vraiment technicien. Même, Avery Martin-Duval, quand il en ligne son mental, c’est un des boxeurs les plus complet avec qui j’ai travaillé. Et puis, David Lemieux, c’est surement celui qui cognait le plus », énumère-t-il.
Et pour l’avenir?
Deux noms s’ajoutent à la liste lorsqu’on lui demande qui seront les prochains boxeurs établit au Québec à devenir champion du monde.
« Pour moi, c’est vraiment juste Jhon Orobio et Christian Mbilli. »
« Orobio a tellement d’outils pour réussir et Mbilli, c’est vraiment un animal. Certains disent que ça pourrait être compliqué pour lui contre certains gars, mais je pense qu’en général, ça va être pas mal plus compliqué pour les autres que pour lui. »
Pour ce qui est de son propre avenir québécois, Jessy Ross Thompson, affirme qu’avec son visa et ses enfants d’inscrit à l’école, il est en Floride pour au moins quelques années. D’ici-là, sa porte restera toutefois ouverte à ses compatriotes.
« Jan Michel-Poulin est venu [en prévision de son combat du 23 mars] et si d’autres veulent expérimenter quelques choses de différent, ils seront toujours les bienvenus », achève le québécois, vivant un rêve américain éveillé, sous le soleil du Sunshine State.
La série complète
Homme de coin, partie I : les 12 travaux de Marc Ramsay
Homme de coin, partie II : la méthode «Mike Moffa»
Homme de coin, partie III : Samuel Décarie-Drolet, l’enseignant de boxe