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Homme de coin, partie I : les 12 travaux de Marc Ramsay

Noé Cloutier - Punching Grace

Photo : Vincent Ethier – Marc Ramsay, actuel entraîneur d’Artur Beterbiev, Christian Mbilli, Erik Bazinyan, Arslanbek Makhmudov, Mehmet Unal, Jhon Orobio et Moreno Fendero.

Punching Grace se lance dans une série d’entrevues mettant en lumière le passé, présent et futur de quelques-uns des entraîneurs les plus éminents de la boxe québécoise. Pour ouvrir le bal, il était donc difficile de ne pas débuter avec le plus accompli d’entre eux, au Québec, comme à l’international : Marc Ramsay.

L’homme de coin est toujours dans l’ombre du boxeur, mais comme Marc Ramsay a travaillé avec certains des meilleurs d’entre eux, il est sorti de l’ombre il y a bien longtemps.

L’histoire du propriétaire de l’Académie de Boxe Ramsay a donc été amplement racontée. L’adolescent d’Abitibi qui souhaitait devenir plus fort au hockey, entrant dans un gym de boxe pour en quelque sorte ne jamais en ressortir. Ce même adolescent, devenant un homme qui, rapidement, abandonna le hockey pour la boxe et ensuite les gants pour le coaching, toujours en quête d’un avenir meilleur. Une fois sa voie trouvée, il gravit les échelons, un à un, de l’équipe nationale amateur jusqu’aux rangs professionnels. De là, il guida Jean Pascal du début jusqu’au triomphe, amenant par la suite également David Lemieux, Eleider Alvarez, Oscar Rivas et, encore à ce jour, Artur Beterbiev en terres promises. Bref, une histoire de réussite, de long en large.

Mais, pour ne pas être redondant, ici, on parlera davantage de ce qui garde l’homme motivé, après tous ces triomphes.

« La première chose, c’est l’amour du sport », lance-t-il d’entrée de jeu, parlant d’une quête de victoire « jamais assouvie », quête perpétuelle partagée avec ses athlètes.

Le deuxième chapeau

Et pour ce qui est de la deuxième chose? Et bien malgré son amour du noble art, comme n’importe quel être humain oeuvrant dans pratiquement n’importe quel domaine, un temps arriva où Ramsay sentait qu’il avait toutefois besoin d’un nouveau défi. En automne 2021, celui-ci arriva, alors qu’on le nomma entraîneur principal et directeur du développement d’Eye of the Tiger.

« C’est motivant, parce que ce n’est pas juste de travailler avec ma petite équipe, c’est développer une grosse équipe », raconte-t-il, œuvrant dans toutes les sphères de la pyramide : recrutement, entraînement, matchmaking et toutes les négociations qui viennent avec. À cela s’ajoute de faire un suivi du travail de ses confrères entraîneurs pour s’assurer qu’aucun tigre ne manque de rien, amenant idéalement certains d’entre eux au sommet…

« On ne se le cachera pas, ils ne deviendront pas tous champions du monde, c’est impossible ça. Mais là-dedans, il va y avoir », vient-il assurer.

« Rouler ses affaires »

Sans aucun doute, ça lui fait des journées bien remplies. Prenez cette semaine, celle du 12 février en exemple. À la table de négociations, avec Camille Estephan et Antonin Décarie, Arthur Biyarslanov et Samil Khataev ont été mis sous contrat.

Pendant ce temps, à l’Académie de Boxe Ramsay, cette fois avec Samuel Décarie-Drolet et Luc-Vincent Ouellet, la préparation se poursuivait pour Unal, Orobio et Fendero en vue de leur combat respectif du 7 mars. On pense aussi à Mbilli et Makhmudov qui sont de retour à l’entraînement. Bazinyan, actuellement en vacances en Italie, ne devrait pas non plus tarder, tout comme Beterbiev qui reviendra de Russie, une fois le ramadan complété, pour se préparer au tant attendu duel qui l’opposera à Bivol, le 1er juin prochain.

Heureusement, Marc Ramsay semble être bon à Tetris.

« C’est un défi, ça l’a toujours été. Ça fait des années que ça roule. Il faut savoir que pour gagner sa vie en boxe professionnelle, tu dois être capable de faire rouler tes affaires sur plusieurs côtés. Tu ne peux pas gagner ta vie avec un seul individu et il y a aussi une limite à diluer ton travail avec plusieurs boxeurs, c’est pour ça que je me suis bien entouré dans les dernières années. »

Choisir ses combats

« J’aime ce sport-là », nous dit un homme qui n’a pas l’intention d’arrêter.

Néanmoins, à 51 ans, il ne cache pas que les jours où il avait une quinzaine d’athlètes sous sa gouverne sont révolus. Au-delà de souffler un peu, se concentrer sur un plus petit nombre d’athlètes, comme ses sept actuels, lui permettra ainsi de chapeauter davantage l’écurie en pleine expansion qu’est celle d’EOTTM. Une expansion qui, selon lui, pourra ensuite se traduire à travers toute la boxe québécoise

« On l’a vu dernièrement, oui avec le combat d’Artur, mais aussi avec tout ce qu’il y a autour ; la visibilité que ça apporte pour des gars comme Christian Mbilli, d’amener 10 000 personnes à l’aréna, mais aussi des gens comme Eddie Hearn, Bob Arum et de ESPN qui passe la semaine ici, avec Camille et Antonin, en parlant d’autres combats à faire. »

« D’autres combats », car ça demeure ça la mentalité Ramsay, que son plus grand combat en carrière n’est pas encore eu lieu…

Les grands moments

Son entrée dans les ligues majeures? « Au Centre Bell, la première fois que j’étais dans le coin d’un combat annoncé par Michael Buffer. Je ne me rappelle même pas de c’était quel combat honnêtement, mais je me rappelle qu’en l’entendant, je me suis senti derrière au lieu de devant la télévision pour la première fois. ».

Un combat qu’il regrette? « Pascal contre Hopkins. On avait pris l’avance et on a laissé le combat nous échapper. Jean avait sa part de responsabilité, mais dans son coin nous aussi. »

Sa plus grande victoire? « Celles en championnat du monde, n’importe laquelle ».

Son combat le plus stressant? « Les débuts professionnels de Jean Pascal. Le Club Soda était rempli, les gens en parlaient beaucoup et je te dirais qu’à l’époque j’avais moins d’expérience avec tout ça, mais aussi avec le risque réel que représentait l’adversaire ».

Le combat dont il est le plus fier? « Eleider Alvarez contre Kovalev. C’est une chose de gagner un combat quand on est favori ou que c’est serré, mais là, c’était autre chose. On a fait un plan qu’on a travaillé dans le gymnase durant tout le camp d’entraînement, ça aurait pu ne pas marcher, mais ce soir-là, ç’a fonctionné ».

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