Photos : Denis Germain & Vincent Ethier.
Née à Cape Croker en Ontario, Mary Spencer est une fière représentante de la nation Ojibway. Ils sont plus de 160 000 au Canada, les plus nombreux après la nation cris. Mary parle Anishinaabemowin, mais aussi français et anglais. C’est une grande Canadienne qui a beaucoup fait pour sa communauté et le sport au Canada. Elle a remporté trois championnats du monde amateurs, devenant ainsi une pionnière de la boxe féminine au Canada. Cependant, Mary Spencer aspire à ajouter un titre mondial chez les professionnels à ses trois médailles d’or…
Le chemin de la dernière chance commence face à Sonya Dreilling (6-3, 2 K.-O.). Mary Spencer (7-2, 5 K.-O.) n’a pas bien pris sa deuxième défaite face à Femke Hermans. Pas question de s’apitoyer sur son sort ou d’abandonner. Elle est rapidement retournée au gymnase pour travailler avec Samuel Décarie-Drolet. La boxe féminine diffère de la boxe masculine, et le deux minutes n’est pas la principale différence.
La culture du zéro est moins présente chez les femmes. Elles nous offrent les meilleurs combats à répétition et se cachent moins que nous, les hommes, derrière l’obligation de se monter une fiche. Les chances de devenir championne du monde arrivent rapidement et souvent.
Des exemples frappants
La meilleure boxeuse de l’histoire canadienne est Jelena Mrdjenovich, qui cumule une fiche de 42-12-2. Miyo Yoshida est devenue championne de la IBF, sa fiche est de 17-4. Jessica McCaskill, qui a détenu toutes les ceintures, se promène avec une fiche de 12-3-1.
La boxe féminine, c’est l’UFC, on ne s’en fait pas trop avec les fiches. Les meilleures contre les meilleures et pas de culture du zéro. Les histoires de promoteur ou de réseau de télévision n’ont pas encore frappé du côté féminin et c’est tant mieux. C’est dans cet état d’esprit que Mary Spencer remonte sur le ring face à Sonya Dreilling, le 25 janvier prochain. J’adore Mary Spencer, pour moi c’est une grande Canadienne. Que ce soient ses trois championnats du monde amateurs, son implication contre la conduite en état d’ébriété et son métier d’enseignante. Elle a également été choisie comme ambassadrice CoverGirl pour l’année 2012 par Proctor & Gamble, rejoignant Drew Barrymore et Taylor Swift. Le magazine Châtelaine lui a consacré un article en 2016. J’oserais même dire que Spencer est très populaire dans le Canada anglais.
Son adversaire est donc Sonya Dreilling, de l’Alabama, qui évolue entre la boxe et les poings nus. À 33 ans, c’est une entraîneuse privée, une coach de yoga et de méditation. Elle s’est fait un nom en battant celle qui était aspirante au titre de Marie-Eve Dicaire, Chevelle Hallback.
« Dreiling est une petite droitière qui pratique la boxe et la boxe à mains nues en parallèle. C’est une fille qui n’a jamais protégé sa fiche. Elle se déplace bien, mais elle n’a pas beaucoup de vitesse. Ce n’est pas quelqu’un qui échange coup pour coup et elle aime boxer à distance et travailler en explosion », décrivait Marie-Ève Albert du podcast 120 secondes.
Jamais deux sans trois
J’ai regardé le combat de championnat du monde entre Ema Kozin et Hannah Rankin et je ne vois aucune de ces deux femmes causer le moindre problème à Spencer. Cecilia Braekhus non plus ne résisterait pas sous les frappes de notre boxeuse. Les trilogies sont à la mode, Femke Hermans ne voit pas d’intérêt à revenir ici au Québec face à Mary Spencer, sauf si plusieurs titres sont en jeu… et c’est peut-être là le plan : aller chercher un titre tôt en 2024 pour tenter le tout pour le tout dans un troisième combat avec Femke Hermans. Je crois aux compétences et au génie de Samuel Décarie-Drolet pour trouver une solution à ce problème venu de Belgique.
Rumeur : selon mes sources, si tout va bien, nous reverrons Mary Spencer sur le ring dès le 7 mars prochain. L’expression dit « jamais deux sans trois », en anglais ‘third Time is a charm’. Si je traduis tout en langage de boxe, Mary Spencer sera championne du monde en 2024.