Photo: Vincent Ethier – Anecdote : en raison de ses origines, Mehmet Unal était surnommé ‘Le Dernier Ottaman’ chez les amateurs.
En 2021, lorsque EOTTM a signé Mehmet Unal, j’étais vraiment curieux. Son parcours était tout sauf habituel : âgé de 28 ans, après une carrière en kick-boxing, il s’est rendu aux Olympiques de Rio un peu sous le radar et je me demandais ce que Marc Ramsay pouvait bien lui trouver.
Jusqu’à maintenant, sa jeune carrière pro’ semble donner raison à Ramsay, mais Unal passe encore un peu sous le radar à mon goût. J’arrive donc à la rescousse pour vous offrir mon analyse d’expert clé en main. Par extension, j’ai donc fait de lui mon prospect du mois d’octobre.
Pourquoi l’avoir signé?
Ma première hypothèse : Unal doit être une force brute, doté d’une puissance de frappe impressionnante et d’une mâchoire capable de résister aux coups, ayant littéralement déjà affronté des coups des pieds au visage.
En cherchant son palmarès amateur, j’ai découvert une centaine de combats, une qualification aux Jeux olympiques, et des victoires sur des noms comme Oleksandr Khyzhniak, Keno Machado et Loren Alfonso.
Unal nous provient d’Adana, la 5e ville la plus peuplée de Turquie. Certains la surnomment même la ‘Miami de l’Europe’ en raison de son climat chaud et de son ambiance festive. Ce n’est pas exactement la capitale mondiale des sports de combat et c’est peut-être un peu pour ça que son style de boxeur est aussi singulier que son lieu d’origine.
Le 27 août 2021
Cette date est marquante : c’est le jour où j’ai inscrit Mehmet Unal sur ma liste de boxeurs à surveiller. Ce soir-là, à Cuernavaca, au Mexique, il a battu Jair Sena de manière expéditive, le même adversaire qui avait tenu la distance avec Lexson Mathieu, Wilfried Seyi et Simon-Pierre Adde. Amateur des ‘règles de trois’, je me suis alors engagé à suivre la progression de la carrière de Mehmet Unal.
Depuis, il a offert plusieurs performances impressionnantes. Sa victoire rapide sur Dragan Lepei a surpassé celle de William Scull, actuel champion IBF. De même, il a balayé Rodolfo Gomez en quatre rounds, alors que Gomez avait tenu la distance face à Diego Pacheco, Lester Martinez et Ahmed Elbiali.
Aujourd’hui, Unal affiche une fiche de (11-0, 9 K.-O.), à une victoire près de figurer dans les classements, où Boxrec le place déjà 30e dans la catégorie des 175 livres.
Bien entouré
Le Québec est un environnement idéal pour développer son talent. Il peut s’entraîner aux côtés de Christian Mbilli, Erik Bazinyan et Artur Beterbiev. Physiquement très fort, Unal aime mettre la pression et terminer ses adversaires avec des crochets et des uppercuts.
«Mehmet surprenait toujours un peu tout le monde en battant des têtes d’affiche lors de compétitions amateurs. Il n’a pas un style classique ; il est imprévisible, souvent hors-tempo et difficile à lire. À 28 ans, son expérience nous permet d’avancer rapidement avec lui», nous dit l’entraîneur adjoint d’Unal, Samuel Décarie-Drolet.
Marc Ramsay, de son côté, souligne qu’il a immédiatement voulu le signer après avoir visionné sa victoire contre le médaillé olympique Loren Alfonso.
«Il a le cœur d’un boxeur professionnel, c’est un vrai combattant.»
Pour dresser un portrait complet, on pourrait relever que, bien qu’il soit une brute dans le ring, Unal peut paraître rigide. Il devra apprendre à gérer son énergie, travailler derrière son jab, et parfois viser les décisions unanimes, car les K.-O. ne seront pas toujours garantis face à une opposition de plus haut niveau.
Préparer l’après-Artur
Je dois l’admettre, j’ai une affection particulière pour ce type de boxeurs, souvent sous-estimés ou relégués au second plan. Dans la même division et toujours chez EOTTM, Albert Ramirez est déjà classé dans le top 5, avec une chance de titre en vue, tandis qu’Imam Khataev est pressenti pour succéder à Artur Beterbiev.
En attendant, Mehmet Unal continue de surmonter chaque défi qu’on lui propose.
Je suis persuadé que Marc Ramsay et Camille Estephan ont un lieu secret où sont affichés tous les plans et stratégies d’EOTTM. Il est probable qu’ils anticipent déjà le moment où Artur Beterbiev rendra ses titres et prendra sa retraite. Leur objectif semble clair : offrir à Albert Ramirez, Mehmet Unal et Imam Khataev une chance pour un titre vacant.
Un défi de taille pour Marc Ramsay, mais un problème agréable à gérer.